Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

DUREY, François, Louis “PAUL-FRANCOIS”

Né à Lyon le 25 février 1851 — mort le 24 avril 1896 — Architecte ; dessinateur — Paris — Dijon (Côte-d’Or) — Alfortville (Val-de-Marne)
Article mis en ligne le 24 mars 2007
dernière modification le 26 mars 2025

par Dominique Petit, R.D.
François Durey

Louis Durey s’était engagé à 19 ans dans un bataillon de francs-tireurs. Il avait été blessé en allant ramasser son capitaine gravement blessé qu’on avait caché dans un bois. En 1871, il était venu avec les pompiers volontaires, pour éteindre les premiers incendies de la Commune. En arrivant, il avait rencontré un parent qui avait pris une part active à l’insurrection, il s’était promené avec lui et quatre ans plus tard, il était arrêté et fut condamné, le 25 novembre 1874, à 4 ans de prison par la cour d’assises de la Seine mais selon la Préfecture de police cette condamnation résultait d’un détournement d’argent au préjudice de son patron.

Le 15 janvier 1882, plus de 200 personnes avaient répondu à l’appel de la Fédération socialiste ouvrière de la Côte-d’Or. Louis Durey engagea les chambres syndicales à se fédérer entre elles.

Dans le journal La Tenaille du 10 novembre 1882, il fit paraître, pour le Groupe d’études sociales de Dijon, un communiqué de solidarité avec les militants arrêtés lors des troubles de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), réclamant leur mise en liberté immédiate.

Le 26 novembre 1882, il participa avec sa mère, comme assesseurs à une conférence privée de la Fraternité Société d’ouvriers réunis, Monod y était également présent.

Durey fut condamné le 6 avril 1883 à Dijon à 15 jours de prison et 50 francs d’amende pour s’être fait inscrire sur les listes électorales, alors qu’il était déchu de ses droits politiques à la suite de sa condamnation encourue à Paris.

En février 1887, Durey demeurait 10 rue Quentin, avec sa mère, il se trouvait sans occupation. Il était fréquemment absent de 6 ou 8 jours, sans que l’on en connaisse le motif.

Durey qui résidait 3 boulevard Sévigné, chez sa mère à Dijon, aurait fait partie du groupe anarchiste Les Résolus.

Il serait venu à Paris vers le 14 juillet 1889.

A l’occasion du procès devant la cour d’assises de la Loire des complices de Ravachol, Sébastien Faure fit une tournée de conférences dans la région. Il se développa alors un débat sur la question du « droit au vol et à l’assassinat ». Les anarchistes locaux, emmenés par Dumas, soutenaient ce droit, sans la moindre distance, Sébastien Faure, lui, soulignait les effets néfastes du crime de l’ermite de Chambles pour les anarchistes, Louis Durey prenait une position intermédiaire.

Sous le nom de Paul François, il avait remplacé Sébastien Faure, malade, à la conférence du 24 novembre 1891 au Prado de Saint-Étienne : « Sous le régime bourgeois dans lequel nous vivons, alors que les lois assurent la sécurité de la propriété individuelle qui n’est autre chose que le vol légalisé, il est impossible de ne pas reconnaître que le malheureux qui, poussé par le besoin et pénétré de cette vérité que tout n’est pas à quelques-uns, mais bien à tous, dérobe ce qui est nécessaire à son existence et à celle de ses enfants, ne commet aucun acte répréhensible. Il ne fait que reprendre par la force une partie de ce qu’on lui a arraché par la force. Et dans ce cas, entre celui qui vole et celui qui tend la main, toutes les sympathies anarchistes vont au voleur qui est énergique, tout son mépris au mendiant. »

Concernant l’assassinat, le compagnon Paul François, déclara que ses amis et lui, sans préconiser les actes de cette nature, étaient toujours portés à penser « qu’ils ont dans l’esprit de celui qui les commet, une cause utile au triomphe des idées anarchistes ». Dans ces conditions, il s’abstenait de juger.

Le 30 novembre 1891, Durey était à Roanne, à une réunion publique organisée par la Chambre syndicale des tisseurs à la Bourse du travail. Paul Lafargue député du Nord prononça un discours, interrompu par de violentes exclamations d’anarchistes. A un moment François Durey ayant escaladé la tribune, voulut prendre la parole. Un tapage indescriptible s’ensuivit. Le tumulte se termina par l’expulsion des interrupteurs, avec force coups de poing. Mais Paul François s’efforça de regagner la tribune, au milieu d’applaudissements émanants des compagnons disséminés dans la salle et d’une bordée de sifflets. Il fut de nouveau expulsé.

Le 24 décembre 1891, Sébastien Faure tenait une réunion publique salle Rivoire. Durey assistait à cette réunion où selon un rapport de police, « iL était la coqueluche d’une dizaine de femmes ou filles anarchistes amenées par la concubine du compagnon Poyet et par le compagnon Dumont. »

Le 3 janvier 1892, la Jeunesse anarchiste tenait une réunion au café Marcelllin, Durey y assistait, il fut décidé de faire un timbre au nom du « Groupe anarchiste de la Jeunesse de Lyon ».

Le 11 janvier Durey participa à une réunion à laquelle assistaientt Sébastien Faure et des militants lyonnais. L’objectif était l’organisation d’un groupe spécial destiné à former des orateurs. Dans ce but, ils s’exerçaient entre eux de façon à s’habituer à prendre la parole en public et surtout à faire la contradiction avec les orateurs du parti socialiste.

Durey signa des affichettes appelant à un congrès régional anarchiste le 17 janvier 1892 à 9h du matin, salle des Folies-Gauloises suivi en soirée d’une fête familiale petite salle de la brasserie Corompt, 33 cours Gambetta. Le 17 janvier, c’est lui qui percevait 3 centimes à chaque participant de la soirée familiale tenue à la brasserie Corompt pour fêter la fin du congrès régional et de la série de conférences de Sébastien Faure.
Le congrès régional avait réuni 100 compagnons venus de St Étienne, St Chamond, Teerenoire, Chambon, Vienne, Villefranche, l’Arbresle, Mâcon et Dijon.

Le 23 janvier 1892, Durey confia à ses compagnons qu’il avait l’intention d’entreprendre un jeune plus ou moins prolongé comme jadis Succi et Merlatti (qui s’exhibaient en jeûnant de 30 à 50 jours, pour gagner de l’argent). Il ferait paraître dans les journaux une note invitant les parieurs à se présenter, l’argent ainsi gagné serait affecté à la propagande. Mais il ne semble pas que ce projet ai abouti.

Le 26 janvier, le groupe deLa Jeunesse antipatriote tenait une réunion au café Marcellin, pour prendre les dernières mesures au sujet de la manifestation projetée à St Genis Laval, à l’occasion du tirage au sort du jeune Odin, Durey et Fortuné étaient présents. Le 27, les jeunes compagnons passèrent à l’action, les frères Condom tenaient le drapeau rouge.

Le 17 février 1892, Durey informa les 400 personnes rassemblées salle Rivoire que Sébastien Faure était parti la nuit précédente pour Paris et que ce départ était motivé par la condamnation qui l’avait frappé la veille en cours d’assises (18 mois de prison et 1.000 francs d’amende) dont il avait fait opposition. Durey remplaça donc S. Faure au pied levé sur le sujet prévu : « Le socialalisme chrétien ». « Il est assez bizarre de voir l’église catholique défendre les intérêts de la classe prolétarienne. Elle a eu dix-huit cents ans pour s’en occuper et elle n’a rien fait ; aujourd’hui qu’elle n’a presque plus de prestige, elle prétend venir au secours des ouvriers. Au moyen-âge l’esclavage existait et elle ne l’a pas empêché. Jusqu’en 1789, il y a eu des serfs dans les abbayes et ils étaient aussi malmenés que les serfs seigneuriaux. Tant que l’église catholique a eu le pouvoir en main, elle ne s’est jamais occupé des travailleurs. Aux forts, elle prêchait la douceur et aux faibles la résignation, leur faisant croire qu’une vie meilleure les attendait dans l’autre monde ». Durey fit savoir que pour le 1er mai, tout comme Sébastien Faure, il n’était pas partisan de la manifestation : « c’est un jour mal choisi ; car le gouvernement a pris toutes ses mesures pour réprimer le moindre mouvement révolutionnaire qui pourrait se produire… La manifestation du 1er mai est suspecte, elle a été votée dans un Congrès par des gens qui sont suspects ».

François Durey — qui avait remplacé, en mars 1892, Jules Deloux, condamné à 2 ans de prison, à la gérance du Pére Peinard d’E. Pouget, et où il avait été remplacé à son tour le 1er mai 1892 par Gardrat — fut arrêté en septembre et écroué à Dijon — où il demeurait rue Guillaume-Tell et fréquentait le groupe Les Résolus — et avait été condamné à ce titre, par le tribunal de la Seine, le 28 juin précédent avec Gardrat à un an d’emprisonnement [Selon Le Père Peinard, à 2 ans par défaut et 3.000 francs d’amende] pour « provocation au meurtre non suivie d’effet ». En appel le 28 juillet à Besançon, il avait été finalement condamné à 1 an et 1.000 francs d’amende. Le pourvoi en cassation introduit par Durey fut rejeté le 25 août suivant. D’abord écroué à la maison d’arrêt de Dijon pour y subir sa peine, il fut ensuite emprisonné à Sainte-Pélagie où il avait demandé son transfert comme détenu politique. En avril 1893, lors de l’épidémie d’influenza, il fut atteint de fièvre comme plusieurs autres prisonniers. Il fut remis en liberté provisoire en mai 1893 et habita ensuite Alfortville, 30 rue des pâquerettes chez le géomètre Léon Goupy qu’il avait connu à Sainte-Pélague et 32 rue de la Station.

Durey fut arrêté le 2 juillet 1894, dans le cadre de la rafle pour association de malfaiteurs.

François Durey est mort vers avril 1896 à l’hôpital Saint-Antoine. Le Libertaire écrivit : « Si fortes et si sincères étaient ses convictions que facilement il faisait des adeptes. Doux, serviable autant qu’énergique, partout il faisait aimer notre cause. On pouvait se fier à sa parole ». (cf Le Libertaire, 8 mai 1896).

Sur une photo non datée du groupe Les résolus de Dijon, F. Durey figurait au numéro 2 (voir F. Monod pour la liste).

Il y a sans doute identité avec Paul (sic), François Durey, ancien gérant du Père Peinard, signalé par la police comme l’orateur avec Fortuné Henry de deux conférences tenues à Bourges à la mi-juin 1892 et à la suite desquelles Henry fut poursuivi et condamné pour “provocation au meurtre et au pillage et outrages au Président de la République”.


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