José Asens Giol
José Asens Giol était au moment du coup d’État franquiste, le secrétaire de la FL-CNT de Barcelone et membre du Comité régional catalan. Le 17 juillet 1936, au nom de la FL et du CR, il avait fait partie avec B. Durruti de la délégation qui s’était rendu au siège de la Généralité pour y réclamer en vain la distribution d’armes. Le 21 juilet, lors du plenum régional qui suivit l’écrasement des militaires insurgés, il fut nommé avec Durruti et J. Garcia Oliver domme délégué de la CNT au Comité central des milices antifascistes. Puis il fut le secréraire du Comité central des patrouilles de contrôle de Barcelone et dont il fut l’organisateur avec A. Fernandez.
Plaque des patrouilles de contrôle
José Asens Giol, en septembre 1936, fut envoyé en France et en Suisse, muni de 500.000 pesetas, pour y acheter des armes par l’intermédiaire d’un réseau monté par Lucien Tronchet et Edmond Déturche. Le 30 septembre, la voiture à bord de laquelle le 28 il était entré en Suisse par le poste de Saint-Genis avec Ramon Mateo Chavanel, Francisco Barcena Martin, José Marin Gomez et Eugenio Gonzalez Andrei, était victime d’un accident dans lequel tous les occupants, à l’exception d’Asens, étaient grièvement blessés. Asens était arrêté le lendemain à Neuchâtel avec l’espagnol Esper, le français Fernand-Robert Bigaill et le suisse Léon Aubry, un électricien âgé de 34 ans.
Selon le journal suisse L’Impartial , Asens avait été arrêté à Neuchâtel avec ses camarades, alors qu’il allait visiter à l’hôpital des compagnons qui, à bord d’un taxi chargé d’armes et conduit par Armand Groux, avait été pris sous le feu d’un barrage de gendarmes français près d’Aix-les-Bains.
Au bout de 19 jours de détention il fut remis en liberté avec ses compagnons et, après divers séjours à Ambilly (Annemasse) et un détour par Bruxelles (septembre 1937) regagna Barcelone. Lors du procès tenu à Neuchâtel vers février 1937, il avait donné plein pouvoir à Lucien Tronchet pour solutionner et régler les amendes et les frais du procès. Une partie du stock d’armes sera livré en Espagne d’octobre 1936 à janvier 1937 par Edmond Deturche et le reste sera caché dans la ferme de Déturche près d’Anemasse.
En octobre 1937 il avait été signalé par la police comme venant de Bruxelles et résidant à l’hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie à Paris.
Le 2 avril 1938, lors de la création à Barcelone du Comité exécutif du Mouvement libertaire, il y fut nommé comme représentant de la CNT. A cette même époque il fit de nouveau un voyage à Amilly près d’Anemasse avec Conrado Guardiola et Mario Gallud. Plusieurs membres du réseau dont Guardiola en juin, puis Déturche en juillet 1938 furent arrêtés dans cette affaire de trafic d’armes.
Passé en France lors de la Retirada, José Asens Giol était dès le 17 février 1939 d’un avis de recherhche de la police qui pensait qu’il pouvait se trouver à Perpignan ou à Toulouse. Il avait semble-t-il, été arrêté à Paris où il rcherchait sa famille dispersée. Transféré à Villeneuve-sur-Lot, il fut ensuite interné au camp du Vernet d’Ariège du 13 décembre 1939 au 11 ocobre 1941. où il fut envoyé dans une compagnie de travailleurs étrangers pour travailler au barrage de l’Aigle dans le Cantal. C’est là qu’avec un noyau de compagnons, dont J. Berruezo et José German, il participa à la réorganisation clandestine de la CNT pendant l’occupation. En novembre 1941 il était membre du Comité de relations de la CNT du barrage. Lors du plenum clandestin tenu à Mauriac en juin 1943, il fut nommé comme secrétaire du comité de relations du MLE en exil dont les autres membres étaient J. Berruezo et J. German. Son fils José Asens Valera était l’un des 75 espagnols intégré dans une compagnie du Bataillon Didier au barrage de l’aigle (voir Juan Montoliu del Campo )
José AsensGuiol était marié avec Amelia Valera Lozano (née à Origuela le 16 février 1902, déédée le 15 octobre 1991) avec laquelle il eut quatre enfants :José, Conchita, Rosita et James [Jacques].
José Asens Giol
Á la Libération il militait à la Fl-CNT d’Aynes. Après la scission en 1945 du mouvement libertaire espagnol, il adhéra à la tendance dite collaborationiste. Au début des années 1970, il était membre à Seynod (Haute-Savoie) des Agrupaciónes confederales qui éditaient le mensuel Frente Libertario (Paris).
José Asens Guiol est mort le 4 juin 1985 à Annecy et a été inhumé à Seynod.
P.S. : Sources : M. Iñiguez « Enciclopedia… », op. cit.// J. Berruezo « Contribucion a la historia… », op. cit.// Notes de Phil Casoar// Les républicains espagnols de l’Aigle in Site Xaintrie Passions // L’Impartial , 3 octobre 1936 // Informations transmises par la famille (juillet 2020) // Arch. Nat. F7/ 14720 //
Bibliogr. : Josep Asens & Agustin Guillamon "Anarquistas y orden publico, Josep Asens y las patrullas de contril " (Ed Descontrol, Barcelona, 2025) :
Anarquistas y Orden público. Josep Asens y las Patrullas de Control. Auteurs : Josep Asens et Agustín Guillamón.
Publié par les Éditions Descontrol (Barcelone, 2025)
Texte de la présentation du livre le 25 mars 2025 à la Bibliothèque Publique Arús (Barcelone)
Le 19 et 20 juillet 1936 Buenaventura Durruti, Francisco Ascaso, Josep Asens et García Oliver ont formé le Comité Révolutionnaire qui a coordonné à Barcelone l’insurrection des comités de défense et des syndicats contre le soulèvement militaire et fasciste.
Josep Asens Giol (1900-1985) fût secrétaire de la Fédération Locale de Syndicats Uniques de Barcelone depuis 1935, fût membre fondateur du Comité de Milices Antifascistes (CCMA) en juillet 1936 et Chef d’Opérations des Patrouilles de Contrôle de Barcelone (1936-1937).
Le livre présente en premier lieu, l’autobiographie de Josep Asens, non achevée puisqu’elle finit en octobre 1936. Cette autobiographie apparait avec de nombreuses annotations au pied de page qui sont miennes, avec l’objectif de la situer dans son contexte historique et en rendre plus facile sa lecture.
Ce texte autobiographique est complété par le texte historique duquel je suis l’auteur, qui reprend la biographie d’Asens là où il l’a laissée. Ce texte comprend donc la période d’octobre 1936 jusqu’au premières années de son exil français, en 1939 et 1940.
La famille Assens raconte, dans un texte bref, les expériences de l’exil français de Josep Asens Giol depuis 1940 jusqu’à son décès en 1985.
Asens fût un des cinq anarcho-syndicalistes qui le 20 juillet 1936 a rencontré le président de la Generalitat, Lluís Companys : les autres quatre étaient Durruti, García Oliver, Aurelio Fernández et Santillán.
C’était une anomalie historiographique et éditoriale qu’il n’existait pas encore la biographie d’un militant cénétiste (militant de la CNT) aussi remarquable que Josep Asens Giol.
Descontrol rempli, en fin, ce vide en 2025, en publiant la biographie complète d’un des principaux leaders de la révolution libertaire de 1936 à Barcelone.
En tant que Chef d’Opérations des Patrouilles de Control du CCMA, Josep Asens a été un des cénétistes les plus haïs et criminalisés par l’historiographie bourgeoise. De même qu’Aurelio Fernández, secrétaire des Patrouilles de Contrôle, ou Antonio Martín, le « boiteux de Málaga » à la Cerdagne.
Josep Asens Giol fût l’auteur du Manifeste de la Fédération Locale de Syndicats Uniques contre la violence indiscriminée existante dans la rue, qui a été diffusé à la presse et la radio vers la fin juillet 1936. Ce Manifeste a fait face de façon décidée aux responsables de cette violence sans contrôle (même s’ils étaient ou n’étaient pas cénétistes) qui menaçait de baigner dans le sang le processus révolutionnaire en cours.
Son ami Gardeñas a été exécuté par la réalisation d’actes de pillage. Ainsi donc, en contre des injuries de l’historiographie sacrée de la bourgeoisie, il a agi énergiquement pour éviter un bain de sang. Les Patrouilles de Contrôle de Barcelone ont été le fruit de cette intervention.
Dans le livre on reproduit un matériel graphique très intéressant. Les photos personnelles d’Asens, généreusement cédées par la famille Assens, se complémentent avec le reste des graphiques et photographies obtenues dans des archives et bibliothèques. Dans son ensemble il s’agit d’un matériel graphique, pour la plupart inédit, très puissant et efficace. J’aime mettre en valeur deux photos : celle de la plaque d’un milicien des Patrouilles de Contrôle, rédigée en catalan et avec les quatre barres, parce qu’elle casse beaucoup de préjugés et celle d’Asens qui patrouille dans les rues avec une mitraillette, et qui est sur la couverture du livre.
Parmi les épisodes biographiques les plus importants vécus par Asens on peut remarquer les suivants :
1. Il a été témoin de l’assassinat de Salvador Seguí. Sa description physique de l’assassinat lui a permis son identification par Gardeñas.
2. En 1916 il s’est affilié au syndicat du Bois de la CNT. Il a fréquenté ses assemblées.
3. Pendant les années du « pistolerismo » (1917-1923) quand la CNT fût victime de la brutale répression conjointe du terrorisme d’État et de la patronale catalane, il a été un militant cénétiste efficace. Il a activement participé dans la préparation de grèves et actions diverses. Il a été arrêté par son activité syndicale. Il a souffert le harcèlement des « pistoleros » du Syndicat Libre (avec même une tentative de meurtre) et de la police.
4. Asens est arrivé à dire que la Fédération Patronale, depuis 1919, s’est fixé comme objectif de détruire la CNT avec tous les moyens disponibles, même celui de l’élimination physique des syndicalistes. La Fédération Patronale (avec le lock-out de 1919) a voulu imposer à tous les travailleurs la signature de contrats individuels de 24 heures, ce qui signifiait la fin de la CNT et de toute manière d’organisation de la classe ouvrière.
5. Le contexte historique dans lequel a eu lieu la formation syndicaliste de Josep Asens, entre 1920 et le coup militaire du général Primo de Rivera en septembre 1923, a été caractérisé par l’hégémonie d’une bourgeoisie catalane qui avait transformé l’autonomie politique en une autonomie répressive, qui aimait de choisir les généraux et les répresseurs les plus violents qui devaient occuper le commandement de la Capitainerie Générale de Catalogne, la Police et le Gouvernement militaire et civile. L’objectif principale (et peut être unique) de la Fédération Patronale catalane était la destruction et l’annihilation (même physique) de la CNT.
6. Asens était ami du remarquable militant anarchiste Josep Gardeñas.
Depuis sa détention conjointe, Asens et ses proches ont été victimes d’une étroite surveillance policière.
7. Avec l’arrivée de la République, en 1931, il a commencé à assumer des postes à responsabilité dans les syndicats et dans l’organisation des comités de défense de la CNT. Il est devenu un important organisateur syndicaliste.
8. Pendant les périodes de clôture des syndicats et de Solidaridad Obrera il a géré une efficace organisation syndicale clandestine et a édité La Voz Confederal.
9. En 1935 il fût nommé secrétaire de la Fédération Locale des Syndicats Uniques de Barcelone (de la CNT).
10. Asens, Durruti, Francisco Ascaso et García Oliver ont constitué le Comité Révolutionnaire qui a coordonné l’insurrection prolétaire du 19 et 20 juillet 1936, qui a réussi à vaincre l’armée. Les rencontres de ce Comité avec les officiers de l’aviation du Prat sont expliquées en première personne. Ces rencontres ont joué un rôle très important dans la bataille qui a eu lieu dans les rues de Barcelone, puisque l’aviation a bombardé les casernes militaires au moment et de la façon que la CNT leur a proposés.
11. Asens nous offre son témoignage personnel de l’entretien des leaders anarchistes avec Companys le 20 juillet 1936. Son témoignage est différent et ne coïncide pas avec celui de Garcia Olivers ou Santillán.
12. Son nom figure dans l’Edit de Création du Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA).
13. Il explique en première personne la création et les premières réunions du CCMA, ainsi que l’ordre de constitution et de fonctionnement des Patrouilles de Contrôle en tant que police révolutionnaire du « nouvel ordre » révolutionnaire.
14. Qu’est-ce qu’ont été les Patrouilles de Contrôle ? Entre le 19 juillet et moyens août 1936 ont été créés les patrouilles de contrôle comme police révolutionnaire qui dépendait du CCMA. Seulement à peu près la moitié des 700 patrouilleurs qui existaient au début étaient anarchosyndicalistes (325) ; l’autre moitié était affiliée au reste d’organisations antifascistes : POUM, ERC et PSUC, principalement. Seulement quatre délégués de section, sur onze en total, étaient de la CNT : ceux des quartiers de Pueblo Nuevo, Sants, San Andrés (Armonía) et Clot ; d’autres quatre étaient d’ERC, trois du PSUC et aucun du POUM. Les Patrouilles de Contrôle dépendaient du Comité d’Enquête du CCMA, dirigé par Aurelio Fernández (FAI) et Salvador González (PSUC). Leur section centrale était au numéro 617 de la Gran Via, dirigée par les délégués de Patrouilles, c’est à dire Josep Asens (CNT) et Tomás Fábregas (Acció Catalana). Le salaire des patrouilleurs, payé par le Gouvernement de la Generalitat, était de 10 pesetas/jour. Même si des arrestations étaient faites par toutes les sections, et quelques détenus étaient interrogés dans l’ancienne Casa Cambó, la prison centrale était dans l’ancien couvent des religieuses clarisses de Saint Elias.
15. Il a été le Chef d’Opérations des Patrouilles de Contrôle. Parmi ses responsabilités étaient les voyages constants à l’étranger avec l’objectif d’acheter des armes pour les patrouilleurs et les comités de défense, puisque toutes les armes qui étaient disponibles ou qui étaient fabriqués à l’arrière-garde, étaient envoyés au front d’Aragon. Dans le livre on retrouve ses plus importantes interventions dans les réunions du secrétariat des Patrouilles (périodicité hebdomadaire).
16. Queipo de Llano avait promis qu’il se ferait faire, à la fin de la guerre, un portefeuille avec la peau d’Asens. Asens commente ainsi les émissions de radio Sevilla : “[Queipo] prononçait mon nom et de sa bouche sortait de la bourbe quand il nommait les Patrouilles de Contrôle Sa tactique était de mentir, diffamer délibérément. Il savait qu’après le faire, quelque chose restait ». Que les prisonniers de saint Elias étaient jetés encore vivants dans un puit. Qu’ils étaient torturés, déchirés en morceaux et mangés par les cochons. Il est incroyable comment les infamies de la propagande de Queipo de Llano contre Asens et les Patrouilles ont trouvé de l’écho et ont été magnifiées, sans aucune critique, par l’histoire sacrée de la bourgeoisie. Les fantaisies barbares et la haine politique et personnelle de Queipo ont été acceptées, à la lettre, par beaucoup d’historiens, autant de la gauche comme de la droite du capital, sans aucune autre raison que de partager avec ce général fasciste son mépris viscéral et sa haine de classe contre le mouvement libertaire. Cependant, la réalité a été un traitement digne et humain aux détenus, qui évitait le maltraitement et la torture de la part de ceux qui l’avaient souffert de façon sauvage et systématique, infligée par les généraux Milans del Bosch, Arlegui et Martínez Anido
17. À la fin septembre 1936, il a voyagé en Suisse pour acheter des armes. La voiture dans laquelle il voyageait a eu un accident le 30 septembre 1936. Il a été prisonnier en Suisse du 1 au 13 octobre 1936. Il a été libéré grâce aux pressions exercées par Aurelio Fernández et les patrouilleurs auprès de citoyens suisses résidents à Barcelone.
18. Depuis le premier octobre, une fois dissous le CCMA, les Patrouilles de Contrôle ont passé à dépendre du Comité de Sûreté de la Generalitat de Catalogne.
19. On parle dans le livre du trésor de Galarza, ignoré et méconnu par l’historiographie actuelle. On résout aussi le mystère Rebertés, qui a été, jusqu’à présent, tellement mal interprété. Et, finalement, on propose une hypothèse sur le double assassinat de deux militaires de l’UMRA, dont les cadavres sont apparus le 21 novembre au terrain de football du Jupiter.
20. Sur le trésor de Galarza et sur le mystère Rebertés (il a été brièvement commissaire général d’OP du 19 octobre au 25 novembre 1936) nous en parlerons plus tard avec détail, à la fin de cette présentation, pour ne pas interrompre le fil chronologique de la biographie d’Asens. Malgré son intérêt historiographique, il ne s’agit que des opérations policières d’Asens, parmi beaucoup d’autres.
21. La confiscation du trésor Galarza a permis à Asens de consolider un réseau solide d’achat d’armes, créé en Suisse par l’anarchosyndicaliste suisse Lucien Tronchet et Edmond Déturche. Asens avait déjà réalisé la première opération au début octobre 1936, grâce à un crédit de deux cent mille francs français des syndicats suisses.
22. L’affrontement permanent entre Eroles et Aurelio avec le conseller Aiguader, s’intensifia de jour en jour, jusqu’à devenir insoutenable, conséquence possible de la répartition inégale du trésor de Galarza.
23. Le 3 mai 1937 Asens et Eroles ont essayé de calmer les choses face à l’assaut contre la Telefónica par la force publique, d’après une opération organisé para Rodríguez Salas, suivant les ordres d’Aiguader. Malgré qu’ils aient essayé d’éviter l’insurrection ouvrière, Eroles et Asens ont été dépassés par l’action des comités de défense.
24. Au début juin 1937, Asens a géré la dissolution des Patrouilles qui a été accordée entre les comités supérieurs cénétistes et la Generalitat.
25. En août 1937 il s’est exilé en France, pour éviter d’être inculpé par la justice républicaine et pour échapper aux nombreuses menaces de mort qui pesaient sur sa tête.
26. Cet exil allait en contre des ordres des comités supérieurs selon lesquelles tous les postes élevés cénétistes, soit d’Ordre Publique, soit du Bureau Juridique, devaient se soumettre à la justice républicaine, et même rentrer en prison pendant que les poursuites judiciaires s’engageaient, comme s’est passé par exemple avec Aurelio Fernández.
27. Une telle désobéissance aux comités supérieurs a donné lieu à l’ouverture d’un dossier d’enquête contre Asens, connu comme « l’Affaire Asens ».
28. Ce dossier a été conclus avec une sanction de la part du Comité exécutif du Mouvement Libertaire de la Catalogne de ne pas occuper des postes de responsabilité dans la CNT à cause de son acte de désobéissance aux ordres reçues. Ce dossier l’a clairement disculpé de tout acte de corruption ou malhonnêteté, étant donné que toutes les gestions économiques réalisées avaient eu comme seul objectif l’achat d’armes pour l’Organisation
29. Juan Garcia Oliver s’est gravement trompé dans ses mémoires quand il affirme que Josep Asens Giol formait partie de ce Comité Exécutif du Mouvement Libertaire en Catalogne. Non seulement il n’en formait pas partie mais il a été sanctionné par ce Comité Exécutif.
30. En 1939 son nom a été inclus dans la liste des anarchistes les plus dangereux qui résidaient en France.
31. Arrêté et interrogé par la gendarmerie française qui l’accusait de graves et de nombreux crimes commis en Espagne, selon les informations reçues de la police franquiste, il s’est défendu avec une déclaration brève, énergique et surprenante (surprenante pour les gendarmes qui l’interrogeaient) selon laquelle il avait été le « Chef de la Police en Catalogne ».
32. Depuis le 13 décembre 1939 jusquà l’11 octobre 1941, il a été prisonnier au Camp de concentration de Vernet.
33. Il a participé à la reconstruction de la CNT en France, dans le noyau d’anarchistes espagnols qui existait dans le barrage de l‘Aigle, à Cantal.
34. Son fils, José Asens Valera, un très jeune patrouilleur à Barcelone, a été un des 75 espagnols intégrés dans une compagnie du Bataillon Didier dans le barrage de l’Aigle (dans la Résistance Française).
35. Après la scission en 1945, il a milité dans le secteur collaborationniste de la CNT et, au début des années soixante-dix, dans le Front Libertaire.
36. Pendant son long exil il a vécu modestement de son travail comme artisan tapissier. Il a demandé en vain une pension à Tarradellas.
37. Le libre est complémenté par les annexes qui non seulement offrent le conteste historique et social dans lequel Asens a vécu, mais complémentent aussi sa biographie, comme c’est le cas avec les fragments biographiques de Josep Gardeñas, Dionís Eroles et Aurelio Fernández. Les annexes illustrent aussi la biographie avec des documents précieux et incontestables, comme l’Edit de Création du Comité Central des Milices Antifascistes (CCMA) ou le Manifeste de la Fédération Locales de Syndicats.
38. Parmi ces annexes on peut remarquer le numéro 9, qui a pour titre Affaire Asens, et qui reproduit et commente le dossier ouvert contre Asens para la Commission de Finances de La CNT pour décider si sa trajectoire avait été honnête ou corrompue. Il a été clairement démontré que tous les fonds avaient été utilisés correctement pour l’achat d’armes, cependant on lui a reproché de ne pas obéir l’ordre de se soumettre à la justice républicaine.
39. Le trésor de Galarza et l’Affaire Rebertés : Le 5 novembre 1936 les troupes franquistes avaient déjà conquis les aérodromes de Getafe et Cuatro Vientos et pénétraient dans la Casa de Campo et la Ciudad Universitaria, à seulement 6 kilomètres de la Puerta del Sol. Quelques journaux de droites ont annoncé la chute de Madrid.
Le 6 novembre le Conseil de Minsitres de la République avait voté par unanimité la fuite du Gouvernement de la République de la ville de Madrid cernée par les troupes fascistes.
Antonio Galarza Gago (socialiste) était le ministre de Gouvernement et Manuel Muñoz Martínez (républicain et masson) était le directeur général de la Sûreté. Le ministère de Gouvernement avait créé une Section de Services Spéciaux (SSS), organisation de spionnage, enquête, surveillance et information placée sur la rue Marqués de Riscal número 1, où travaillaient les Milices de Surveillance de l’arrière-garde. Justiniano García était le Chef de la SSS. Alberto Vázquez, capitainn de la SSS, fût le responsable de l’opération de transfert à Barcelone du trésor Galarza. Antonio Calderón était un autre agent de la SSS.
Pendant la soirée du 6 novembre Garlaza a ordonné à Justiniano Garcia la mission non officielle d’emporter de Madrid un vrai trésor d’or, argent, bijoux et œuvres d’art. Il s’agissait en total de cinc véhicules qui venaient de Serrano 43, où probablement était le magasin où étaient déposités les confiscations réalisées pendant les registres domiciliaires de la voisine caserne/checa socialiste de la rue Marqués de Riscal numéro 1. Le directeur général de la Sûreté, à son tour, a ordonné le transport à Barcelone d’une camionnette de la Casa de la Moneda, pleine de lingots d’argent.
Entre le 6 et le 26 novembre 1936, Josep Asens, en tant que Chef d’Opérations des Patrouilles de Contrôle de Barcelone a enqüêté, détenu et intérrogé les responsables du transport depuis Madrid de trois voitures confiqueées (chargées de lingots d’argent et de monnais d’or, de balises avec de l’argent, œuvres d’art et bijoux) sur les cinc que la Section des Services Spéciaux (SSS) du ministère de Gouvernement, Ángel Galarza, a essayé de trasnporter ilégalement vers la France en une mision non officielle.
Asens, le 7 de novembre, avait déjà arrêté les premiers agents de l’expedition de Madrid, dès qu’ils sont arrivés à Barcelone. Il a été probablement averti par le service d’information d’Argila.
La camionnette qui venait de la Casa de la Moneda de Madrid, chargée avec 136 lingots d’argent, dont chaque lingot pesait 15 kilos, a déposé sa charge dans un magasin de la Plaza Palacio numéro 8, au nom de Manuel Campos Milán, secrétaire du directeur général de la Sûreté, Manuel Muñoz.
Le 14 novembre, le policier Ferran Duran Miralles, secrétaire de Rebertés et informateur d’Eroles, a signé le compte des lingots déposés à plaza Palacio. Cette signature d’accord voulait dire que Rebertés s’était approprié nominalement de la partie la plus importante du trésor de Galarza, mais aussi qu’Eroles le savait et surveillait Rebertés.
Asens avait déjà remis à la Generalitat, comme il était fait d’habitude,
les œuvres d’art, l’argent et les valeurs trouvés dans les trois véhicules confisqués.
Quelques jours après, Mario Gallud, délégué des patrouilles au Poble Sec, a averti Asens du registre ordonné par Rebertés chez le frère de l’agent de la SSS Antonio Calderón qui habitait dans la conciergerie de la Gran Vía 410, prochaine à la Plaza de España, pour s’approprier de quelques caisses et balises que la SSS de Madrid avaient caché-là. Après un accrochage armé entre policiers et patrouilleurs, c’est-à-dire, entre Rebertés et Asens, tout ce qui a été confisqué a été transféré, par sécurité, à la centrale des Patrouilles de Contrôle, à la Gran Via 617.
Plus tard, on a aussi envoyé à la centrale des Patrouilles les balises cachées par l’agent de la SSS Alberto Vázquez dans son hôtel, grâce à l’aveu de celui-ci quand il a été interrogé par Asens à San Elias.
Eroles, entre le 14 et le 24 novembre, a géré et administré le dépôt de Plaza Palacio, et a livré un million de pesetas à Santillan et huit-cent mille à Portela. Peut-être ceci a été l’origine du nommé « moniato » de Eroles (gaffe qui est expliquée dans la biographie d’Eroles, dans l’annexe 10 du livre).
Asens, Aurelio et Eroles, mais aussi Artemi Aiguader, craignaient que Rebertés puisse retenir les lingots déposés à la Plaza Palacio.
Les grandes nouvelles de la fin novembre, à Barcelone, ont été l’enterrement de Durruti (dimanche 22) et le complot contre Companys, dénoncé par Eroles (le 24) et l’arrêt (déguisé en démission) de Rebertés (le 24). Face à l’essai de Rebertés de s’approprier du trésor de Galarza pour mettre en marche le plan d’Estat Català de s’armer, « guillotiner la FAI » et proclamer l’indépendance d’une Catalogne sous la tutelle de la France et de l’Italie fasciste, Eroles a fait éclater le ballon putschiste du fascisme catalaniste, en accumulant des prétextes, des cancans et des mensonges à l’objet de distraire l’opinion publique, parce que pour garder le trésor Galarza, le silence et la désinformation étaient fondamentaux.
Rebertés a aussi avoué qu’il s’est compromis à transférer et surveiller depuis Cerbère jusqu
à Mataró des wagons de train avec des armes achetées par Estat Català.
Après l’entretien, à midi du 24, avec Artemi et Aiguader, Companys, très convenablement, est tombé malade et est resté au lit jusqu’au début décembre. Dans cet entretien, Artemi a informé Companys, des aventures et mésaventures de son élève et protégé, commissaire Andreu Rebertés. Il a annoncé au président son arrêt imminente et sa possible exécution, qui seraient présentés comme démission et disparation.
L’arrêt de Rebertés par Aiguader (le 24) a aussi impliqué la confiscation du dépôt de plaza Palacio par Aiguader, qui jusqu’à ce moment était entre les mains de Duran et Eroles. Cette confiscation intéressée et énergique explique l’affrontement, depuis ce moment, entre Aiguader et Aurelio et Eroles. Cependant les documents de l’archive consultés jusqu’à présent ne permettent pas de connaitre avec précision quoi et combien a gardé chacun d’eux.
CNT, ERC et le Govern (sauf Comorera) ont accordé que Rebertés devait payer avec sa vie la trahison à la République. On a permis de choisir à Casanovas, Torres Picart, Dencás, Cardona et Xammar entre l’exil ou la cachette.
On doit souligner, dans toute l’affaire, le rôle décisif joué par le policier Ferran Durán Miralles, secrétaire de Rebertés, qui a signé le compte et dépôt dans Plaza Palacio de la remise des lingots d’argent à la Generalitat. Il a été aussi informateur d’Eroles et son témoin pendant l’exécution de Rebertés par un escamot de ERC, formé (d’après des sources fiables) par Josep Soler Arumí et Josep Grau Jassans.
40. L’assassinat de deux militaires de l’UMRA dans le terrain du Jupiter : Un autre mystérieux assassinat double a terni l’actualité barcelonaise, caché de même par le silence et l’oubli. Il a eu lieu le 21 novembre 1936, au moment où aux alentours du terrain du Club de Football Jupiter on a trouvé les corps sans vie de deux militaires : le commandant Emilio Escobar Udaondo de la Garde Nationale Républicaine (ancienne Guardia Civil) et membre de la direction de l’École de Guerre et le capitaine de l’Aéronautique Aurelio Martínez Jiménez, professeur dans la même école.
Tout fait penser que cet assassinat double a été l’œuvre de la Section de Services Spéciaux, dirigée par Justiniano García, très agacé et contrarié per l’erreur (ou le refus) de certains membres de l’expédition de Madrid du trésor Galarza, qui juste arrivés à Barcelone avaient contacté avec le Conseil de la Défense, prévenant ainsi les militaires de l’UMRA
Voilà l’hypohèse : l’assassinat des deux militaires de l’UMRA par des agents de la SSS aurait comme but d’éviter qu’ils dénoncent le scandale impliquant le ministre de Gouvernement Ángel Galarza et son trésor. Son assassinat était en plus un avertissement à d’autres possibles témoins.
Il semble être évident que l’assassinat du commandant Escobar et le capitaine Martínez, et, surtout, le fait qu’il a été plongé dans le silence et qu’il n`y a pas eu d’enquête, sont étroitement liés à l’affaire Rebertés, qui se déroulait pendant ces mêmes dates. Tous les deux épisodes ont partagé le même silence et la même désinformation, parce qu’ils étaient des dommages collatéraux.
Agustín Guillamón
Barcelone, 25 mars 2025
Iconogr. : Famille Asens.