Mobilisé aux Aciéries de Saint-Étienne (Loire), Martin Julien, militant anarchiste, inscrit avant la guerre au carnet B, se révéla un militant actif du syndicat des Métaux de Saint-Étienne où il se distingua par la vigueur de ses propos. Membre du comité de grève en mai 1918, il proposa, le 21 mai, au cours d’un meeting, de « mettre le drapeau rouge sur le Palais Bourbon ». Le lendemain, il invita les femmes à se coucher sur les rails des trains pour empêcher le départ des mobilisés rappelés et, en même temps, « d’attaquer Clemenceau dans la personne de son représentant à Saint-Étienne : le préfet ». Allant encore plus loin dans la surenchère verbale, il rappela le 24 mai, aux grévistes assemblés, l’exemple de Feurs (Loire) où, en 1789, « cinquante têtes de bourgeois sont tombées ».
Il fut inculpé de " provocation à désertion, complicité, abandon de poste”, déféré en conseil de guerre (1re catégorie) et emprisonné à Clermont d’où il écrivait à Charles Benoit le 18 juillet 1918 : « J’envoie à Liebknecht et à Adler mon salut fraternel malgré tout. Paix pour les peuples ».
Libéré en 1919, il reprit sa place au syndicat des Métaux et fut délégué au congrès national CGT de Lyon en septembre 1919 où il vota contre le bureau confédéral. Toujours vigoureusement antiparlementaire, il critiqua l’attitude des socialistes parce qu’« un mouvement n’a de chance que si on renverse le parlement ».
Le 28 novembre 1920, il adhéra au comité syndicaliste révolutionnaire de Saint-Étienne.