A la déclaration de la première guerre mondiale, Paul Grappe était sous les drapeaux et avait encore 10 mois de service à accomplir. Blessé sur le front à Audechy – il eut deux doigts emportés par un éclat d’obus ou, selon d’autres sopurces s’était auto-mutilé – il fut traité dans divers hôpitaux, avant de revenir, sans doute en permission - chez sa femme, Louise Landy à Paris. Là il décidait de déserter -ce qui lui valut d’être condamné à mort par contumace - et après avoir renvoyé ses effets militaires, décidait désormais de s’habiller en femme pour passer inaperçu et pouvoir trouver du travail : il se rasait la moustache, laissait pousser ses cheveux (en natte ou en chignon) et changeait sa voix grâce à l’electrolyse. Pendant 6 ans, sous l’identité de Suzanne Landgard, il allait alors travailler en chambre pour une maison de bretelles qu’il livrait chaque semaine. Parallèlement il se livrait aussi à l prostitution.

Aprs avoir bénéficié de l’amnistie de janvier 1925, il reprenait sa véritable identité et son histoire fut publiée dans les journaux de l’époque, ce qui lui valu d’être expulsé de son appartement. Déstabilisé par toutes ces années, il sombrait alors dans l’alcoolisme et les violences conjugales. Le 21 juillet 1928, sa femme, Louis Landy, lors d’une dispute l’abattait d’un coup de revolver. L’année suivante elle bénéficia d’un acquittement. Elle se remariera et décédera en 1981.

L’histoire de Paul Grappe a inspiré la bande dessinée de Chloé Cruchaudet Mauvais genre (2013), la pièce de théâtre Suzanne, la vie étrange de Paul Grappe de Julie Dessaivre (2016), et en 2017 le film Nos années folles réalisé par André Téchiné.