Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

LAUDE, André

Né le 3 mars 1936 à Paris — mort le 24 juin 1995 — Poète — FA — Paris — Algérie
Article mis en ligne le 2 mars 2019
dernière modification le 23 juillet 2024

par Marianne Enckell, R.D.

Le père d’André Laude, communiste, ancien mineur, s’engagea dans les brigades internationales en Espagne et en 1942 sa mère juive polonaise fut déportée et mourut à Auschwitz.

Élève des écoles d’Aulnay-sous-Bois, André Laude fut gagné à l’anarchisme par Michel Donnet, fils de son directeur d’école. Il adhéra à la Fédération anarchiste en 1953.

En 1954, à 18 ans, il publia sa première plaquette de poésie, La Couleur végétale. Sa rencontre avec le poète Serge Wellens qui éditait les Cahiers de l’Orphéon fut déterminante : celui-ci publia en 1956 le recueil d’André Laude Pétales du chant.

Insoumis au service militaire en Algérie en 1956, lié au réseau Jeanson, Laude fut emprisonné (un an dans un camp de parachutistes au Sud-Sahara où il subit la torture) puis libéré grâce à la campagne menée par les chrétiens de gauche de la revue Esprit. Il écrivit dans cette revue des chroniques « inspirées et érudites ». Ses articles dans Le Libertaire lui valurent un procès. André Breton vint témoigner en sa faveur.

« Pied rouge » en Algérie, il travailla pour une agence de presse algérienne jusqu’à la prise du pouvoir par Boumedienne en 1965. Il rentra alors en France et, tout en refusant une appartenance qui limiterait sa liberté de poète et de militant, il fréquenta les situationnistes, l’équipe de Noir et Rouge, écrivit des articles pour Tribune socialiste, l’organe du PSU et collabora à la revue Spartakus. Il vécut intensément Mai 68. Il avait adhéré un temps au PSU puis était revenu vers les libertaires.

Il se lia également avec des artistes du mouvement Cobra et avec des photographes comme Doisneau et Cartier-Bresson. Il participa aux revues Le Fou parle de Jacques Vallet, Hors Jeu, Albatroz où il publia ses derniers recueils. Sur le plan littéraire, il créa à Paris le groupe Zéro international et, à Aulnay-sous-Bois, L’Orphéon.

Trop courte mais intense carrière, le poète sans domicile fixe, décédé le 24 juin 1995, aura eu le temps d’avoir un fils et une fille.

Œuvre : Œuvre poétique, Éditions de la différence, 2008, 752 p. — Nombreux recueils de poésie : Occitanie premier cahier de revendication (1972), Testament de Ravachol (1974), 53 Polonaises (1989). Plusieurs romans : Joyeuses apocalypse (1972), Rue des merguez (1979), Liberté couleur d’homme (1980). Auteur d’une petite histoire de la pensée libertaire (publiée par la revue Planète en 1968).


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