Manuel Salgado Moreira avait quitté très jeune son village de Galice pour Tolosa (Guipuzcoa) où il resta 2 ans puis alla à Madrid, avec Asuncion Gonzalez qui deviendra sa compagne. Il comença très vite à miiter et en 1918-1920 fut aux cotés de Pedro Falomir Benito l’un des responsables du Comité pro-presos, ce qui lui valut à plusieurs reprises d’être emprisonné. Devenu l’un des plus actifs militants anarcho-syndicalistes de la capitale, il dirigea, à partir de juillet 1923, le journal El Libertario (Madrid) avec notamment Juan Ortega Carbonero. Pendant la dictature de Primo de Rivera, étroitement surveillé par la police et boycotté par les patrons, il eut beaucoup de mal à survivre jusqu’en 1925 où il parvint à ouvrir une petite boulangerie familiale.
Dès la proclamation de la République il participait à la reconstruction de la CNT madrilène et de la FAI. Très actif lors de la grève des ouvriers téléphonistes, il militait également à l’Ateneo de Puente de Toledo dont en juillet 1936 il était le secrétaire. Dès le soulèvement franquiste, il formait avec Eduardo Val, Antonio Rodriguez et Garcia Pradas le Comité de Défense du Centre et participait activement aux combats de rues et à l’assaut le 21 juillet de la caserne La Montaña. Il avait ensuite dirigé les services spéciaux (SIM) du Ministère de la guerre et représentait la CNT à l’État-major de Miaja. En septembre 1936, suite à un accident de voiture qui l’avait immobilisé, il fut remplacé à ce poste par le stalinien Pedrero.
Il aurait également dirigé un temps le journal Frente Libertario avec Juan Ortega Carbonero et avait collaboré à Campo Libre (Madrid, 1937-1939). En avril 1938 il avait été délégué de la région Centre avec Val et Garcia Pradas au Plenum national de Régions. Très anticommuniste il participait à la fin de la guerre au coup de force de Casado. Puis il parvenait à gagner Gandia et à s’embarquer sur le croiseur anglais Galatea. Les franquistes se vengeront de lui en le condamnant à mort par contumace et en emprisonnant sa compagne Asuncion Salgado Gonzalez qui restera détenue pendant neuf ans avant de pouvoir le rejoindre en exil.
Exilé en Grande-Bretagne il participa en avril 1939 à Londres à une réunion avec Mariano Vazquez où il fut nommé avec Cabañas et Gonzalez comme représentant du MLE en Grande-Bretagne. Il fit par la suite partie avec Agustin Roa du Comité de la CNT en exil et fut en 1961 membre du comité de coordination de l’Alliance syndicale (CNT-UGT) de Grande-Bretagne. Manuel Salgado défendait les positions dites collaborationnistes de la CNT de l’intérieur.
Manuel Salgado Moreira, qui travaillait comme gérant du restaurant Casa Pepe, est mort à Londres le 15 mai 1967.
Pendant la guerre et la période où il avait été responsable des services spéciaux, il avait évité que plusieurs franquistes emprisonnés soient exécutés. Selon le témoignage de son ami Juan Ortega Carbonero c’était « un humaniste qui pour cette raison employait des méthodes humaines avec les détenus dont 80% avaient avoué leur participation à la conspiration… et je ne vois pas pourquoi nous aurions dû commettre les mêmes crimes commis dans l’autre camp, ni employer les méthodes du Parti communiste. »
Sa compagne Asuncion Gonzalez est décédée à Londres le 6 mars 1974.
Œuvres : — Aguijonazos : tabarras antiestatales (Madrid, 1932) ; — El Facismo, su genesis marxista (Madrid, 1934) ; — Herejias Marxistas (Madrid, s.d.).