Auguste Albert Philippe, ancien candidat abstentionniste aux élections législatives de 1892 et animateur du groupe anarchiste d’Angers où il demeurait 42 rue de Paris, avait été arrêté en octobre 1893 pour « association de malfaiteurs » ; dans la soirée du 9 décembre, alors que l’on venait d’apprendre l’attentat de Vaillant à la Chambre des députés, il s’était écrié en passant devant deux agents « Venez donc les gars, nous allons dîner en l’honneur de la Chambre des députés ; jamais on a vu les députés se sauver comme en ce moment », puis il avait refusé de suivre les agents au commissariat et avec les camarades qui l’accompagnaient était entré chez le compagnon Maillard. Le 22 décembre suivant le compagnon Chevry, qui sera condamné ensuite à 5 ans de travaux forcés avec Meunier, fut arrêté, porteur de nombreux placards anarchistes, à la sortie du domicile de Philippe qui, à son tour arrêté, bénéficia d’un non-lieu en mars 1894. avant d’être de nouveau arrêté le 13 avril puis condamné aux Assises du Maine-et-Loire le 30 mai 1894 à cinq ans de prison avec sursis pour « association de malfaiteurs ». Au même procès avaient été condamnés les compagnons Meunier (7 ans de travaux forcés), Chevry (5 ans de travaux forcés) et Fouquet (2 ans de prison).
En 1895-1896, il donna plusieurs conférences anarchistes notamment à Angers où il était alors le secrétaire du groupe L’Action sociale, puis après avoir été licencié par son patron, à Saint-Nazaire. A l’été 1896 il résidait à Melun (Seine-et-Marne) où il avait notamment fait une conférence le 13 août et où il avait été fiché comme “anarchiste militant très dangereux”. Il y était alors particulièrement lié au compagnon sculpteur sur bois Jules Raimbault avec lequel il travaillait. Il était également lié à cette époque à un certain Ludovic Philippe (s’agit-il d’un frère ?).
Début janvier 1897, suite au départ de Melun de Raimbault et d’un groupe de menuisiers — dont Frick, Gerce, Lebreton, Finet, Lebreton, Roucas et Lainé — il allait à Reims avec sa concubine et ses deux enfants. En mai (ou mars) 1897 il arrivait de Reims à Roubaix en quête de travail puis partait un mois à Londres avant de revenir à Roubaix où il devenait le gérant du journal La Cravache (Roubaix, 11 numéros du 14 novembre 1897 au 22 janvier 1898) où, selon René Bianco, il aurait signé ses articles Léon Wolke. Le 29 décembre 1897 Philippe, qui résidait 7 rue du Mont d’Arène à Reims avec sa concubine et ses deux enfants, était condamné par le tribunal correctionnel à un mois de prison et 50f d’amende pour « diffamation envers le maire de Roubaix » que dans La Clameur il avait traité de “voleur”. Cette condamnation faisant tomber le sursis de la condamnation antérieure, il s’enfuyait en Grande-Bretagne et était remplacé à la gérance du journal par Jean Bourguer et A. Sauvage.
En février 1898, le journal Le Cravacheur (Roubaix, 9 numéros du 4 février au 16 avril 1898) publiait une lettre de A. Philippe datée de Londres le 12 février où ayant appris les poursuites lancées à la suite d’articles signés Léon Volke dans La Cravache dont il revendiquait la responsabilité : « J’apprends par les journaux que des poursuites sont lancées contre Charles pour des articles que j’ai fait et signé Léon Volke. Il serait injuste que ce camarade soit inquiété pour des articles qu’il n’a pas fait ni signé et par contre tout naturel que la responsabilité retombe sur moi. Si j’ai pris le pseudonyme de Léon Volke pour signer quelques articles de moi, c’est uniquement pour faire croire à un plus grand nombre de rédacteurs qu’il y avait en réalité à La Cravache et montrer ainsi, que moi disparu, il en restait d’autres pour continuer la lutte.… »
Le 17 mars 1898, suite à l’article “Bêtes féroces” (La Cravache, 22 janvier 1898), il fut condamné par défaut par le tribunal de Lille à 6 mois de prison et 100 francs d’amende pour “provocation au meurtre par voie de presse”, peine dont il fut amnistié le 27 décembre 1900.
Au début des années 1900 il figurait sur l’état vert n°4 des anarchistes et était signalé comme ayant disparu du département de la Savoie.
Au printemps 1902 il était à Paris avec sa compagne et participait à la campagne abstentionniste notamment dans le XVIIIe arrondissement. A l’été il fut nommé gérant de du Libertaire où il avait remplacé Francis Jourdain. Il fut remplacé début avril 1903 par Pierre Boissié.
Selon la police il aurait tenu en 1907, sous le nom d’Albert, un petit café rue Gambetta à Reims, tout en continuant à exercer son métier et aurait collaboré à La Cravache (Reims, 115 numéros du 15 décembre 1906 au 29 novembre 1913) animé par Jean Bourguer, Charles Dhooghe et Victor Grimbert. A l’été 1907 il avait activement participé au mouvement de grève organisé dans le bâtiment par la CGT.
Auguste Albert Philippe est décédé à Londres le 22 octobre 1917.