Dictionnaire international des militants anarchistes
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BOURGUER, Jean, Joseph
Né le 16 janvier 1871 à Reims - Tisserand - CGT - Reims (Marne), Roubaix, Tourcoing (Nord), Trélazé (Maine-et-Loire)
Article mis en ligne le 4 décembre 2006
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Né à Reims en 1871, Jean Bourguer correspond à l’image traditionnelle de l’anarchiste ; toute sa vie il fut un révolté. Tisseur, il travailla tantôt à Reims, tantôt à Roubaix. En 1891, Bourguer faisait partie du groupe anarchiste de Reims avec notamment Hamelin, Beauvillain, Pflug, Leprêtre et Geoffroy et tentait d’organiser le mouvement en Fédération du nord-est. Il était également l’un des diffuseurs du Père Peinard à Reims. En décembre 1891 la police signalait qu’il “avait excité les ouvriers à marcher en masse sur l’Hôtel de ville" et aller au bureau de police pour délivrer un compagnon qui venait d’être arrêté". Il figurait sur la liste d’anarchistes de Reims établie le 29 mars 1892 par le Préfet. Il demeurait 29 rue Baussonet.

Au moment de son service militaire, en 1892, il fut condamné par contumace -il était semble-t-il alors en Belgique ou à Paris - le 19 février à un an de prison et cent francs d’amende pour excitation de militaires à la désobéissance, cris séditieux, et provocation au meurtre. Lors d’une réunion le 9 février il avait incité les conscrits à tirer sur leurs chefs au cas où ceux ci ordonneraient de tirer sur les ouvriers et, en cas de guerre, à “enfoncer leurs baïonnettes dans le ventre des galonnés”. Puis il aurait refusé de passer le conseil de révision : “Je ne veux pas tirer sur mes frères, " avait-il déclaré lors du tirage au sort le 12 février, “à bas la Patrie, à bas les frontières, je refuse de tirer !…”. Il fut également l’objet d’une contravention pour y avoir distribué le journal anarchiste Le Conscrit (voir Charveron). Bourguer fût arrêté chez sa compagne Plonquette le 3 avril et le 21 mai condamné à deux ans de prison et 200f d’amende.Un compte rendu du procès fait par Prudhomme a été publié dans Le Père Peinard. A l’automne 1893 il était détenu à la prison de Clairvaux avec entre autres Sébastien Faure et Fortuné Henry. A sa sortie de prison le 26 mai 1894, il avait été envoyé sous les drapeaux dans un régiment de Zouaves à Constantine (Algérie) et ne sera libéré, semble-t-il, que début mai 1897.

En 1897 il était l’un des rédacteurs de La Cravache (Roubaix, 11 niméros du 14 novembre 1897 à 22 janvier 1898) puis du titre qui le suivit Le Cravacheur, dont il devint gérant à partir du numéro 6 à la place de A. Sauvage (neuf numéros, 4 février à 16 avril 1898). Il collaborait à la même époque à l’hebdomadaire anarchiste Le Droit de vivre publié à Paris par Constant Martin (n°1, 23 avril à n°9, 15 juin 1898). Le 12 avril 1899 il avait participé au café "Le cruchon d’or" à la la création du groupe L’En dehors dont faisaient égalemnt partie Lapinte, Geoffroy, Prdhomme Albert d’Iris, Desfossez et A. Marquette. En juillet 1899 il fût l’auteur d’un tract anticlérical publiant les noms de prêtres condamnés dans des affaires de moeurs et dénonçant “les ensoutanés” et “les cafards de sacristie".

Il représenta les Bourses du Travail de Bordeaux (Gironde) et de Reims (Marne) au Xe congrès de la Fédération nationale des Bourses du Travail de France et des colonies tenu à Alger du 15 au 18 septembre 1902. Il fut également délégué au XIe congrès national corporatif — 5e de la CGT — tenu à Paris en septembre 1900 et au XIIIe congrès tenu à Montpellier, septembre1902 ou il représentait la fédération du Textile et la Bourse du Travail de Reims. A l’automne 1902 il avaitété maintenu sur les listes des anarchistes du département.

En septembre 1903 il fût avec entre autres Charles Dhooghe, V. Grimbert et Louis Maillard l’auteur d’un appel à la suite duquel fût constitué le groupe Les iconoclastes dont furent entre autres membres Beauvilain, Deverly, Boucher, Quirin, Prudhomme, Lossing et C. Liénard. La première réunion du groupe, à laquelle avaient assisté 24 compagnons, avait eu lieu le 27 septembre au Café Caramines, 2 rue des Romains. Le mois suivant il fut envoyé effectué une période de 28 jours au 151e Régiment d’infanterie de Verdun.

Entre 1906 et 1913 il allait être l’un des principaux rédacteurs avec Charles Dhoogue et Victor Grimbert d’une nouvelle série du journal La Cravache (Reims, 115 numéros) et où il traitait surtout des questions syndicales et anticléricales.

En 1905, Bourguer s’installa à Tourcoing et adhéra à l’Union des Travailleurs de Reims ; il était alors gérant du journal anarchiste du Nord Le Combat paru successivement à Tourcoing, Lille, Roubaix entre 1905 et 1914… Bourguer faisait à ce moment des conférences dans le Nord et à Reims. Il appartenait au conseil d’administration de la Bourse du Travail de Reims où il résidait rue Croix Saint-Marc chez Uhry le président du syndicat des marchands de quatre saisons. En 1906 il demeura également 22 rue de Strasbourg à Reims.

À l’automne 1907, Bourguer, dont la compagne était malade avec à charge un enfant de 12 ans, fut condamné à vingt ans de travaux forcés et d’interdiction de séjour pour recel d’un fauteuil volé trouvé chez lui, et ce bien que le voleur ait déclaré au procès que Bourguer n’était pas au courant. Au moment de la perquisition Bourguer se trouvait à la Bourse du travail de Reims où un agent cycliste était venu le chercher. N’ayant pas de mandat d’arrestation Bourguer avait refusé de le suivre, puis après s’être renseigné sur la gravité des faits qu’on lui reprochait, avait quitté Reims.
Il réussit par la suie à s’enfuir aux États-Unis avec les papiers d’un compagnon et s’installait à Philadelphie.

Affaire Bourguer (1907)

Après la première guerre mondiale, il revint en France et s’installa à Trélazé près d’Angers. Sa peine ayant été couverte par la prescription, il revint faire à Reims une conférence à la Bourse du Travail où il déclara : “Anarchiste, je suis parti, anarchiste je reviens.”


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