Fils d’un berger devenu ouvrier couvreur, mutilé de la Première Guerre mondiale et d’une mère « ménagère », Pierre Parot après un apprentissage de typographe à l’âge de 14 ans à Périgueux, travailla dans une imprimerie locale jusqu’en 1943. Il avait adhéré à la CGT en 1938.
En 1943 enrôlé dans les Chantiers de jeunesse et menacé d’être envoyé au STO, il s’insoumettait et début 1944, rejoignait un maquis des Francs Tireurs Partisans (FTP). Sa connaissance et pratique de l’occitan, proche du catalan, l’amenèrent alors à devenir le délégué d’un groupe de compagnons espagnols de laCNT-FAI. « Cette rencontre », déclarait-il, « de quelque mois d’études et de persuasion de leur part me convertira à l’anarcho-syndicalisme ». Avec le groupe espagnol, il intégra ensuite le Bataillon Héric (Armée Secrète) intégré aux troupes « provisoires » de l’Atlantique et avec lequel il participa à la Libération de Périgueux (19 août 1944), d’Angoulême (31 août) puis La Rochelle où il fut démobilisé ayant refusé comme de nombreux compagnons espagnols de signer un engagement dans l’armée pour la durée de la guerre. Revenu à Perigueux, il fut toutefois remobilisé dans un groupe d’anciens FTP et intégré au 134e régiment d’infanterie dont il sera finalement démobilisé à Metz fin 1945.
Il gagna alors Paris où il milita à la chambre typo et allait participer aux grandes grèves du livre en 1945-1947.
Il travailla notamment à Franc-Tireur, au Daily Mail, à Paris Presse, Paris Jour et enfin au Figaro où il côtoya notamment les compagnons Jacky Toublet et Thierry Porré.
Avec Louis Lecoin ils tentèrent un essai d’organisation d’une tombola (lots de peintres) afin de fabriquer le journal pacifiste Liberté. Quelques numéros de cette feuille libertaire furent distribués dans les équipes typos des quotidiens de la presse parisienne.
A Paris Jour il travailla avec notamment le jeune correcteur Boris Goiremberg « qui faisait ses premiers pas dans la langue chinoise » et une « solide amitié s’était nouée » avec lui qui « à ses moments perdus enseignait la langue occitane » (cf. T. Porré in Cantonade).
Il fut également de tous les différents conflits et grèves qui ont pu jalonner sa vie professionnelle. Pierre Parot met en particulier « en exergue » les deux ans et demi de lutte du Parisien (mars 1975-mars 1977), faite d’action directe, de récupération de « canards » jetés dans la Seine et de sa participation à la collecte financière de 10 % de son salaire pour faire vivre l’équipe en grève.
Son dernier conflit sera en 1980 celui du Figaro suite auquel, comme nombre de ses camarades, il quitta la Presse pour être mis en retraite.
Après sa retraite il avait adhéré à la section des retraités du syndicat des correcteurs CGT.
Membre du groupe Salvador Segui (Paris) de la Fédération anarchiste (FA) il était également membre du groupe Emma Goldman (FA) de Périgueux.
Pierre Parot est décédé le 20 juin 2017. Sa crémation et ses obsèques ont eu lieu le 26 juin à Arpajon
Thierry Porré qui rappelait que sa surdité l’handicapait lors des discussions, ajoutait : « Les repas que nous partagions ensemble, militants du syndicat des correcteurs et camarades du groupe Salvador Ségui auquel il avait adhéré étaient émaillés de ses souvenirs de la Résistance comme de ceux de la typographie parisienne. Il nous faisait part de ses tumultueux débats internes tant au niveau syndical que professionnel en particulier avec le cassetin des correcteurs, et de certaines correctrices plus Simone Larcher que Rirette Maitrejean avec lesquelles il discutait de la place de la virgule… les contacts verbaux étaient ardus avec Pierrot. Les assemblées générales lui faisaient chaud au cœur mais il n’y avait pas de sous-titres ! C’est donc par l’écrit que les échanges ont été les plus intenses, courriers échangés, bouquins sur l’anarchisme en catalan comme en espagnol. « Que la terre te soit légère, camarade Pierrot ! »