Dictionnaire international des militants anarchistes
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MESSEROTTI, Vittorio
Né à Soliera le 8 mai 1881 – mort le 11 octobre 1950 - Maçon - USI – CGTU - Suisse – Modène – Paris
Article mis en ligne le 31 juillet 2008
dernière modification le 10 septembre 2023

par R.D.

C’est en Suisse où il était venu travailler que Vittorio Messerotti avait adhéré au mouvement libertaire. Il y participa activement aux luttes syndicales et, en septembre 1908, fut expulsé après s’être affronté à des « jaunes » lors d’une grève. De 1909 à 1912 il allait résider en Alsace-Lorraine dont il fut expulsé puis au Luxembourg avant de retourner en Suisse où en juillet 1913 il fut arrêté pour « propagande anarchiste » ce qui déclencha en solidarité une grève des 500 ouvriers italiens construisant une ligne de chemin de fer. Expulsé de Suisse, il regagnait l’Italie où à l’été 1914 il était le secrétaire du groupe anarchiste de Modène et membre de la commission de contrôle de la Chambre du travail syndicaliste. Appelé sous les drapeaux en août 1915, et en raison de sa « dangerosité » il était envoyé en Tripolitaine (Libye).

Revenu à Modène en mars 1919 il reprenait ses activités syndicales, était nommé secrétaire de Chambre du Travail et directeur de son organe La Bandiera operaia. Il était également le secrétaire général du syndicat national des ouvriers agricoles de l’USI qui avait son siège à Modène. Accusé d’avoir participé à l’affrontement armé du 15-16 mai 1920, après la mort le 5 avril précédent de 5 ouvriers, il fut condamné à 2 ans et un mois de prison.

Libéré en mars 1922, il émigrait alors en France où il adhérait à l’Union anarchiste et à la Fédération du bâtiment de la CGTU. Il collabora au Libertaire de décembre 1923 à mars 1925. En 1924 il fut avec Le Pen l’un des animateurs du Comité Castagna (voir ce nom). Membre de la commission exécutive de la Fédération du bâtiment, il fut désigné comme délégué à la propagande auprès des étrangers lors du congrès tenu à Lyon en juin 1925 par la majorité de la Fédération qui venait de rompre avec la CGTU suite à la main mise du Parti communiste sur l’organisation syndicale. Le 20 mai 1925, il avait été l’orateur du "meeting antifasciste et antiguerrier" tenu par la Jeunesses anarchiste à la salle de la Grange aux Belles et dont les autres orateurs étaient Bastien, Chazoff, Colomer, Boudoux, Le Meillour, Lepoil et Mauzes. Il était à l’époque membre du Comité d’émigration de l’USI à Paris. Il participa alors à la Légion garibaldienne (qui était manipulée par un agent fasciste).

Fin 1925 il rentrait en Italie avec 4.000 lires données par la Coopérative anarchiste de Sartrouville et dans l’intention d’organiser un attentat contre Mussolini. Il allait d’abord à Gênes puis à Turin où il était arrêté. Transféré à Modène, il était condamné le 24 novembre 1926 à 5 ans d’isolement d’abord à Ustica puis à Ponza et à Lipari. Libéré en novembre 1931 il retournait à Modène où il était l’objet d’une étroite surveillance. Après avoir tenté d’émigrer légalement en Afrique, il participa avec d’anciens socialistes locaux au journal Giustizia Sociale, une tentative pour « faire revenir le syndicalisme fasciste à ses origines révolutionnaires » et obtenir la reconnaissance du droit de grève. Le journal sera finalement interdit par les autorités mais cette collaboration ne lui sera pas pardonnée par les anarchistes de Modène qui à la libération l’isolèrent immédiatement. Vittorio Messerotti se retira alors de toute vie politique, et au retour de son fils de déportation en Allemagne, se fit interner, semble-t-il après avoir essuyé un refus d’adhésion au PCI, dans un hospice. V. Messerotti est décédé à Modène le 11 octobre 1950.