Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

GIROUD, Gabriel « Georges HARDY »

Né à Lyon (Rhône) le 29 août 1870 — mort le 16 septembre 1945 — Instituteur — Paris — Beaugency (Loiret)
Article mis en ligne le 2 septembre 2007
dernière modification le 29 octobre 2024

par R.D.

Les parents de Gabriel Giroud s’installèrent à Paris peu après sa naissance et c’est là qu’il vécut ses toutes premières années. Son père mourut en 1877 et sa mère dut se séparer de ses deux fils qu’elle fit admettre à l’orphelinat Prévost à Cempuis (Oise). Gabriel Giroud y demeura dix années et y fut élève de Paul Robin devenu directeur en 1880. Ayant passé son Brevet élémentaire en 1887, il fut, peu après, admis à l’École normale d’Auteuil où il poursuivit ses études jusqu’en 1891. Il habitait alors 9 rue de Ménilmontant et était le gérant du journal L’antipatriote (Paris, 2 numéros en juillet 1891) dont l’administrateur était Louis Perrault et dont l’épigraphe était Ni Dieu, ni maître ! Fais ce que veux !.
C’est à l’École normale d’Auteuil que G. Giroud contracta coup sur coup deux graves maladies : pleurésie et fièvre typhoïde ; sa santé fut dès lors précaire.

On lui conseilla l’Afrique du Nord et c’est ainsi qu’il fut nommé, sur recommandation de Ferdinand Buisson, surveillant et bibliothécaire au collège de Téboursouk (Tunisie). Lorsque sa santé fut quelque peu rétablie, P. Robin l’appela à Cempuis. G. Giroud s’y rendit fin 1892 et y enseigna jusqu’en 1894, année du départ de Paul Robin. L’année précédente, il avait épousé Lucie Robin, qui était fille de son directeur et donnait à Cempuis les cours de dessin.

G. Giroud exerça alors à Paris dans les écoles du XXe arr. et se fixa rue Pixérécourt où il resta jusqu’en octobre 1930. Il prit, cette année-là, sa retraite et se retira avec sa femme à Beaugency (Loiret).

Sa vie durant, G. Giroud, disciple de Paul Robin, fut un fervent propagandiste néo-malthusien par la parole, mais surtout par l’écrit, en France et à l’étranger, en Angleterre et jusqu’à New York où il se rendit au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il collabora aux revues L’Éducation Intégrale (Paris, 12 numéros d’octobre 1903 à décembre 1904) organe de la Ligue pour la défense de l’enfant et surtout à Régénération (Paris, au moins 90 numéros en deux séries de décembre 1896 à novembre 1908) fondée par Robin et organe de la Ligue de la régénération humaine. Lorsqu’en 1908, P. Robin se retira du mouvement et que la revue cessa de paraître, il poursuivit la propagande avec E. Humbert qui fonda Génération consciente (Paris, 77 numéros du 15 avril à août 1914) et aussi dans la revue Le Malthusien (Paris, 69 numéros entre novembre 1908 et janvier 1920) dont le gérant était Albert Gros. Il participa également à plusieurs congrès internationaux organisés par la Fédération universelle de la Ligue de la régénération humaine. Parallèlement il collaborait à la revue L’École Renovée (Bruxelles, 8 numéros du 15 avril au 15 novembre 1908) publiée par J. F. Elslander et extension internationale de l’École moderne fondée par Francisco Ferrer à Barcelone ; une nouvelle série dirigée par Ferrer sera publiée à Paris de janvier à novembre 1909 (une trentaine de numéros). Giroud a également collaboré à la reue d’A. Lorulot L’Idée libre.

En 1914, il se rallia un temps à l’union sacrée et il se montra alors partisan d’un « pacifisme armé » (J. Humbert, op. cit., p. 15) mais avait la douleur de perdre son fils unique tué au front ; il collaborait ensuite à La Plèbe (Paris, 5 numéros du 13 avril au 4 mai 1918) qui regroupait la minorité syndicaliste, socialiste et libertaire opposée à la guerre. En juin 1916, il tenta de reprendre la propagande et fit paraître le Néo-malthusien, aussitôt interdit (en novembre ?) ainsi que ses successeurs La Grande question et le Néo-malthusianisme, quelques numéros au total. Il ne put faire reparaître sa revue qu’en mars 1919 sous son premier titre et elle dura jusqu’en juin-juillet 1920 (numéro 20). Quelque dix ans plus tard, il collabora à la Grande Réforme (Paris, 100 numéros de mai 1931 à août 1939) de Jeanne et Eugène Humbert, à laquelle il donna, notamment en 1938-1939, une série d’articles sur « l’inabondance universelle ».

Dans les années 1925-1930 il collaborait à l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.

Durant la Seconde Guerre mondiale, G. Giroud perdit sa femme Lucie (28 novembre 1942) ; il quitta alors Beaugency et vint s’installer à Antony chez son petit-fils. Après la Libération, en août 1945, il revint à Beaugency pour mettre de l’ordre dans ses papiers et collaborait au journal libertaire Ce qu’il faut dire (Paris) édité depuis la mi-décembre 1944 par Louis Louvet et Simone Larcher. Il y fut terrassé par une crise cardiaque le 16 septembre 1945. Dans des dernières recommandations adressées à des amis, il avait écrit : « A ma mort, mes amis, à quoi bon falbalas, et fleurs et tralala / Ne vous dérangez pas, ne suivez pas ma bière, Allant au cimetière/ Laissez ma tombe au temps, au vent, aux éléments/ Si quelqu’un demandait « Quel est le délaissé gisant dans ce carré ? »/ Qu’on réponde « un quidam libertaire et païen, un néo-malthusien ».

OEUVRE (Cotes de la Bibl. Nat.) : Cempuis. Éducation intégrale. Coéducation des sexes, Paris, 1900, XX-395 p., 8° R 15 173. — Observations sur le développement de l’enfant, préface d’Émile Duclaux, Paris, 1902, 53 p., 8° Tb 75/17. — La Loi de Malthus. Exposé et réponse aux objections. — Population et subsistances, Essai d’arithmétique économique, avec deux tableaux statistiques, Paris, 1904, 60 p., 16° R 3 361. —Moyens d’éviter la grossesse (1908) — Néo-Malthusianisme et Socialisme. Controverse avec Alfred Naquet, Paris. — Malthus et ses disciples, Paris, 1910 — L’Avortement, sa nécessité, ses procédés, ses dangers, 1913, 430 p. — La Vasectomie, Stérilisation de l’homme, 1913. — Moyens d’éviter la grossesse, 1908. — La Question de population. — Avons-nous trop de tout ? Abrégé d’un essai sur l’abondance, 1935, 24 p. — Paul Robin, sa vie, ses idées, son action, Paris, 1937, 319 p., 8° Ln 27/80 862.


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