Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

SCHERER, Fritz

Né en 1903 — mort en 1988 — Ouvrier relieur — FAUD — Berlin
Article mis en ligne le 13 mai 2024
dernière modification le 12 juillet 2024

par R.D.
Berthod Cahn (à gauche) et Fritz Scherer

En 1919, alors qu’il était encore adolescent, Fritz Scherer avait arraché des affiches de recherche de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht apposées sur les murs de l’église d’une garnison. Dès 1920 il était membre du cercle anarchiste de Berlin qui se réunissait à la brasserie Köhler et était animé par Erich Mühsam. Il participait également aux réunions hebdomadaires organisées par le compagnon typographe Gustav Lübeck (1873-1945) qui avait épousé Rosa Luxembourg pour permettre à cette dernière d’obtenir la nationalité allemande.
Puis il il avait adhéré à la FAUD, dont il sera l’un des trésoriers, et participait à la diffusion de son organe Der Syndikalist.

Dans une forêt de Thuringe, à Menningen, il avait participé en 1927 à la construction d’un chalet appelé la cabane Bakounine pour abriter les compagnons lors de leurs randonnées à la campagne le week-end ou lors des vacances. Il en devint le responsable.Le bâtiment comptait une salle commune, une cuisine, un dortoir et une cave. Il y avait de la place pour huit à dix personnes. Le bâtiment fut confisqué par les nazis en 1933.

Ecusson de la cabane Bakunin

En 1933 alors qu’il habitait avec le compagnon Berthold Cahn (mort en déportation) il fut arrêté et détenu quelques mois avant d’être libéré. Il s’était alors engagé chez les pompiers. De nouveau arrêté par la Gestapo en 1937, il fut rapidement libéré, sans doute en sa qualité de pompier. En 1938 il diffusa à ses collègues un poème intitulé Massenmord droht (un massacre menace) dénonçant les conducteurs de guerre qui « embrouillent les cerveaux avec des trompettes et hourra ».
Pendant toute la durée de la guerre il aida du mieux qu’il put les vieux compagnons encore en liberté et parvint à sauver sa bibliothèque anarchiste.

A la Libération il se trouvait en zone d’occupation soviétique. Lors des visites à sa femme et à ses filles à Berlin Est, il en profitait pour glisser des tracts anarchistes dans les boites aux lettres. Sur le point d’être arrêté par la police de RDA, il parvenait à passer à Berlin Ouest, réadhérait à la FAUD dont il était nommé trésorier.
Il avait une grande bibliothèque de livres anarchistes, notamment toutes les livres et brochures édités par Der Syndikalist qu’il avait relié en rouge et noir.

Il participa par la suite dans les années 1970 et suivantes aux Forums Libertaires organisés par les jeunes compagnons de Berlin, puis dans les années 1980, déjà âgé, il contribua par ses conseils en reliure aux éditions Libertad Verlag aux quelles il prêta également de vieux textes à rééditer.

Fritz Scherer, qui n’avait jamais voté de sa vie, ni n’était entré dans une église, est décédé à Berlin en 1988 dans une maison de retraite.

Fritz Scherer (tombe)

La cabane Bakounine qui à la fin de la guerre se trouvait en zone d’occupation soviétique, avait été récupéré par le parti communiste allemand (KPD). Après la chute de la RDA, elle fut récupérée par les anarchistes locaux.


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