Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

COULON, Auguste

Professeur de langues ; Indicateur — France — Londres
Article mis en ligne le 21 juin 2016
dernière modification le 5 août 2024

par ps

Réfugié en Grande-Bretagne à la fin des années 1880, Auguste Coulon fut dénoncé comme indicateur par le compagnon David Nicoll lors de l’affaire dite du groupe de Walsall.

Après avoir fréquenté une société socialiste démocratique à Dublin puis le parti possibiliste en France, Coulon se rallia à Londres à la Socialist League qui publiait le journal The Commonweal dont les animateurs étaient notamment David Nicoll et F. Kitz. Il résidait alors à Nottig Hill et s’occupait également de la diffusion de la brochure L’indicateur anarchiste qui contenait diverses « instructions sur la fabrication de bombes et de dynamite ». Au printemps 1890, dans une note publiée par La Révolte, il avait proposé aux camarades voulant se soustraire au service militaire de le contacter pour leur fournir tout renseignement nécessaire à trouver un emploi à l’étranger.

Selon D. Nicoll il se disait professeur de langues et ancien interprète au conseil municipal de Paris, mais ne travaillait pas : « pendant son séjour en Angleterre, Coulon, sa femme et sa famille ont été principalement entretenus par la générosité des camarades ». Puis après avoir prétendu avoie été exclu pour « anarchisme » de la société socialiste d’Hammersmith (à laquelle il n’avait jamais appartenu), il commença à fréquenter le Club Autonomie où les compagnons étrangers le crurent sur parole. Jusqu’à l’automne 1891 il enseigna à l’école fondée par Louise Michel. au Club Autonomie dans le quartier de Tottenham. Début 1891 il était même le secrétaire de l’école et appelait dans la presse libertaire en France à soutenir l’école en envoyant de l’argent, des livres et des cartes de géorgraphie. Cette situation à l’école lui permit d’entrer en contact avec de nombreux groupes qui le considérèrent alors comme « un homme de confiance », d’autant qu’il aida financièrement des compagnons dans la misère dont le compagnon Fred Charles qui vers juillet 1891 avait adhéré au Club socialiste de Walsall.

Puis, notamment par l’intermédiaire de Charles, Coulon s’occupa de trouver du travail à d’autres compagnons réfugiés en Angleterre dont Victor Cailes et Georges Laplace. Vers octobre une lettre signée « Degnai » (qui selon la police aurait été le compagnon italien J. Battola) et contenant le schéma d’une bombe fut adressée à V. Cails. Ce dernier et Charles avertirent le secrétaire du Club socialiste de Walsall, Deakin, que ce projet de bombes était destiné à la Russie, et ce dernier en informa Coulon qui, quelque temps auparavant, parlant de Charles qui travaillait alors dans une fonderie, avait déclaré lors d’une réunion du Club : « Il fera en sorte de fabriquer des bombes pour nous ». Selon la police plusieurs compagnons — dont Laplace, Charles, Battola — auraient alors commencè à rechercher des moules et des échantillons de fer tandis que parallèlement Coulon tentait de mettre en place une classe de « chimie » à l’École libertaire. A cette même époque il tenta d’impliquer David Nicoll, le directeur de The Commonweal, dans cette affaire, mais celui-ci refusa arguant « Nous sommes de trop vieux oiseaux qu’on n’attrape pas avec de la paille ». Coulon faisait également traduire par un étudiant en médecine la brochure « la guerre révolutionnaire de Most » qui contenait également diverses formules chimiques et destinée à être diffusée dans les groupes anarchistes. Mettant à profit sa connaissance de plusieurs langues, il collaborait à The Commonweal où, sous les initiales A.C il tenait la rubrique « notes internationales » où le plus souvent il faisait l’éloge de la propagande par le fait.

Toutes ces manœuvres aboutirent à l’affaire dite de Walsall et à l’arrestation en janvier 1892 de plusieurs compagnons — Deakin, Cails, Battola, Ditchtfield, Westley et Fred Charles — chez lesquels firent retrouvés divers écrits et publications anarchistes permettant de les inculper pour « fabrication de bombes » bien qu’aucun explosif n’ait été retrouvé. Puis en avril 1892, pour avoir soutenu ces camarades et avoir organisé un comité de soutien, la police arrêtait plusieurs autres compagnons à Londres dont D. Nicoll et Charles Mowbray inculpés à leur tour de « conspiration ».

Dès les arrestations de janvier, Coulon, qui avait été renvoyé de l’école libertaire à l’automne 1891, fut soupçonné par plusieurs camarades, d’être l’auteur de cette provocation. Le 10 janvier 1892 lors d’un meeting au Club Autonomie il lui fut demandé de justifier ses revenus, ce à quoi il répondit : « Je suis anarchiste ; je vis de vol », ce qui entraîna son exclusion du Club. Son propre frère qui tenait un commerce à Londres, avoua alors à un ami français (qui le rapporta à un compagnon dont il était l’ami) que son frère Auguste était depuis deux ans au service de l’agent de Scotand Yard M. Melville.

Lors du procès du groupe de Walsall en mars et bien qu’on ne puisse les impliquer dans aucun attentat, le tribunal condamna F. Charles, J. Battola et V. Cails à 10 ans de travaux forcés et F. Deakin à 5 ans tandis qu’avaient été acquittés Westley et Ditchfield. Lors du procès du Comité de soutien en mai 1892, Nicoll fut condamné à 18 mois de prison tandis que C. Mombray fut acquitté. Pendant ces procès Coulon se trouvait semble-t-il à Brixton sous protection policière.


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