Dictionnaire international des militants anarchistes
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MATARO, Romeo, Antoine “OEMOR”
Né le 1er mars 1861 à Galatino - mort en 1905 - Médecin - Italie - Marseille (Bouches-du-Rhône) –Nice (Alpes-Maritimes) - Barcelone
Article mis en ligne le 19 décembre 2017
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.
Romeo Mataro

Après des études de médecine à Florence, Romeo Mataro, fils d’un barbier franc maçon, avait été diplômé le 8 juin 1884 et avait aussitôt refusé comme médecin militaire de prêter allégeance au roi Victor Emmanuel, du fait de la brutalité avec laquelle l’Italie du sud avait été intégrée au Royaume. Il gagnait alors Marseille où il arrivait en pleine épidémie de Choléra. Dès le mois de juin, dans les quartiers ouvriers de Marseille, il s’engagea dans la lutte contre l’épidémie de choléra qui fit plus de 2000 victimes en 6 mois. Là, il rencontra Clovis Hugues, poète et député, qui raconta plus tard que le docteur Mataro « n’hésitait pas, pour secourir les désespérés, à dévaliser les armoires de sa fiancée de toute la lingerie dont il avait besoin pour l’aller porter aux mourants et que au matin, avant sa tournée, il emplissait ses poches de tout l’argent qu’il pouvait racler dans ses tiroirs qu’il donnait et donnait jusqu’à épuisement » (cf. La Petite République 21 décembre, 1893). Dans un autre article, Clovis Hugues le dépeignit ainsi : « C’était un gaillard solide, bien planté, avec des épaules d’Hercule, le regard droit, les cheveux ondulants, comme baignés d’encre : une carrure à casser l’échelle de soie » (cf. La France, 10 décembre 1893).
A Marseille, il aurait été condamné à 15 mois de prison pour "un raison inconnue" et en avril 1889, suite à une plainte du syndicat des pharmaciens, à un amende de 500 francs pour "exercice illégal de la pharmacie". Selon un rapport de police, il fréquentait assidument les réunions anarchistes et “d’un caractère très violent, il excitait les compagnons au pillage, se montrant l’ennemi acharné de la bourgeoisie”.

En 1885 R. Mataro publia un recueil de poèmes, « Schiopettate poetiche » dédiés à Clovis Hugues.
En pleine épidémie il s’était marié le 5 août 1884 avec sa compagne Lucie Aguilon (née vers 1854) qui 10 mois plus tard accouchait de leur premier enfant Albert Mataro.

A la fin des années 1880, il était semble-t-il à Barcelone où, sous le pseudonyme de Oemor, il collaborait régulièrement à l’organe communiste anarchiste Tierra y libertad (Gracia, Barcelone, 1888-1889, 23 numéros) dirigé par Sebastian Suñé. A cette même époque il était un conférencier régulier des réunions de propagande tenues à Barcelone. Lors de l’une de ces réunions tenues le 10 novembre 1888 au Cercle d’éducation de Sants, il avait porté le toast suivant : "je trinque, à l’extirpation, des lois tyranniques, du Clergé et de la Religion, Et je trinque avec plus d’ardeur pour l’ouvrier qui gémit, et je maudis le capital que l’exploiteur manie pour être la cause primordiale de notre malheur impie, Je trinque donc à l’anarchie, et à la Révolution sociale”.

Est c e à cette époque ou pendant ses études qu’à Barcelone, où il avait des attaches familiales qu’ il développa un traitement contre la tuberculose, (cf. La France, 10 décembre 1893 et La Petite République 21 décembre, 1893) enregistré plus tard sous le nom de « Baciclasyne ». Pour diffuser son traitement en France, il s’installa à Nice en 1893, où il fut fiché comme « anarchiste très militant ». Suite à l’attentat d’Auguste Vaillant (8 septembre 1893), il fut alors poursuivi par un associé pour « exercice illégal e la médecine » (son diplôme n’était pas français), fut arrêté mais le délit ne put être prouvé.
Suite à la répression suivant l’assassinat de Sadi Carnot par Sante Caserio, il fut expulsé de France en juin 1894 comme de nombreux militants étrangers et se réfugia à Barcelone (où il aurait déjà résidé en 1893) dans le quartier de Gracia (calle Corcega) où sa maison servit de refuge aux compagnons français et italiens et où il publia de nombreux articles de médecine qui sont, à ce jour encore, référencés par la bibliothèque de l’Académie Royale de Médecine.

En janvier 1895, il était l’objet d’un rapport du consulat de France à Barcelone, le présentant comme un “anarchiste militant, voir même comme un des chefs du parti”.

En décembre 1895 il avait été inscrit sur un État nominatif des anarchistes ou des individus considérés comme dangereux résidant ou voyageant en Espagne.

L’échec et la répression de la grève générale de janvier 1902 lui inspirera son dernier écrit, un roman de 142 pages : « Los Régénéradorès ».

Outre des poésies (Mea culpa, 1887) et la nouvelle Los Regenatores (Lecturas del pueblo, 1902) Il publia divers articles scientifiques référencés dans un ouvrage édité en 1892 sous l’égide du "Conseil Supérieur d’Investigations Scientifiques" espagnol : La doctrina y el laboratorio : fisiologia y esperimentacion en la societad espanola del siglo XIX », sous l’égide du « Consejo Superior de Investigaciones Cientificas », dans la collection « Estudios sobre la cienza ».

Décédé en 1905, il avait été, à sa demande et au nom du principe d’égalité entre tous les hommes, inhumé dans une fosse commune de Barcelone.


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