Dictionnaire international des militants anarchistes
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CABOT, Gabriel “L’Argument”
Né le 28 décembre 1859 à Charolles (Saône-et-Loire) - Typographe - Paris
Article mis en ligne le 10 décembre 2006
dernière modification le 2 mars 2024

par Dominique Petit, Guillaume Davranche, R.D.
Gabriel Cabot

Gabriel Cabot, qui à son adolescence avait fui les foudre paternelles pour faire le "trimard" avec une troupe de forains, fut ouvrier typographe à l’Imprimerie Nationale du 23 février 1886 à fin décembre 1887 où il fut licencié en raison de la propagande anarchiste qu’il y faisait.
Il fut ensuite gérant d’une imprimerie située 62, rue des Marais, à Paris 10e, puis 33, rue des Trois-Bornes, à Paris 11e, qui mettait sous presse sortait La Révolte de Jean Grave. Le local était loué au nom de Paul Reclus, et le matériel appartenait à Élisée Reclus qui l’avait acheté et qui fournissait les fonds nécessaires à son fonctionnement. Selon Cabot, la presse aurait été acquise à Londres par des nihilistes qui l’auraient introduite en Russie, puis elle avait été convoyée en Suisse, puis à Paris.

Gabriel Cabot qui habitait 145 quai de Valmy, était en 1889 le trésorier du Comité de secours aux familles et détenus politiques dont le secrétaire était Benoit Morel. Il diffusait à la même époque la brochure La défense et le procès de Pini. Au printemps 1889 il fut chargé de la correspondance avec les compagnons étrangers désirant participer au congrès anarchiste international devant se tenir en juillet lors de l’exposition universelle. Cette même année 1889 il participait aux réunions du Cercle anarchiste international de la salle Horel, à celles de La Sentinelle de Montmartre rue de Clignancourt, travaillait comme ouvrier à La Révolte et lors des élections législatives de 1889, Gabriel Cabot imprima divers manifestes abstentionnistes. Il fut arrêté le 22 septembre, au moment où il placardait une affiche abstentionniste sur les murs de la mairie du 10e arrondissement.

Le 29 octobre 1889, dans une réunion tenue 13 rue de Clignancourt, il déclara, à propos de la préparation du 1er mai 1890 et des meetings en plein air : « Il en sort toujours quelque chose, notamment des actes individuels. Et puis lorsqu’une grande masse de populo se porte sur un même point, la moindre chose peut produire l’étincelle qui donnerait le signal des événements graves. » Aussi, à l’approche de la date fatidique, l’imprimerie des Trois-Bornes redoubla d’activité, employant quatre compositeurs au lieu d’un habituellement, pour réaliser les différentes affiches relatives au 1er mai.
Le manifeste « Vive la grève générale » signé du groupe La Revanche des mineurs et celui intitulé « Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ? » se terminant par « Vive la grève générale », attribué à Tortelier, sortirent des presses de l’imprimerie.
En conséquence, Cabot fut ciblé par la répression qui précéda le 1er mai. Deux militants italiens, Merlino et Petraroja, furent arrêté par la police le 26 avril 1890 à alors qu’ils distribuaient des tracts anarchistes intitulés « Aux soldats » (voir portfolio) appelant ces derniers à retourner eurs fusils et à rejoindre les travaillaurs lors de la manifestation. Il fut démontré qu’ils avaient été imprimés chez Cabot, qui fut arrêté à son tour avec ses deux typographes, Dumont et Victor Vinchon. La perquisition à l’imprimerie permit de découvrir une affiche, « 1er mai », également préparée par Merlino et un manifeste commençant par « Prolétaires » et signé « Imprimerie anarchiste, Londres ». Tous furent inculpés pour « provocation de militaires à la désobéissance » et « incitation au meurtre et au pillage ». Cabot fut mis en liberté le 3 mai.

Le 5 juin 1890, il fut avec Beluze, l’un des organisateurs d’une réunion sur l’arrestation de militants russes à Pais, à la salle de l’Ermitage, 29 rue de Jussieu.

Le 15 juin 1890, avec entre autres Millet, Brunet, Perrin et la femme Piffer, il était allé au siège du journal L’Egalité pour y rosser les rédacteurs auteurs d’un article accusant les anarchistes d’être des mouchards. Ils y avaient cassé les meubles et brisé les carreaux.

Soulevant un vice de procédure, Cabot et Vinchon refusèrent de se présenter devant les assises de la Seine le 19 juillet. Ils furent condamnés par défaut à deux ans de prison, à 3.000 francs d’amende. Seul Dumont se présenta à l’audience et fut condamné à trois mois et à cinquante francs. Sur opposition, le 30 août, la peine de Cabot fut ramenée à trois mois et cinquante francs, et Vinchon fut acquitté.

Entre-temps, durant l’été 1890, Cabot avait été cosignataire, aux côtés de Bernhart, Coudry, Liard-Courtois, Duffour, Jules Millet, Paul Reclus, Siguret et Joseph Tortelier, d’un appel pour la création d’un quotidien anarchiste, paru dans La Révolte du 31 août 1890 (voir Portfolio). Toujours en août, il avait imprimé le placard « L’Immolation de Saint-Étienne » suite à la mort de 150 mineurs de la Loire dans un accident (voir portfolio).

Cabot purgea sa peine à Sainte-Pélagie, où il retrouva Ernest Gegout et Malato. Ce dernier le décrivit ainsi : « Doué d’une intelligence très vive, mais rebelle aux emballements, observateur froid et consciencieux, il avait la déduction précise et tranchante. Toujours à l’affût d’une idée, lorsqu’il l’attrapait au vol, il la déshabillait, la retournait, la vidait, la disséquait, ne faisant grâce à son entourage, ni d’une tare, ni d’un détail obscur. […] Ce déductif, maître de son sujet — jamais il n’entrait dans la mêlée que sûr de la valeur de ses armes — dominait toutes les cordes vocales grâce au puissant jeu d’orgue qui meublait son gosier et lançait une mitraille d’arguments dont la sonorité effarait et mettait en fuite les plus résolus d’entre nous. »

Sorti de prison, Gabriel Cabot monta une nouvelle imprimerie au 49, rue des Maronites, d’où sortirent un grand nombre de brochures et d’affiches.
Il se réclama très tôt de l’individualisme, à une époque où celui-ci n’était pas encore une doctrine. Dans ses Mémoires, Jean Grave écrivit de lui qu’il pouvait affirmer « sans rire, ne devoir jamais aller à un rendez-vous, parce que ça aurait été aliéner sa liberté ». Le jugeant trop proche de Pierre Martinet, le responsable de La Révolte préférera, après la vague d’arrestations du 1er mai, confier l’impression de La Révolte à quelqu’un d’autre.

Le 25 avril 1891, il fut poursuivi avec Berthault, gérant du Père Peinard, pour un Manifeste publié 4 ans auparavant et fut condamné par défaut à 2 ans de prison et 3.000 francs d’amende.

Le 9 décembre 1891 avait participé salle du Gros Bœuf (rue Greneta) à la première réunion du groupe Les Peinards (voir Tresse).

Comme de très nombreux compagnons, tant à Paris qu’en banlieue et en province, il fut arrêté le 22 avril 1892, préventivement à la manifestation du 1er mai.

A l’été 1892 il aurait monté une imprimerie avec notamment Brunel et diffusait le manifeste Fête du 14 juillet qu’il aurait reçu du groupe L’Avant Garde de Londres (voir Portfolio).

G. Cabot collaborait par la suite à La Revue libertaire (Paris, n°1, 15 décembre 1893 à n°5, 20 février 1894) dont la rédaction était assurée par Charles Chatel et Henri Gauche, puis au quotidien fondé par Paul Martinet La Renaissance (Paris, n°1, 24 décembre 1895 à n°117, 27 juillet 1896). En novembre 1895 il avait également été l’auteur d’un article contre le communisme dans le journal L’Esprit d’initiative (Paris, 13 numéros du 5 au 24 novembre 1895) de Martinet.

Le 1er janvier 1894, lors des rafles suivant l’attentat de Vaillant à la Chambre des députés, il avait été perquisitionné et arrêté avant d’être ensuite relâché. Il demeurait alors Il demeurait alors, 12 rue Piat, à Paris 20e, sous le nom de Volleker (qui était celui de sa maîtresse). De nombreuses brochures furent saisies lors de la perquisition de son imprimerie, rue des Maronites.

A l’automne 1899 il était membre d’un groupe individualiste comprenant une vingtaine de compagnons dont Devaldes, P. Martinet, A. Katsner et Georges Renard.

En 1901 G. Cabot figurait parmi les collaborateurs de l’organe individualiste L’Homme (Paris, n°1, 5 avril à n°7, août 1901) fondé par Georges Renard et Raoul Alas Luquetas. Henri Zysly les qualifiera “le premier, plus connu sous le nom de "Georges" dans les milieux anarchistes, est suspecté, par certains, d’être un indicateur de la police ; et le second, digne représentant des rastaquouère (sic). En résumé, de l’individualisme bourgeois” (in Le Semeur, 3 mars 1926).


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