Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

TORRENS MARTI, José, Diego, Antonio « Joseph” ; “Pierre »

Né à Barcelone le 5 juillet 1854 — Marchand de quatre saisons ; ouvrier carrier — Marseille (Bouches-du-Rhône) — Barcelone (Catalogne)
Article mis en ligne le 20 mars 2010
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

C’est à l’âge de deux ans que Joseph Torrens était arrivé en France avec ses parents, d’abord à Nantes en 1856, puis, l’année suivante à Marseille où il allait grandir aux cotés de son frère aîné André et devenir parfaitement bilingue. C’est sous l’influence de son frère André qu’il devint anarchiste et fut considéré par la police comme « intelligent, très actif et très dangereux » et à ce titre constamment surveillé.

En 1881 il logeait dans un garni, 12 rue Coutellerie, et fut l’organisateur d’une grande réunion publique qui se tint le 16 mai, salle des 25 billards, 2 place du Mont-de-Piété, au cours de laquelle Émile Gautier, ex-rédacteur de La Marseillaise et de La Révolution sociale, fit une conférense révolutionnaire sur la propriété.

En 1882 il monta un petit commerce de primeurs en association avec S. Goirand l’un des fondateurs du Cercle de l’Indépendance et membre influent du Cercle Esquiros. Tous deux vendaient des oranges, mais au bout de quelques mois se broullièrent et se séparèrent, Joseph continuant seul ce commerce. Il était alors le secrétaire du groupe anarchiste qui se réunissait 54 rue Saint-Laurent.

En 1884 il était signalé par la police comme faisant partie avec Alphonse Montant et Justin Mazade du Cercle de l’union des Peuples latins et participant régulier aux réunions anarchistes qui se tenaient alors 11 rue de la Monnaie ou à la buvette tenue par son frère André au 5 rue de la Mûre. La même année il fut l’un des rédacteurs et l’administratier de l’organe communiste-anarchiste L’Affamé (Marseille, au moins 6 numéros du 15 mai au 27 juillet 1884) et fit partie avec onze autres compagnons de la commission d’organisation des meetings de chômeurs, en juillet pendant l’ épidémie de choléra ; ces manifestations qui réunirent les 14 et 20 juillet plusieurs milliers de manifestants se soldèrent par plusieurs condamnations.

L’année suivante, il fit partie de la rédaction et de l’administration du périodique Le Droit Social (Marseille, 2 numéros en mai et juin 1885) dont le gérant était Alphonse Lauze ; il était également abonné à La Révolte et rédacteur de L’Etendart révolutionnaire (Marseille, 1885) qui devait remplacer Le Droit Social mais qui n’est sans doute pas paru ; il recevait alors toute sa correspondance au Bar du Soleil, Quai du Port, qui servait de lieu de réunion aux groupes marseillais.

A l’automne 1885, suite à la publication dans Le Petit Provençal de la reproduction d’une affiche du candidat abstentionniste Étienne Bellot signée de divers groupes (Les justiviers de la révolution, les Fils de Spartacus, Les ombres diurnes, les Porteurs de glaives, etc), Torrens fut le signataire d’une protestation des groupes anarchistes de Marseille indiquant : « …Les compagnons de Marseille. déclarent en outre que tous les groupes mentionnés dans l’affiche, n’existent que dans l’imagination du signataire de l’affiche » (cf. Le Petit Provençal, 3 octobre 1885). Le 1er décembre 1885, lors d’une réunion franco-espagnole, salle des Folies marseillaises, il fit adopter un ordre du jour engageant les républicains espagnols à faire proclamer « La République Sociale par tous les moyens possibles ».

En 1886, toujours très assidu aux réunions, il est signalé comme « entretenant des correspondances suivies avec Jean Grave et Lissagaray de Paris, ainsi qu’avec les compagnons de divers pays ». La police ajoutait que c’était lui qui approvisionnait en brochures et journaux révolutionnaires « Le kiosque tenu par Marius Gauchon au Cours Belzunce » ainsi que l’atteste un rapport daté du 4 octobre 1886 : « …Hier, un peu avant la fin de la réunion… le nommé Torrens est sorti porteur d’un paquet assez volumineux. Il s’est dirigé vers le kiosque à journaux tenu par le nommé Gauchon… et là, il a lancé le paquet sous une table placée à l’extérieur contre le kiosque. Ce paquet contenait des écrits révolutionnaires…Une demi heure après, le marchand de journaux a pris le paquet sous la table, l’a ouvert… il a ensuite placé les brochures dans des casiers posés à l’intérieur du kiosque et dissimulés par des journaux ». Le 18 mars 1886, il fut l’organisateur avec J. Mazade d’une réunion de commémoration de la Commune, tenue au Café de la Marine, 17 rue de la Loge.

En février 1887 il remit à A. Montant le tract Appel aux conscrits » dont une pile, le 10 février, fut jetée dans la cour de la caserne Saint-Victor. En mai 1887, il avait reçu d’Espagne 900 exemplaires du manifeste Los grupos anarquico-comunistas de Madrid a los trabajadores en general (voir portfolio) pour y être diffusé à Marseille.

Arrêté en mai 1890 pour « provocation par placards à commettre des crimes », il bénéficia le 17 mai d’un non-lieu mais fut l’objet d’un arrêté d’expulsion qui sera finalement suspendu. C’est au début des années 1890 qu’il épousa sa compagne, Marie Maestralli avec laquelle il s’installa rue Pellissier et dont il eut un fils, Joseph. Il continua d’avoir une correspondance suivie avec les compagnons de France et de l’étranger.

Le 18 novembre 1893, à la suite de l’attentat commis contre le quartier général de l’armée de la rue d’Armény, son domicile était perquisitionné par la police qui n’y trouvait que des journaux et des brochures. Le 3 décembre il était l’objet d’un arrêté d’expulsion avec 13 autres compagnons de diverses nationalités et était reconduit à la frontière espagnole. De Barcelone, où il se fixa, il continua d’entretenir des relations avec les compagnons marseillais, en particulier Guérin et Mazade avec lesquels il était très lié.

En 1895 il résidait calle del Cid à Barcelone, et travaillait comme ouvrier carrier. En décembre il avait été inscrit sur un État nominatif des anarchistes ou des individus considérés comme dangereux, résidant ou voyageant en Espagne. Selon la police son plus grand désir était de retourner à Marseille où il avait conservé de nombreuses relations « surtout dans le clan anarchiste ». Au printemps 1896 il se trouvait à l’infirmerie de l’asile du Parque à Barcelone.


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