Après avoir travaillé en Normandie comme ouvrier agricole, Victor Pedro était au début des années 1910 le secrétaire du syndicat des terrassiers de Paris.
En mars 1910, lors de l’affaire Aernoult-Rousset, il avait été l’un des 16 signataires (avec entre autres Goldsky, René de Marmande, Matha, Girard et Thuilier, de l’affiche A bas Biribi. En juillet suivant tous les signataires bénéficièrent d’un acquittement.
Militant syndicaliste révolutionnaire partisan de l’action directe et suspecté d’appartenir à l’Organisation de combat, il était l’objet en 1911 de nombreux rapports de police : le 21 mai, après s’être vanté d’avoir la veille, pisté un jaune et de « L’avoir mis dans un tel état qu’il ne reprendra pas le travail de sitôt », il aurait ajouté « Lorsque les camarades connaîtront les adresses des jaunes, ils doivent faire le nécessaire pour que ces rénégats soient sérieusement passés à tabac et aillent faire un séjour à l’hôpital » (rapport du 22 mai). Le 29 mai il conseillait toujours la « chasse aux renards » et engageait ses camarades en grève « à saboter le matériel des entrepreneurs et, au besoin à saboter les trains du réseau de l’État » (cf. rapport du 29 mai). En juillet suivant il préconisait « Les moyens les plus violents pour empêcher les patrons d’opérer une retenue sur les salaires pour les services des retraites ouvrières » (cf. rapport du 2 juillet) et en août protestait contre les poursuites intentées lors de l’affaire du « Sou du soldat » et faisait des déclarations antimilitaristes (cf. rapport du 14 août).
Le 23 décembre 1911 il fut l’un des orateurs — aux cotés de Thuillier et Bodechon (CDS), François Marie (union des syndicats de la seine), Yvetot et Péricat (CGT), R. de Marmande (Comité Rousset), Jacquemin (FRC), Sébastien Faure et Quillard (Ligue des droits de l’homme) — d’un grand meeting tenu en soutien de Rousset qui venait d’être condamné aux travaux forcés.
Puis, il retourna, semble-t-il en Normandie où vers 1913 il était le secrétaire du syndicat des travaux publics du Calvados et résidait 8 rue du Gaillon à Caen.
Après la guerre où il avait été mobilisé (notamment au 167e régiment d’infanterie) et blessé à plusieurs reprises, il reprit le militantisme syndical. Tuberculeux, il décédait à Clichy le 16 septembre 1920. Un groupe des Amis de Pedro, dont le secrétaire était Frago, fut alors constitué pour aider sa compagne et ses deux enfants.