Dictionnaire international des militants anarchistes
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LERETOUR, Gérard, Bernard
Né à Houlme (Seine-Maritime) le 8 novembre 1909 - mort le 29 août 1990 - Ouvrier mécanicien - Paris – Santiago (Chili)
Article mis en ligne le 7 avril 2008
dernière modification le 14 septembre 2023

par R.D.

En 1929 Gérard Leretour avait été condamné par contumace par le tribunal de Nancy pour insoumission. Réfugié en Belgique, il se constitua prisonnier le 5 janvier 1933 à la gendarmerie de Suresnes et fut incarcéré à la prison du Cherche-Midi où il commença immédiatement une grève de la faim tandis que d’autres objecteurs - E. Guillot, Georges Chevé, Henri Ferjasse, Roger Lippler et Jean Especel - se solidarisaient avec lui. Dans une lettre du 18 janvier, il refusait toute hospitalisation pour l’alimenter de force : “… Si cela est, je résisterai tant que je le pourrai. Lorsque je ne pourrai plus, je me suicide, mais je ne céderai pas” (cf. La Voix Libertaire, 28 janvier 1933).

Après sa libération il fonda en juillet 1933 la Ligue des objecteurs de conscience dont le secrétaire était Eugène Lagot. A l’automne 1933, pour attirer l’attention sur l’objecteur Ferjasse qui menait depuis 30 jours une grève de la faim, Gérard Leretour, Lagot, A. Daunay et les insoumis Hauchecorne, Madec et Bernard mutilaient la statue de Paul Déroulède située place Laborde dans le 8e arrondissement, action dont se désolidarisa la Ligue des combattants de la paix (LICP). Arrêté Leretour était interné à la prison de la Santé puis condamné à 18 mois de prison tandis que le 13 novembre la Ligue des objecteurs était dissoute par le gouvernement. Dès son incarcération Leretour commença une grève de la faim pour obtenir le statut politique. Au bout de 17 jours, le 17 janvier 1934, il était mis au cachot où il commençait une grève de la faim et de la soif. Dans une lettre adressée à Lagot, il écrivait : “… Je suis très malade mon vieux Lagot, j’ai des douleurs nerveuses dans la tête et des névralgies qui, me rendent fou. Prévenez nos amis que je n’ai plus le droit d’écrire… Je deviens fou en prison, il est temps que j’en sorte, car je crains fort pour ma vie ou tout au moins pour ma santé qui dès maintenant est aux trois quarts compromise. Je mourrai peit être mais ne céderai pas…”. Au bout d’une semaine et après deux crises cardiaques, il était transféré à l’infirmerie de Fresnes où il continuo son mouvement jusqu’au 13 février où, à la demande de sa famille, il acceptait de se réalimenter. Il fut libéré de la prison de Fresnes le 10 janvier 1936 à la suite d’une mesure de grâce.

En 1936 Leretour reconstitua la Ligue des objecteurs sous le nom de Centre de défense des objecteurs de conscience, dont il était le Président d’honneur et dont le siège se trouvait à son domicile, 7 square de Gascogne. Il fonda son organe Rectitude (Paris, 13 numéros du 25 novembre 1936 au 3 mars 1937) dont le gérant fut Ladislaw Nutchimowitch Nuchi puis André Duret (Roger Boutefeu Coudry). Le journal était tiré à 1.000 exemplaires sur les Presses pacifistes, 24 rue des Tounelles. En juillet 1936, dans les colonnes du journal Terre libre, il appelait « tous les pacifistes d’action…à constituer partout des Comités de défense des objecteurs de conscience… le seul vrai moyen d’aider à la libération de nos camarades emprisonnés ».

Dès le début de la guerre d’Espagne Leretour fut membre du Comité anarcho-syndicaliste pour la défense et libération du prolétariat espagnol fondé en août 1936 et réunissant l’Union Anarchiste, la Fédération Anarchiste de langue française (FAF) et la CGTSR. En janvier 1937, suite à des propos tenus dans un meeting au Mans, il fut arrêté et incarcéré à la Santé. En octobre avec R. Rousseau, M. et Charles Laisant il publiait le numéro unique du journal L’Insurgé – le vrai (Paris) pour protester contre l’utilisation du titre fondé par J.Vallès par des hommes de droite dont l’écrivain Thierry Maulnier et l’antisémite Edouard Drumont.

En 1939 pour échapper à la mobilisation, Leretour s’exila au Chili où il se maria au début des années 1950. En relations avec Louis Lecoin, il revint passer quelques semaines en France en mars 1967 pour y revoir sa sœur. Il se présenta à cette occasion aux autorités militaires : « Ce ne fut qu’une formalité ».

Gérard Leretour est décédé le 29 août 1990 à Bulnes (Chili).

Selon Léo Campion, Gérard Leretour aurait été franc-maçon.

Oeuvres : - Soldat ? Jamais (Ed. de l’Idée libre, 1933).


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