Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MAHE, Armandine

Née à Bourganeuf-en-Retz le 13 octobre 1880 — morte le 28 novembre 1968 — Institutrice ; tailleuse — Paris — Colombes
Article mis en ligne le 18 février 2018
dernière modification le 8 août 2024

par Anne Steiner, R.D.

Armandine Mahé, qui aurait été institutrice comme sa sœur cadette Anna Mahé, était également tailleuse pour dames à Nantes avant de monter à Paris vers 1903 où les deux sœurs devinrent les compagnes d’Albert Josep dit Libertad avec lequel elles participaient à la création de l’hebdomadaire L’anarchie (Paris, avril 1905- 30 juillet 1914, 485 numéros) dont le sège se trouvait alors 30 rue Muller (18e). Armandine Mahé en fut l’administratrice jusqu’en décembre 1908 où elle fut remplacée par Jeanne Morand.
Elle participait aux Causeries populaires et écrivait également quelques articles. Elle vivait au 22, rue du Chevalier de la Barre et jouait un rôle important dans cette petite communauté de vie et de travail. En juillet 1905, elle eut un enfant, dont Libertad aurait été le père selon certains ; il pourrait s’agir de Diamant reconnu en octobre 1909 sous le prénom Albert (Germain) par Henri-Pierre Martin Japonet.

Elle estimait que les individualistes ne s’intéressaient pas assez au combat pour la réduction du temps de travail, qui aurait pourtant permis aux ouvriers de lire et d’étudier. Elle dénonçait leur tendance à se constituer en petite aristocratie scientifique. Le 6 février 1908, un rapport de police fit état d’un conflit entre Libertad, défendu par Anna Mahé, et Henri-Pierre Martin, typographe et rédacteur, soutenu par Armandine Mahé. Ces derniers accusaient Libertad de vivre du produit des ventes du journal alors que les collaborateurs, qui fournissaient un gros travail, ne touchaient rien. Les rapports continuèrent de se dégrader jusqu’à la mort de Libertad, en octobre 1908.
Armandine prit provisoirement la direction de L’anarchie mais elle se prononça pour une direction collégiale dans le numéro 189 qui annonçait le décès du fondateur : « L’expérience se fera d’un travail actif sans directeur ni délégué. Libertad, à certaines époques, s’est trouvé affaibli qu’une charge trop lourde pèse sur ses épaules. Sa mort prématurée en est une des conséquences. Pareille situation ne doit pas se reproduire. » Dans une lettre à Max Nettlau datée du 18 novembre 1908, elle et son compagnon exprimaient le souhait d’élargir le cercle des collaborateurs de L’anarchie. La mort récente de Libertad, qu’elle qualifiait d’autoritaire et d’ombrageux, devrait rendre certains rapprochements possible. Elle songeait à s’adresser entre autres au docteur Pierrot et à De Marmande*, connus pour leur activité en faveur du syndicalisme, invitait Nettlau à leur adresser les textes qu’il voudrait éventuellement publier et lui demandait d’informer Malatesta de leur situation : trop peu de rédacteurs disponibles et compétents et un matériel d’impression et d’édition sous utilisé.
Elle quitta la direction du journal quelques semaines plus tard et il n’y eut plus trace de sa collaboration par la suite.
Elle se maria en 1909 avec Henri-Pierre Martin qui écrivait dans l’anarchie sous le nom de Japonet. Cette même année, elle rédigea pour le groupe anarchiste italien de Paris un manifeste anti-électoraliste intitulé « Le criminel », à l’occasion des élections en Italie. Destiné à être affiché en Italie, il dénonçait l’électeur comme participant aux crimes du système, donc comme criminel. Elle vivait alors 6 rue Paul Féval à Paris et exerçait la profession de tailleuse.

Un rapport de perquisition, rédigé dans le cadre de l’affaire Bonnot au printemps 1912, nous apprend qu’elle et Henri-Pierre Martin vivaient ensemble rue Guénégaud, et élevaient trois enfants. Ils fréquentaient encore les meetings anarchistes mais s’étaient détournés des individualistes pour se rapprocher du courant communiste après leur départ de L’anarchie.

Le 4 septembre 1913, elle fut rayée du carnet B en même temps que son compagnon car ils n’étaient plus considérés comme dangereux.

Armandine Mahé est décédée le 28 novembre 1968. Sa sœur Anna, qui habitait avec elle à Colombes, était décédée en novembre 1960.


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