Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

STEINACKER, Hermann [Johan Baptist, Hermann]

Né le 20 novembre 1870 à Odenheim (Karlsruhe) — mort en déportation le 14 avril 1944 — Tailleur — FAUD — Wuppertal (Rhénanie)
Article mis en ligne le 5 février 2010
dernière modification le 6 août 2024

par Nick Heath, R.D.

Hermann Steinacker avait commencé à militer au début des années 1900 d’abord dans le parti social démocrate avant d’adhérer à l’anarchisme. Membre du petit groupe anarchiste de Eberfeld (Wuppertal) qui ne comptait qu’une dizaine de militants, il figurait en 1910 sur l’État des anarchistes établi par la préfecture de police de Berlin. Le groupe organisa en 1914 un meeting public sur le contrôle de naissances auquel avaient assisté environ 150 personnes et qui fut sans doute son seul meeting.

Antimilitariste, il fut, lors de la Première Guerre mondiale, mis pendant 10 jours en “résidence forcée” avec 8 autres militants d’Eberfeld. Puis il fut appelé sous les drapeaux en mars 1916. Il fut, semble-t-il objecteur de conscience, et emprisonné pendant la durée de la guerre.

Après la vague révolutionnaire de 1918, il avait participé à l’organisation de l’organisation anarcho-syndicaliste FAUD qui dès 1920 comptait quelques 1200 membres à Wuppertal. Son atelier de tailleur devint rapidement un point de rencontre du mouvement libertaire et son expérience permit également la formation et le développement de la SAJD (Jeunesses syndicalistes anarchistes d’Allemagne). Entre les deux guerres il accueilli également de nombreux camarades étrangers dans son petit domicile.

Lors de la montée du nazisme, il demanda en vain aux sociaux démocrates et aux communistes d’appeler à la grève générale. Dès la prise du pouvoir par les nazis, Hermann Steinacker avait demandé à la FAUD et à la SAJD de Wuppertal de se disperser, tandis qu’il mettait en place un réseau clandestin, ce qui permit sans doute à plusieurs compagnons d’échapper à la première vague de terreur. Il organisa, depuis son atelier de tailleur, la solidarité avec les familles des compagnons détenus — notamment Helmut Kirschey arrêté en mai 1933 et les frères Fritz et Willi Benner arrêtés en août) — et participait au réseau mis en place par la FAUD pour faire entrer depuis la Hollande de la propagande clandestine. Suite à une dénonciation, il fut arrêté par la Gestapo en octobre 1934 et fit condamné à 1 an de prison qu’il purgea à Remscheid — Luettringhausen. Dès sa libération le 6 juillet 1936, et malgré la surveillance dont il était l’objet, il participait à l’organisation d’un comité d’aide à l’Espagne révolutionnaire avec entre autres Hans Saure et August Benner. Arrêté en décembre 1936, il fut impliqué dans le procès tenu en janvier 1938 contre 98 militants de Rhénanie et fut condamné à 10 ans d’internement. Emprisonné à Düsseldorf, puis à Münster, avec notamment August Benner, où en 1941, les tortures et les mauvais traitements l’avaient tellement affaibli qu’il ne pouvait plus monter seul les escaliers de l’atelier de la prison et devait être porté par ses camarades. Après avoir été surpris assoupi dans l’atelier de la prison, la direction contacta la Gestapo de Düsseldorf et en janvier 1944 Steinacker fut transféré au camp de concentration de Mauthausen où il fut assassiné le 14 avril 1944. Ses lunettes pleines de sang furent remises à sa fille par la direction du camp.


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