Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
“{LAW, Jacob}” LEV, Yankev
Né le 15 mai 1885 à Balta (Ukraine) - Tailleur - New York - Paris
Article mis en ligne le 7 mars 2008
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.

C’est pour fuir les pogroms que Yankev Lev, fils d’Abraham de et de Lobel Gourevitch, avait émigré en 1905 avec sa famille aux États-Unis où il avait pris le nom de Jacob Law et avait commencé à travailler comme tailleur. C’est à la lecture à Odessa des poèmes de David Edelstadt, qu’il devenait anarchiste.

Début août 1906,à bord d’un navire servant au transport du bétail, il arrivait en France puis à Paris où il allait demeurer d’abord chez sa tante Sarah Kroupénine (née Gourevitch, à Anoniev) qui était veuve deuis pliieurs années, avait deux filles, et travaillait comme brocanteuse sur le Carreau du Temple. Elle demeurait 16 rue de l Corderie. Jacob, après novembre 1906 - date à laquelle sa tante n’avit plus voulu qu’il vive à ses dépens, résida chez divers tzilleurs et chez un cousin, puis, à partir de mars 1907 chez un autre tailleur, Mordko Kodrovski, 51 rue Ordener.

Ses parents étaient restés à New York.

Lors de la manifestation du 1er mai 1907 à Paris, Jacob Law avait ouvert le feu sur des cuirassiers à cheval, dont l’un fut légèrement blessé, depuis l’impériale d’un omnibus (Madeleine-Bastille) où il fut arrêté après avoir été à demi lynché par la foule et surtout des policiers. Dès le 12 mai, Eugène Peronnet dénonçait dans les colonnes du Libertaire "les mensonges de la police". Le 25 mai 1907, J. Grandjouan publia dans L’Assiette au beurre un dessin de l’arrestation de Law (voir portfolio). Law que le journal le Figaro (2 & 4 mai 1907) décrivait comme ayant “des cheveux d’un rouge ardent et une tête de nihiliste” et qui avait revendiqué son acte lors du procès aux Assises, fut condamné le 10 octobre à 15 ans de travaux forcés et envoyé au bagne de Guyane où il arrivé en août 1918.

En 1913 le Comité de défense sociale et le mouvement anarchiste lancèrent une grande campagne pour obtenir son amnistie. Début août alors qu’il venait de passer 35 jours en cellule, il avait écrit : “Camarades anarchistes, Je vous prie au nom de notre grande idée, de faire savoir à la presse anarchiste, en France et partout, que je suis en proie à une fièvre terrible et que j’ai même été près de la mort, ayant passé à l’hôpital cent dix jours. J’ai déjà fait 376 jours de cellule, souffrant terriblement de faim, de saletés et de privations de topâtes sortes, tout cela parce que je ne veux pas donner bénévolement ma force et ma vie à l’administration. Les prisonniers tombent comme des mouches, le climat étant mortel pour les européens. Protestez, sinon on finira par me tuer ici”. (cf. Les Temps nouveaux, 15 novembre 1913).

En 1922 Le Libertaire lançait une campagne pour l’amnistie de Law et aussi de G. Berton, E. Cottin, G. Rolland, etc. A cet effet étaient édités des milliers de papillons gommés (reproduits dans les numéros du 16 juin 1922 & du 29 juin 1923). En janvier 1924 Le Libertaire relançait une campagne en sa faveur.

Libéré en mai 1924 (ou 1925 ?) suite à ue amnistie qui lui évitait le doublage et la résidence forcée en Guyane, il revenait à Paris où il continuait de fréquenter le milieu anarchiste et publiait ses mémoires du bagne dans lesquelles il portait un jugement sévère sur l’attitude des autres anarchistes qu’il avait croisé en Guyane : De Boë, Metge, Alexandre Jacob, Bour, Rodriguez… À deux exceptions près : « Dieudonné, seul, a su vivre seulement par son travail, sans porter préjudice à ses camarades du bagne. » et aussi C. Duval qu’il n’avait pourtant pas rencontré : “A part Duval, aucun n’a vécu en anarchiste”.
En août 1925, il lançait dans Le Libertaire un appel pour lal libération de Dieudonné avec lequel il avaiy longtempps partagé la même case à ’île royale.

Sous le titre "Seul l’acte compte", il écrivait dans le numéro du 8 mai 1926 de L’Insurgé de Colomer : “…. Il faut le dire, ouvrier, que voici l’heure venue de ne plus te sacrifier pour l’intérêt des riches, tes exploiteurs, mais pour ton propre intérêt, pour ton idéal d’émancipation. Et pour cela il faut oser frapper sans pitié ceux qui t’accablent. La tâche est de chacun. Il n’y a pas à se fier à autrui. Compter sur le gouvernement c’est être frappé et assassiné. Compter sur une organisation, c’est être dupé… Ouvriers, sachez donc vouloir vous organiser vous-mêmes. Devenez vos propres animateurs. Apprenez, mes frères, qu’il vaut mieux rester seul avec sa volonté que d’entretenir inutilement une armée de secrétaires et de trésoriers qui ne pensent qu’à leur tranquillité… Apprends donc à obéir à ton propre esprit, à toi même… Ose agir seul et tu verras qu’un jour prochain tu te retrouveras avec un plus grans nombre de révolutionnaires qu’on n’en peut compter dans les puissantes organisations d’aujourd’hui.." Puis après avoir rappelé son exemple du 1er mai 1907 et dénoncé le comortement de certains anarchistes au bagne, il ajoutait :.“et c’est encore moi qui vous dis, ô anarchistes de Paris, faites comme moi et ne perdez pas de temps, car lutter veut dire agir. Tout le reste n’est que faiblesse”.

Expulsé de France ce même mois de mai 1926, il rentra sans doute en Ukraine où l’on perd sa trace.

Œuvre : - Dix huit ans de bagne (Ed. de L’Insurgé, 1926).


Dans la même rubrique

LAURENT, Evariste « BARD » ?
le 31 janvier 2024
par R.D.
LAZZAROTTI, Alcide
le 13 septembre 2023
par R.D.
LAVABRE, Léon, Armand
le 16 octobre 2022
par R.D.
LAVEZAN, Georges
le 18 août 2021
par R.D.
LAVEIX, Francis
le 18 août 2021
par R.D.