Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MOREL, Louis

Né à Lyon le 14 octobre 1862 — Ouvrier cartonnier — Lyon (Rhône) — Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 24 septembre 2008
dernière modification le 23 juillet 2024

par R.D., René Bianco

Louis Morel, qui selon la police aurait vécu de 1880 à 1889 en Algérie où il était déjà en contact avec des anarchistes, avait milité d’abord à Lyon avant de venir s’installer à Marseille avec sa compagne Félicie Merlin. Dès son arrivée il prit la gérance du numéro 2 et dernier (avril) du périodique bilingue français-italien L’Anarchia (Marseille, n°1 le 18 mars 1890) fondé par les anarchistes de langue italienne dont Victor Villagi, Gaetano Naglia, Parini et Decimo Garinei. Il demeurait alors 5 rue Victoret et était membre du groupe Les Rénovateurs qui était plutôt opposé à l’action syndicale et dont faisaient entre autres partie Barnouin, Jacques Boisson, Cheylan, les frères Dol, J.B. Traverso, etc. Il milita ensuite activement et se signala particulièrement par son zèle à diffuser la presse anarchiste.

Puis il assuma la gérance des huit premiers numéros de L’Agitateur (Marseille, 12 numéros du 1er mars au 15 mai 1892) — journal lancé grâce aux bénéfices des conférences antireligieuses de Sébastien Faure — avant de s’enfuir de la ville en avril pour se soustraire à l’exécution d’un mandat d’arrêt décerné contre lui pour « escroquerie » en complicité avec Charles Maury. Le 24 novembre de la même année il était condamné par la cour d’assises des Bouches-du-Rhône à deux ans de prison et 3.000 francs d’amende pour « excitation au meurtre, pillage et incendie ». Il demeurait à cette époque rue Gambony dans le quartier de la Bourse. Il avait été remplacé à la gérance du journal par Victor Louis. Le 19 mai 1892 le tribunal correctionnel l’avait condamné par défaut à deux amendes de 100 francs pour “fausse déclaration relative à l’imprimerie du journal” et “omission du dépôt légal”.

Il serait ensuite allé à Béziers, Narbonne, Perpignan où sous le faux nom de Émile Aviette il aurait été vendeur de journaux, avant de passer en Espagne où il allait rester 17 mois avant de rentrer en France début 1894 et de résider à Béziers sous le nom de Baron.

En février 1894, Morel, qui aurait également séjourné à Alger, avait été signalé comme ayant disparu de Lyon.

Le 20 septembre 1894, à Narbonne où il résidait depuis plusieurs semaines chez le compagnon Philippe Raynaud, il subit une nouvelle condamnation à 15 jours de prison pour « falsification de livret de chasse ». Transféré à Marseille il était condamné peu après (10 octobre 1894) à un mois de prison pour “escroquerie”. En février 1895 il assura un moment la gérance de l’hebdomadaire Le Balai. Le 18 avril suivant il fut arrêté à l’issue de la conférence donnée par Bernard Lazare au Théâtre Chave et qu’il avait présidé, mais était relâché presque aussitôt. L’année suivante il était arrêté le 10 mars pour « vol qualifié » puis relaxé. Mais le 21 avril la police venait l’arrêter à son domicile et le 30 avril 1896 il était condamné pour « tentative de vol avec effraction » à 5 ans de prison et 5 ans d’interdiction de séjour. Détenu à la Maison centrale de Nîmes (Gard), il fut rayé de la liste des anarchistes des Bouches-du-Rhône le 1er décembre 1896. Cependant Louis Morel revint dès 1897 à Marseille où il participait à divers cambriolages. Il fut alors suspecté d’être au service de la police.


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