Dictionnaire international des militants anarchistes
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MEREAUX, Émile, Louis
Né à Laon (Aisne) le 7 septembre 1858 - mort le 21 juillet 1922 - Ouvrier ébéniste - Paris – Montreuil (Seine-Saint-Denis)
Article mis en ligne le 30 juillet 2008
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.
Émile Mereaux

Fils d’un ouvrier aux chemins de fer, Émile Méreaux, qui était selon Jean Grave « un garçon calme et pondéré » fut le gérant de la nouvelle série parisienne du journal Le Révolté (Paris, 12 avril 1885 à 10 septembre 1887) publié précédemment à Genève, qui dès son deuxième numéro fixa son siège au 140 rue Mouffetard chez Jean Grave et fut remplacé le 17 septembre 1887 par le titre La Révolte (Paris, 1887-1894). Dès les premiers numéros il fut condamné le 3 septembre 1887 en tant que gérant à 15 jours de prison, 500f d’amende et la privation des droits civiques pour la publication des résultats d’une tombola en faveur de la Ligue des Antipatriotes dont deux jeunes membres Niquet et Bidault écopèrent également de la même peine. Il avait été remplacé à la gérance par Émile Habert.

En octobre 1885, il avait participé à la campagne menée par les groupes abstentionnistes des XIe et XXe arrondissements.

En 1886, il avait adhéré au Groupe cosmopolite de Charles Malato, Jacques Prolo et Schiroky. C’est sous son influence que ce groupe socialiste révolutionnaire devint anarchiste. Malato le disait « convaincu jusqu’au fanatisme, modeste, d’allures sympathiques » et « affligé d’un bégaiement qu’il perdit plus tard en prison ». En mai de cette même année, il avait participé avec Louiche, Diamasis, Alexandre et Mareuil à la fondation du Groupe anarchiste du quartier du Père Lachaise.

En août 1887, il aurait été mêlé à un projet de vol pour financer le journal L’Avant garde cosmopolite (voir Landriot). Il demeurait alors 3 rue Lémon.

Le 16 octobre 1887, à Ménilmontant, en sortant de la réunion restreinte ayant suivi chez un marchand de vins un meeting de solidarité avec les anarchistes de Chicago organisé par la Ligue cosmopolite salle Favié, il était arrêté avec entre autres Niquet et Varoquaux après avoir tiré des coups de revolver sur la police et blessé légèrement un sergent ; selon Émile Darnaud, il s’était défendu après avoir été “victime d’une inqualifiable agression de la police… attaqué à coup de sabre”, causant une profonde blessure au sein gauche. Le 5 janvier 1888 la cour d’assises le condamnait à 4 ans de prison (ou 2 ans ?) qu’il purgea à Poissy et à 16 francs d’amende. Lors de l’audience, lorsque le président lui avait demandé pourquoi il avait tiré, Méreaux avait répondu : “Je n’avais pas besoin d’attendre d’être frappé pour me défendre. Voyant les agents arriver sur moi, j’ai tiré. Je ne suis pas un chien enragé. J’ai défendu ma liberté… J’ai été attaqué, je me suis défendu. Peu m’importe ce que vous pouvez en penser”.

Selon un rapport de police de décembre 1887, il y avait eu un projet de faire évader Méreaux organisé par les groupes anarchistes. Après lui avoir fourni une lime par l’intermédiaire de Tennevin, un groupe devait attaquer la voiture cellulaire entre le Pont Sully et la Bastille, lors d’un transfert à la prison de Mazas, mais Méreaux, à "la grande surprise des compagnons", avait refusé ce plan.

Vers 1892 il fonda à Montreuil, où il habitait 19 rue Armand Carrel, une sorte de communauté anarchiste qui était un essai de coopérative de production pour « prouver par la production, l’échange anarchiste, la supériorité de notre économie sur l’économie politique et bourgeoise actuelle » (cf. La Révolte, 26 novembre 1892). E. Méreaux fut le responsable de la correspondance de ce groupe. Le 22 avril 1892, comme de nombreux compagnons tant à Paris qu’en province, il fut arrêté préventivement à la manifestation du 1er mai. L’année suivante les fondateurs de cette commune anarchiste auraient été emprisonnés quelques mois à Mazas (cf. Libertaire, 4 août 1922).

Au printemps 1893, avec plusieurs compagnons dont Jean Mérigeau, il avait loué un atelier au 83 rue des Haies à Paris où étaient fabriqués des meubles et où se réunissaient les compagnons des XIe, XIIe et XXe arrondissements.

Le 1er janvier 1894, lors des rafles suivant l’attentat de Vaillant à la Chambre des députés, il avait été l’objet d’une perquisition qui s’était révélée infructueuse. Il habitait alors 14 rue du Ruisseau à Bagnolet où le 4 mars il fut l’objet d’une nouvelle perquisition et mis en état d’arrestation. Il fut emprisonné quelques mois à Mazas.

Vers 1895 il était l’animateur du groupe Les Soirées de Montreuil qui fut à l’origine sous le nom Les Soirées ouvrières de la première université populaire. Il collabora à cette époque au journal Les Temps nouveaux (Paris, 1895-1914) de Jean Grave.

Lors de la première guerre mondiale il rallia dans un premier temps, au nom de « la guerre du Droit », les partisans de l’Union sacrée autour de Jean Grave et du Manifeste des 16 (février 1915). Un an plus tard estimant s’être trompé, il fit l’un des signataires du manifeste La Paix des peuples adressé aux abonnés des Temps nouveaux par les anarchistes opposés à la guerre. Émile Méreaux est décédé le 21 juillet 1922 « avec la foi que la vérité est dans l’anarchie » (cf. Libertaire, 4 août 1922)