Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

STRIGA, Wlodzimierz « LAPIDUS »

tué le 3 mai 1906 — Etudiant — Bialystock (Pologne) — Paris
Article mis en ligne le 8 février 2010
dernière modification le 1er novembre 2024

par R.D.
Vladimir Striga

Né dans une famille juive aisée et membre des groupes anarchistes de Bialystock Chernoe Znamia (Drapeau Noir) et Kommunary (Les Communards) au début des années 1900, Wlodzimierz Striga (parfois orthographié Stryga) fut en relations avec un groupe d’Odessa appelé Neprimirimye (Les Intransigents) réunissant anarchistes et partisans du théoricien révolutionnaire polonais J. Machaiski. Il fut ensuite l’auteur d’un tract appelant la population de Bialystock à se soulever et à faire une nouvelle Commune de Paris.

Pour échapper à la répression à la suite des nombreux attentats commis par le groupe, il fuyait en 1905 (?) à l’étranger et gagnait Paris où l’année suivante, le 3 mai 1906, il était tué par l’explosion d’une bombe qu’il avait dans ses poches. Le camarade qui l’accompagnait, Alexandre Sokolov, était légèrement blessé.

Selon un rapport du commissariat central de Nancy (7 mai 1906) plusieurs personnes, dont les patrons coiffeurs chez lesquels il aurait travaillé, l’avaient reconnu et identifiés comme étant un certain Émile Hoffmann (né le 27 septembre 1879 en Suisse) qui avait travaillé comme garçon coiffeur à Nancy en 1903-1904.

Dans une lettre posthume publiée en 1907 par le groupe bundiste, W. Striga avait notamment écrit :
« Mes chers camarades, Je vous écris cette lettre. Ce sera la dernière… Combien je vous aime en cette minute mes chers : Mais il faut mourir comme un Bialystocker…
Oui je suis seul ici, mais autour de moi se trouvent des centaines de milliers de travailleurs qui plient sous le joug de la même bourgeoisie que la nôtre, mais celle ci est française. Et ces centaines de milliers de travailleurs sont aussi esclaves de cette bourgeoisie que le sont nos camarades de notre autocratie… Et tout le monde patiente… Des centaines de milliers de femmes et d’enfants travaillent ou plutôt sont exploités par la bourgeoisie, souffrent de tous les maux qu’engendre la misère. Et ici, des camarades, en face de cette houle aveugle, sont coupables de patienter et de ne pas apporter de remèdes à ces maux. Voila pourquoi lorsque je veux sacrifier ma vie pour ces valeureux frères-esclaves, je ne me sens pas si seul que cela peut paraitre au premier abord. Et dire que ces êtres qui sont entravés par la chaine de l’esclavage, se parent du titre de citoyen. Comme cela est pénible quand on pense que la bourgeoisie boit mange, comme il lui plait et se moque en elle-même du travailleur pendant que ce dernier croit qu’il est membre de cette société ou, soi disant, tous sont égaux devant la loi…
Quand je pense que je frapperai la bourgeoisie, lorsqu’elle ne s’attend à rien ; quand je songe qu’il me sera donné de démontrer à ces centaines de milliers de travailleurs qu’ils ne sont que des esclaves, que les palais des riches narguent leur indigence, je me sens heureux. Pour cela ma vie sera peut être nécessaire ? Eh bien soit !… Par conséquent, camarades, je ne me considère pas ici comme un étranger et, bien qu’il y ait fort à faire en Russie, voila pourquoi je suis venu en France…
 ».

Puis rappelant la catastrophe de Courrières où 1200 mineurs avaient péri et l’hypocrisie des dirigeants de la Compagnie et des divers responsables politiques dont le socialiste Baisly qui avait exprimé sa reconnaissance au roi Edouard pour l’envoi d’argent, Sriga ajoutait : « … Cela me parut une comédie infâme. Il n’y eut pas d’accident, il y eut un crime… J’ai décidé de punir l’assassin. Et pour un tel crime, il n’y a qu’une réponse : La Révolution et mort aux oppresseurs… J’ai résolu de supprimer les hauts représentants de la bourgeoisie. Il m’est parfaitement indifférent de savoir où je lancerais ma bombe, car tout ce qui est actionnaire est coupable dans ce Paris… Je crie Mort à la bourgeoisie ! et je fais sacrifice de ma vie… Si l’on me juge… je dirai en m’adressant aux travailleurs de toutes sortes : Chassez tous les pharisiens : ils ne valent pas la peine que vous les écoutiez, prenez et déployez le drapeau noir et, ne vous laissant intimider par rien, faites éclater la révolution… Le Bialystocker aura la ferme espérance jusqu’à son dernier moment que les travailleurs lèveront le drapeau noir de l’Anarchie et de la Commune ; et, comme le Bialystocker, croyez bien, chers camarades, que sans parti pris je frappe ceux qui doivent être frappés et que je donne ma vie si elle est utile. Je vous embrasse tous, mes chers. Adieu »


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