Dictionnaire international des militants anarchistes
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“LARCHER Simone” (WILLISSEK, Simone, Marie dite)
Née le 3 avril 1903 à Montataire (Oise) - morte le 10 avril 1969 - correctrice d’imprimerie - CGT - Paris
Article mis en ligne le 25 février 2008
dernière modification le 8 septembre 2023

par R.D.
Simone Larcher au journal "Franc-Tireur"

Simone Willisek était la fille d’un ouvrier des forges de Montataire, né à Montauban et d’origine Tchécoslovaque et d’une mère Creusoise. Elle s’intéressa très jeune aux questions sociales et commença à militer dans le mouvement libertaire sous le pseudonyme de Simone Larcher (du nom de sa grand-mère maternelle). C’est dans le numéro du Libertaire du 28 avril 1924, qu’elle publia son premier article en solidarité avec le compagnons Juan Bautista Acher Shum, condamné à mort en Espagne, puis juin 1925 un article intitulé « Je ne suis pas française ». Le 17 juillet suivant elle fut arrêtée après avoir distribué aux soldats de la caserne de Reuilly à Paris la brochure d’Ernest Girault contre la guerre du Maroc intitulée « La crosse en l’air » et éditée par L’Éveil des jeunes libertaires (Paris, 7 numéros d’octobre 1925 au 15 mars 1926) de Louis Louvet et organe de la Fédération des jeunesses anarchistes. Incarcérée à la prison Saint-Lazare elle fut condamnée le 19 août à six mois de prison et à 100f d’amende. Le 10 décembre elle entama une grève de la faim pour obtenir le quart de réduction de peine dont bénéficiait les prisonniers politiques hommes : transférée à l’hôpital au bout de dix jours de grève, elle bénéficia d’une réduction de quelques jours.

Devenue la compagne de Louis Louvet, avec lequel elle habitait 80bis Boulevard de la Vilette, elle allait dès lors participer à toutes ses activités. En septembre 1926 tous deux fondaient la Jeunesse anarchiste autonome et lançaient le journal L’Anarchie (Paris, 52 numéros d’avril 1926 au 21 avril 1929) qui, suite à des désaccords avec l’Union anarchiste, prenait la suite de L’Éveil des jeunes libertaires. Puis ils animaient conjointement à partir de l’année suivante et pendant dix ans les débats des Causeries Populaires qui réunirent tous les mercredi d’abord à la Belleviloise (1928-29) puis au 10 rue de Lancry des centaines d’auditeurs et de nombreux orateurs du mouvement libertaire (dont Sébastien Faure, Han Ryner, Lorulot, Eugène et Jeanne Humbert, Ch. A. Bontemps, Louis Loreal, Roger Monclin, etc). Elle collabora sans doute à la feuille mensuelle L’Action Libre (Paris, 35 numéros du 25 novembre 1931 au 5 avril 1935) qui avait pour objet d’annoncer les conférences des Causeries. A partir de 1932 ils éditèrent la revue Controverse (Paris, 11 numéros et un supplément de janvier 1932 à décembre 1934) dans laquelle étaient publiés les textes des principales conférences des causeries. Elle demeurait alors 367 rue des Pyrénées (XXe) et figurait sur les listes de vérification de domiciles d’anarchistes de la région parisienne.

Après le congrès de Paris de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR) qui eut lieu les 30, 31 octobre et 1er novembre 1927 — congrès de scission qui fut marqué par la création d’une nouvelle organisation synthésiste, l’Association des fédéralistes anarchistes (AFA) —, ele fut avec Séverin Férandel, Louis Louvet, Kleber Nadaud et Lucien Desnot, l’une des animatrices du Groupe anarchiste autonome de Paris regroupant une quinzaine d’anciens membres du groupe du XXe arrondissement et se réunissant au café du Faisan Doré, 28 rue de Belleville.

Elle fut également à partir de février 1927 la gérante des journaux des compagnons italiens réfugiés en France, La Diana (Paris, 26 juin 1926 à 15 juillet 1929) dont le responsable était Renato Siglich Souvarine et interdit par arrêté du 6 septembre 1929 et Remember (Paris) un numéro unique en faveur des prisonniers politiques paru le 22 mai 1927.

Pendant l’occupation Simone Larcher - qui fut, non sans quelques difficultés, la première femme investie de responsabilités au sein du syndicat - fut membre en 1941 et 1942 du comité du syndicat des correcteurs où elle avait été admise en juillet 1928 et dont en 1946 elle fut nommée secrétaire adjointe. Fin octobre 1944, après avoir constitué le groupe Élisée Reclus avec Louvet et avec l’aide d’un compagnon ouvrier du livre, elle participa dans la nuit du 30 au 31 octobre à l’édition de 4000 exemplaires d’un numéro spécimen suivi bientôt par le journal Ce Qu’il Faut Dire (Paris, 60 numéros du 4 décembre 1944 à novembre 1948 et un numéro spécimen du 30 octobre 1944) auquel elle collabora jusqu’en 1946. En décembre 1944 elle publia un petit opuscule intitulé « La renaissance libertaire »(n°1 de la collection Ce qu’il faut dire, 8 p.) qui reproduisait son intervention lors de la première réunion publique le 10 décembre du groupe Élisée Reclus, puis entreprit une tournée de conférences dans tout le pays (2 séries d’une dizaine de conférences chacune).
Elle participa également à la fondation en décembre 1945 de la Confédération générale pacifiste et collabora, sans doute sous le pseudonyme de S. Larc, aux premiers numéros du Libertaire (1944-1953) ainsi qu’à la revue franco-espagnole Universo (Toulouse, 13 numéros de novembre 1946 à mai 1948) publiée par le mouvement libertaire espagnol en exil et dont le gérant était Louis Vaquer.

Par la suite elle se sépara de L. Louvet, avec qui elle avait eu une fille, et prit ses distances avec le mouvement libertaire tout en gardant des rapports amicaux avec certains militants et se serait, selon G. Leval (cf. Cahiers de l’humanisme libertaire, juillet 1971) « alliée au communisme stalinien ».

Après avoir pris sa retraite du journal Le Monde en septembre 1968, Simone Larcher se retira en Lozère où le 10 avril 1969 elle décédait à Saint-Michel-de-Dèze.


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