Jean-Pierre Duteuil était un des animateurs de la Liaison des Etudiants Anarchistes (LEA) créée suite à la parution d’un appel en septembre 1964 dans Le Monde libertaire et qui allait regrouper au début une dizaine d’étudiants venant du groupe Noir et Rouge, de l’Union des Groupes Anarchistes Communistes (UGAC) et de la FA dont Tomas Ibañez, étudiant à la Sorbonne et l’un des intitiateurs de l’appel.
La LEA, qui se réunissait au local de la CNT espagnole en exil, rue Sainte-Marthe, se fixait comme objectifs d’entreprendre une réflexion sur les problèmes de l’enseignement (publiée dans la brochure « Positions sur l’enseignement et le syndicalisme ») et de mener une action sur le plan étudiant. C’est à la rentrée universitaire de 1965-66 que le groupe de Nanterre allait s’étoffer avec l’arrivée à Nanterre de plusieurs autres camarades dont Daniel Cohn-Bendit et Elysée Georgeff. En avril 1966 Jean Pierre Duteuil participait à Paris à une rencontre européenne de jeunes anarchistes et intégrait le comité de lecture du Monde libertaire. Parallèlement il participait à la fondation du groupe de la Fédération Anarchiste de Nanterre regroupant une dizaine de personnes (étudiants et habitants de Nanterre) qui éditait le journal ronéoté L’Anarcho de Nanterre (n°1 en mai, suivi sans doute d’un ou deux autres numéros) tiré à 1.000 exemplaires. Le groupe de Nanterre quittera la FA lors du congrès de Bordeaux à la pentecôte 1967, avec un certain nombre d’autres groupes taxés de situationnisme ou de marxisme. Jean Pierre Duteuil devenait alors membre du groupe Noir et Rouge qui publiait la revue du même nom (Paris, 46 numéros de mars 1956 à juin 1970) et dont le directeur était Christian Lagant. Il participait ensuite à toutes les luttes menées sur le campus de l’université de Nanterre.
Le 22 mars 1968 il allait être l’un des protagonistes de l’occupation de la faculté de Nanterre puis de la fondation du Mouvement du 22 mars. Le 6 mai 1968, alors que le quartier latin était en effervescence après l’intervention de la police le 3 mai à la Sorbonne, il était l’un des huit étudiants (avec Cohn Bendit et René Riesel) à être traduit en conseil de discipline à la Sorbonne.
Après les évènements de mai-juin 1968, il collaborait avec D. Cohn Bendit, Herta Alvarez, Tomas Ibañez, Agustin Sanchez, Catherine Goldman, André Girard et Suzanne Guy au journal Passer Outre (Paris, 3 numéros du 25 novembre 1968 au 24 février 1969) en partie financé grace aux « droits d’auteur » et autres primes pour des reportages effectués pendant les évènements.
A partir de 1974 Duteuil a été le directeur de la revue La Lanterne noire (Meudon la Forêt, 11 numéros de juillet 1974 à juillet 1978 & 4 suppléments) créée par d’anciens membres de Noir et rouge et du bulletin Informations et correspondance Ouvrière (ICO). Puis il participait aux campings organisés par l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) puis par organisation Communiste Libertaire (OCL) nouveau nom de l’ORA. Il adhérait alors à l’OCL dont il allait devenir l’un des animateurs. Il partageait alors son temps entre une activité agricole dans la Vienne et le Pays Basque où sa compagne était enseignante.
En 1979-1980 il était responsable du bulletin Italie-Infos (Poitiers, 2 numéros de novembre 1979 à juillet 1980) publié par le secrétariat aux relations internationales (SARI) de l’OCL.
Puis il travailla comme imprimeur au Pays Basque et était à Peyrehorade le directeur du journal Erran (Peyrehorade, 4 numéros d’avril 1980 à octobre 1981 & 2 suppléments). Le journal sous-titré Pays basque nord, Journal d’expression libertaire était tiré à 1.000 exemplaires et vendu à 500 environ (lettre de Duteuil, 2 août 1985). Il collaborait à la plupart des réunions et bulletins sur l’enseignement impulsés par l’OCL dont Pour Un débat sur l’enseignement puis Con-Formation (Paris & Reims, 5 numéros de février 1975 à septembre 1976) auquel participaient également Annie Moreau, Michel Ravelli et Roland Biard.
Animateur des éditions Acratie fondées en 1982, il collaborait régulièrement à l’organe de l’OCL Courant Alternatif paru à partir de novembre 1980 et qui avait remplacé Front libertaire, et où il a été l’auteur de nombreux articles concernant le problème basque. Il a été également l’organisateur des campings de l’OCL tenus au Pays Basque ainsi que des commissions-journal organisées dans cette région, Courant Alternatif ayant pour caractéristique d’être réalisé dans une ville différente.
En février 1991, lors de la guerre du Golfe, il fut l’un des signataires (voir Denis Jean) du Manifeste « Guerre à la guerre » appelant à l’insoumission civile et militaire (cf. Courant alternatif, mars 1991).
Œuvres ; — Nanterre, 1965-68, vers le mouvement du 22 mars (Ed. Acratie, 1988)