Dictionnaire international des militants anarchistes
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LAURENT, Louis, Eugène
Né le 2 octobre 1883 à Paris (5e arr.) - mort le 10 avril 1972 - Employé - UACR - FAF – FA – UFA - SIA - CGTSR – CNTF – Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
Article mis en ligne le 29 février 2008
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.

Mobilisé lors de la Première Guerre mondiale, Louis Laurent avait notamment combattu au Bois Brûlé où il fut blessé, puis à ceux de la zone de Lironville (Meurthe-et-Moselle) dont il ft le récit dans l’édition de Paris de Terre libre (1934) sous le titre “Silence aux patriotes ! Souvenirs d’un combattant” (n°4 à 8, coll. incomplète). A propos de Clemenceau, il y écrivait : “Lorsque Clemenceau vint inspecter notre secteur, nous restâmes enfermés dans une grange sous le prétexte d’apprendre une théorie idiote que les galonnés appelaient pompeusement l’Art militaire. Je n’eus donc point l’occasion de voir la tête de ce cynique qui, après avoir écrit des réquisitoires féroces contre le militarisme et la guerre, devait finir dans la peau d’un pourvoyeur de charniers".

Grand, doué d’une voix de stentor, portant chapeau, cape et pardessus à col de velours marine, Louis Laurent ne passait pas inaperçu. Employé à la salle des agents de change, rue Saint-Marc à Paris (3e arr.), il habitait 26 avenue des Bosquets à Aulnay-sous-Bois (Seine-et-Oise). Délégué du groupe d’Aulnay et rapporteur de la commission sur la solidarité au congrès de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR) à Toulouse (17-18 octobre 1931), Louis Laurent fut exclu de l’organisation pour avoir voté le 15 août précédent, lors du congrès régional de la Fédération anarchiste du Languedoc tenu à Lézignan, une résolution parlant « d’une nécessaire période d’adaptation au lendemain de la révolution » ; cette résolution assimilée à la « période transitoire » marxiste entraîna également l’exclusion de la Fédération du Languedoc (Montpelier, Narbonne, Coursan) et du groupe de Livry-Gargan, mais tous furent réintégrés lors du congrès d’Orléans (14-16 juillet 1933).

En 1932 il fondait le mensuel anarchiste communiste L’Eveil Social (Aulnay, 29 numéros de janvier 1932 à mai 1934) dont le gérant était Mohammed Sail, qui après son arrestation pour la propagande menée dans les milieux nord-africains fut remplacé par Sylvain Chevallier, et qui fusionna ensuite avec Terre libre.

En décembre 1935 il remplaça Julien Toublet comme trésorier du Comité pro-presos des compagnons espagnols. Puis les 15-16 août 1936 à Toulouse, il participait à la fondation de la Fédération anarchiste de langue française (FAF), constituée en opposition à l’Union anarchiste considérée comme trop centraliste, et en fut nommé secrétaire de la commission adminitrative et responsable de l’édition parisienne de Terre libre devenu organe de la FAF et qui compta jusqu’à 10 éditions éditions régionales dont le midi sous la responsabilité d’A. Prudhommeaux, le nord sous celle de Hoche Meurant, et même une édition allemande Freie Erde. Le 6 décembre 1936 il était également nommé trésorier du bureau de la FAF dont F. Planche était le secrétaire. Louis Laurent était par ailleurs le secrétaire du comité local de la Ligue des objecteurs de conscience fondée par Gérard Leretour et secrétaire du syndicat unique CGTSR des employés de la Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne (enregistré en Préfecture le 13 février 1937) dont le siège se trouvait au domicile de Julien Toublet (21 rue de Loos, Paris 10). Il était assité au bureau du syndicat par Madame Cagliotti (secrétaire adjointe) et G. Desbois (trésorier). Louis Laurent travaillait à cette époque comme secrétaire dans une organisation patronale située rue de Montmartre. Il alternait par ailleurs le poste d’administrateur - trésorier du Combat syndicaliste avec René Doussot. A partir d’octobre 1936 il fut l’administrateur de L’Espagne Antifasciste (Barcelone-Paris, 31 numéros du 22 août 1936 au 8 janvier 1937) dont le gérant était Pascal Pollet.

Pendant l’occupation il s’efforça avec H. Bouyé et quelques autres de maintenir les contacts sur la région parisienne, participa aux réunions tenues à la Bourse du travail et organisa la réunion clandestine tenue le 14 janvier 1944 au siège du syndicat des agents de change en vue de réorganiser le mouvement libertaire et à laquelle participèrent une douzaine de compagnons dont entre autres H. Bouyé, Émile Babouot et Georges Vincey. Selon une lettre de Paul Jamot (2 décembre 1984), il fournit également des faux papiers à plusieurs juifs et selon René Leclainche « pendant la guerre il avait donné ses papiers d’identité à un type qui avait des problèmes avec l’occupant ». (lettre du 27 février 1985)

A la libération il présida la première assemblée de militants tenue rue de Lancry en vue de former la Fédération anarchiste. M. Joyeux, présent à cette réunion le décrivit ainsi : "…un personnage grand et sec, tout gris de poils. Un melon râpeux, qui semblait vissé sur sa tête lui donnait de la majesté”. Il fut le responsable de la première série du « Lien » (Paris, n°1, octobre 1944) bulletin intérieur de la FA, puis, en 1945 le trésorier de l’organisme de solidarité l’Entraide et de mai à octobre 1946 remplaça Louis Hass comme administrateur du Libertaire avant d’être remplacé par Robert Joulin. Il exerça également des responsabilités au syndicat des employés de la CNTF (1949) et au Combat syndicaliste. En 1951 il fut membre avec entre autres Vincey, H. Bouyé, M. Joyeux, R. Lamberet, etc. de la Commission d’Etudes anarchistes (CEA) formée après le congrès de Lille de la FA en opposition à la tendance de G. Fontenis

Dans les années 1960 il était en contact avec l’Alliance Ouvrière Anarchiste (AOA) de R. Beaulaton et participa en octobre 1967 à Lamotte-Beuvron à une de ses rencontres. Il collaborait à cette époque à La Lettre syndicaliste de l’ouest (La Chapelle Gaugain, 1967, 3 ou 4 numéros) publié par André Senez. Puis il adhéra à l’Union Fédérale Anarchiste (UFA) fondée en 1968 par Henri Bouyé et dont il sera le directeur de son organe « Le Libertaire » (Chailles, 10 numéros de janvier 1968 à mars 1972).

Louis Laurent, qui était également membre de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) est décédé le 10 avril 1972.


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