Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

THOMASSON, Louis [dit Lucien Marcus]

Né le 17 novembre 1871 à Roanne — Ouvrier tisseur — Roanne (Loire) — Londres
Article mis en ligne le 8 mars 2010
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Louis Thomasson, qui demeurait 107 route de Paris, avait été en 1889 l’un des initaiteurs de la grève aux tissages Bréchard de Roanne. Il fut avec Louis Segaud et Claude James, l’un des fondateurs en 1891 de la Jeunesse antipatriotique de Roanne où il diffusait le journal Le Conscrit (Paris, 1 numéro en janvier 1892 et un placard intitulé La grève des conscrits) ainsi que Le Père Peinard. Il prit la parole le 21 septembre 1891 lors d’un banquet anti patriotique qui avait réuni 35 couverts et où figuraient au menu « potage anarchiste, saucisson à la dynamite, salade révolutionnaire… ». En janvier 1892, le groupe dont il faisait parti avec entre autres Barre et Genouel, n’avait pu, faute de ressources, mandater de délégués au congrès anarchiste tenu à Lyon. Toutefois, selon la police, il avait assisté les 16 et 17 janvier 1892, avec entre autres Sirot, Puissant, Deville, Chalumet et A. Thomasson ià ce congrès.

Dans une lettre du 27 février 1892, adressée à un compagnon parti à Rio de Janeiro, il précisait, non sans quelque exagération, que le groupe anarchiste de Roanne comprenait « 600 adhérents », diffusant « 75 Père Peinard par semaine et 40 Révolté ». Il était à cette époque l’un des représentants du syndicat des tisseurs à la Bourse du travail. Il s’opposa à la création par les compagnons d’un syndicat des hommes de peine qui aurait permis aux anarchistes de disposer d’un local à la Bourse, arguant « Puisque nous combattons tout ce qui est gouvernement, autorité, lois…, nous aurions mauvaise grâce en nous abritant derrière des édifices vermoulus que nous travaillons à jeter bas ».

Début février 1892, lors d’un tirage au sort pour la conscription, il refusa de tirer, tenta de faire un discours puis quitta la salle aux cris de « A bas la patrie ». Le 9 février 1892, au journal L’Union Républicaine de Roanne qui, dans un entrefilet rapportant l’incident, avait regretté qu’il n’ait pas été lynché sur place, il adressa une protestation où, après avoir revendiqué son action, il avait ajouté : « … Vraiment Monsieur, il a fallu que je vous touche beaucoup, ainsi que vitre maître, pour oser invoquer une pareille vengeance contre moi. Ah je sais bien qu’attaquer la patrie c’est attaquer la propriété, conséquemment la bourgeoisie au cœur… Faites venir à Roanne la machine inhumaine de Deibler et, si vous n’êtes pas des pleutres, dressez la sur une de nos places. Je puis vous certifier que j’y porterai ma tête avec autant d’énergie que vous avez eu de lâcheté en intercalant dans votre article l’entrefilet et sous le couperet je crierai encore et toujours, A bas la patrie ! Vive l’anarchie ! ». Poursuivi pour « cris séditieux », Thomasson fut condamné par défaut le 4 avril suivant à 1 mois d’emprisonnement. Il avait également été soupçonné d’avoir été l’auteur, quelques jours avant le tirage au sort, de l’affichage du placard Appel aux Conscrits (voir portfolio)

Il ne rejoignit pas son corps et début novembre 1892 serait parti pour l’Angleterre. En 1893 il résidait à Londres où il partageait un logement avec Ferrié un autre militant de Roanne.
Il figurait sur l’État récapitulatif des anarchistes de Roanne de décembre 1893 où il était qualifié de « très dangereux ».

Son frère aîné, Jean-Marie, qui était également membre du groupe de la Jeunesse antipatriote et semble-t-il du groupe Les Déshérités, fut l’objet le 1er janvier 1894 d’une perquisition comme 5 autres militants de Roanne.

En septembre 1894, il fut arrêté au Havre où il se faisait appeler Deville et Fayet. Lors d’une perquisition à son domicile de Notre Dame de Baude Ville, une impotante correspondance avec des anarchistes avait été saisie par la police.


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