Fernando Gimeno était le fils de Maria, Josefa Romeo, née en 1929 à Aninon en Espagne qui travaillait comme couturière, décédée en 2016 et de Antonio Gimeno, lui aussi né en Espagne qui était mécanicien, décédé en 2002.
À son arrivée en France Maria Romeo constata, comme beaucoup de femmes dans son cas, que son époux avait refait sa vie et demanda une séparation. De 1950 à 1957 Maria éleva seul son fils Fernando à Roanne où elle fréquentait le milieu des libertaires espagnols qui louaient un ancien atelier, « el local », où l’on répétait des spectacles, discutait de Durruti, des collectivisations, de Bakounine, de Proudhon.
Le frère de Maria, Agustin Romeo, arriva en France en 1949, il fut avec les « compañeros » libertaires de Roanne la représentation de l’image paternelle, ils lui apprirent, dit Fernando Gimeno « les joies simples de la solidarité, l’humanité et la rébellion contre les totalitarismes ».
En 1957, sa mère rencontrera Francisco Serres son nouveau compagnon avec lequel elle s’installa à Lyon. Celui-ci était un militant de la CNT, catalan, chauffeur de camion durant la guerre civile. Réfugié en France à la fin de la Révolution espagnole, il fut interné au camp de Rivesaltes puis bûcheron en Lozère et enfin maçon-coffreur. Il resta toute sa vie militant de la CNT- FAI.
A Lyon, avec ses « parents », Fernando fréquenta le milieu des réfugiés libertaires qui avaient un local à Villeurbanne, « La Baraca », à la fin du cours Émile Zola. C’est dans ces circonstances que Fernando rencontra certains des militants qui l’influencèrent comme Floréal Navarro. Puis, il rejoignit les Jeunesses Libertaires Ibériques (FIJL), et le MIAJ (auberges de jeunesse) qui organisaient des sorties les week-ends et des rencontres avec d’autres militants. MIAJ dans lequel Fernando et Jeanina, sa compagne, furent impliqués jusqu’en 1971.
Gimeno avait obtenu un CEP puis un CAP de chaudronnier en 1965, profession qu’il exerça 1964 à 1975 dans divers ateliers. En 1968 il travailla chez Réel, entreprise de ponts roulants à Lyon (Rhône) où il fut le seul salarié à faire grève en 1968. Il fut par la suite éducateur technique de 1975 à 2004 dans plusieurs structures, l’ALGED à Lyon puis à l’ADAPEI à Apt. Il passa et obtint après le CAPETS. Il est aujourd’hui retraité.
Sa compagne Jeanina Guenanni quant à elle, était fille d’un verrier d’origine kabyle et d’une mère au foyer. Après avoir obtenu un CEP et un CAP, elle fut successivement aide laborantine, esthéticienne, éducatrice technique.
Le parcours militant de Fernando Gimeno et de Jeanina Guenanni se confondent. Ils fréquentèrent les mêmes milieux et les mêmes organisations. Ils s’y rencontrèrent d’ailleurs et vécurent ensemble à partir de 1970. De cette union naquirent deux filles, Marion et Celia. Après avoir vécus à Lyon, ils se sont retirés dans la Vaucluse.
Ce parcours leur permit, déclarait Fernando, « d’avoir fait de belles rencontres ». C’est dans ce milieu ajiste et libertaire qu’ils lièrent de fortes amitiés avec Daniel Lambert dit Gaucho, Alain Thévenet, Christian Lagant, l’équipe de Noir et Rouge. Le MIAJ leur avait permis à tous les deux « d’avoir une réelle pratique de l’autogestion, du fédéralisme et de l’amitié ajiste » confiaient-ils.
Ils furent toute leur vie engagés dans des mouvements sociaux, la FIJL pour lui, et pour eux, le MIAJ de 1964 à 1975, le groupe Bakounine de la Fédération anarchiste à Lyon de 1964 à 1975, puis ils participèrent à la création de la revue IRL (Informations Recueillies à Lyon).
Fernando Gimeno fut aussi un militant syndicaliste à FO au syndicat d’Action sociale. Il fut dans les années 1980 délégué du personnel et délégué syndical, puis en 1988 secrétaire départemental de son syndicat. De 1997 à 2004, il a été Juge aux prudhommes d’Orange dans la section activités diverses.
Fernando Gimeno revenant sur sa vie militante déclarait : « je peux dire aujourd’hui, après être tombé dans la marmite libertaire, avoir eu beaucoup de chance de rencontrer des personnes disparues comme Lagant, Michel Marsella, mais aussi Lambert, Dino, Berger, et bien d’autres toujours vivants ceux là. J’ai été et je suis resté un militant de base aimant avant tout l’action, vivant au jour le jour mes idées libertaires ».