Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
POIRIER, Clovis “{CLOVYS}”
Né le 13 mai 1885 à Paris (14e arr.) – mort le 25 avril 1955 - Ouvrier relieur ; peintre ; chansonnier - AIA - Paris
Article mis en ligne le 29 janvier 2009
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.
Clovis Poirier

Fils d’un cuisinier et d’une femme de ménages devenus marchands de vins, Clovis Poirier, sous le nom de Clovys, allait acquérir une popularité certaine dans le mouvement ouvrier et libertaire par les très nombreuses chansons sociales dont il allait être l’auteur et l’interprète. Apprenti relieur à la sortie de l’école primaire il exerça de nombreux petits métiers dont homme de peine, triporteur, employé de commerce, peintre et mécanicien.

A l’automne 1905 il demeurait rue de la Verrerie et était le secrétaire de la section du IVe arrondissement de l’Association internationale antimilitariste (AIA).

Dès le début des années 1910 il collaborait aux activités du groupe de chansonniers révolutionnaires La Muse rouge où, outre ses textes, il introduisit également des poésies de Gaston Couté qu’il contribua à faire connaître. Avec notamment Charles D’Avray, Paul Paillette, M. Doublier, etc., il anima notamment les fêtes du Libertaire, de L’anarchie, de la CGT et de l’Université populaire du faubourg Saint-Antoine. Il était à cette époque domicilié 4 rue Carnot à Levallois (Hauts-de-Seine).

Exempté de service militaire - position dans laquelle il avait été maintenu en décembre 1914 - et non mobilisé lors de la première guerre mondiale, il devint l’un des piliers du groupe de chansonniers révolutionnaires La Muse Rouge dont, à partir de 1917 après la mort au front en avril 1916 de Maurice Doublier, il sera le directeur jusqu’en 1926. Pendant la guerre avec les quelques camarades qui n’avaient pas été mobilisés, dont Mouret, Coladant et M. Hallé, il s’efforça dans une semi-clandestinité de maintenir l’esprit de la Muse, notamment en allant chanter pour L’Avenir social l’orphelinat de Madeleine Vernet. C’est à cette époque qu’il écrivit le poème pacifiste Zimmerwald-Kienthal. En 1918 il travaillait comme chef de service à l’Union des coopérateurs.

Il fut après guerre le fondateur et le gérant de la première série de La Muse Rouge (Paris, 12 numéros de janvier 1922 à 1926), sous-titrée « revue de propagande révolutionnaire par les arts » où furent publiées de nombreux textes et chansons notamment d’Eugène Bizeau, André Colomer, Gaston Couté, Sébastien Faure, C. A. Laisant, Louis Loréal, Jules Rivet et Madeleine Vernet. La revue était imprimée à La Fraternelle de Sébastien Faure. Elle sera suivie d’une nouvelle série (1932-1934) animée par Jean-Paul Monteil qui aurait publié treize numéros. Il collabora également aux fascicules Nos Chansons (Paris, au moins 20 fascicules de 1918 à 1930) publié par Coladant sous l’égide de la Muse rouge.

Clovis Poirier

Parallèlement Clovys donnait de nombreux titres à différents journaux anarchistes dont la série quotidienne du Libertaire (1923-1925) et participait à de nombreuses fêtes organisées par les organisations ouvrières et libertaires où, outre son répertoire, il interprétait également d’autres auteurs, notamment Gaston Couté.

En 1922, à l’occasion du mariage du maréchal Pétain, il publiait un texte intitulé Hyménée maréchalesque dont le refrain était : “Ohé les morts, les estropiés, Le maréchal Putain vient d’se marier !"

Fin 1926, suite à une maladie et sans doute aux tensions survenues dans le groupe entre libertaires et communistes, il abandonnait la direction du groupe.

Après la Seconde Guerre, Clovys continua de donner de nombreux textes à la presse libertaire dont Le Combat syndicaliste (Paris) à organe de la CNT, Défense de l’homme (Paris) de Louis Lecoin et Louis Dorlet, l’hebdomadaire de la Fédération anarchiste Le Libertaire, Pensée et Action (Bruxelles) de Hem Day, L’Unique (Orléans) d’E. Armand, La Voie de la Paix et Contre Courant (Paris) de L. Louvet au profit duquel il participa le 14 mars 1953 à un gala de soutien à la salle des sociétés savantes avec entre autres Rachel Lantier, Léo Campion et Paul Primert.

Clovys qui termina sa vie dans le dénuement à l’hospice d’Ivry bénéficia de la solidarité d’un groupe d’entraide qui publia à son bénéfice une plaquette rassemblant onze de ses meilleurs chansons et organisa un gala de solidarité le 13 février 1955. Clovys était alors hospitalisé à Debrousse où il décédait le 25 avril suivant.

Peu avant sa mort il avait écrit : « Je me suis efforcé de vivre en me consacrant selon mes faciltés et possibilités, et pendant près d’un demi-siècle, à la propagande par la chanson et le théâtre de l’idéal anarchiste auquel je me suis rallié vers ma vingt-cinquième année » (cf. R. Brécy)

Oeuvres : Clovys a été l’auteur de très nombreux poèmes et chansons dont : Le Droit d’asile, Je suis boy-scout, Les chansonniers de la paix tués par la guerre (1916), Zimmerwald Kienthal, Ce n’est pas enFrance (1917), Sur un portrait, Par la chanson, Hyménée maréchalesque (1922), Je suis la chanson, Compte là-dessus, La Voix des prisons, Nos retraites ouvrières, Lettre de Pitou, Le major Ipéca, En écoutant Sébast, Dans la jungle humaine.


Dans la même rubrique

PLUCHE, Emile « LEPLUS »
le 10 avril 2024
par R.D.
POLTI, Francesco
le 20 octobre 2023
par R.D.
POLLET, René
le 20 octobre 2023
par R.D. ,
Dominique Petit
POLIKHOVICH, Alexei
le 25 juin 2023
par R.D.
PODESTA, Antonio, Delfino
le 16 décembre 2019
par R.D.