Fréquentant les milieux anarchistes depuis son adolescence, René Doussot, marié et père de trois enfants, demeurait en 1923 au 103 rue des Boulets. Lors du conseil de révision, il fut exempté de service militaire pour “atrophie de la jambe gauche”.
En février 1922 René Doussot était le secrétaire de la Fédération des Jeunesses Syndicalistes de la Seine. Comptant parmi les fondateurs de la CGTSR, il y occupera de nombreux postes de responsabilité.
Il fut arrêté le 4 avril 1923, pour distribution de tracts antimilitaristes à la Foire aux pains d’épices, avec Georges Vincey, 22 ans, serrurier, 38 rue de Reuilly ; Edouard Darcheminey, 20 ans, ouvrier ébéniste, 83 rue Claude Decaen ; Maurice Trognon, 18 ans, découpeur, 80 rue de Picpus et Lucien Letalou. A la suite de cette arrestation, des perquisitions furent opérée à son domicile, sans résultat.
De 1928 à 1934 il sera membre — avec entre autres Andrieux, P. Besnard, Deberge, Giraud et Juhel — de la Commission Administrative et administrateur en alternance avec L. Laurent du Combat syndicaliste auquel il collaborait. Il était adhérent du syndicat des métaux et habitait alors 103 rue des boulets (Paris 11e). En 1930, il fut élu secrétaire de la Fédération des métaux de la CGTSR et fut également secrétaire de la 4e Union régionale. Les 6-8 mars 1931 il fut délégué au 3e congrès de la CGTSR où il fut nommé administrateur du Combat syndicaliste et remplacé au secrétariat des métaux par Ripoll.
Du 11 au 13 novembre 1933 il participait comme délégué de la CA au 4° congrès de la CGTSR où il était réélu au secrétariat de la CA avec Fontaine.
En 1934, René Doussot, dans Le Combat syndicaliste, critiqua la nouvelle union sacrée autour de l’antifascisme et critiqua la déviation de certains anarchistes lors de la manifestation, du 11 novembre, au Faubourg Saint-Antoine :
« A cette mascarade, car c’en était une, il ne manquait que les drapeaux tricolores, rengainés au dernier moment. On se devait, pour terminer, nous montrer encore une petite nouveauté. Cette nouveauté nous fut présentée sous l’espèce de la Milice ouvrière. Cette milice, constituée pour la défense des réunions et manifestations, défilant en grande tenue et au pas cadencé (il ne nous fut jamais encore donné de voir quelque chose de semblable), toujours pour lutter contre la guerre et
le fascisme, n’opposa d’ailleurs, il est vrai, absolument aucune résistance aux flics avenue Philippe-Auguste, quand ceux-ci firent sauter les képis de tous nos miliciens.
Mais ce qui est le plus triste de cette mascarade, c’est de voir les camarades de la Fédération Anarchiste ayant participé à l’organisation de cette manifestation et ayant prété leur titre, en compagnie de nombreuses organisations politiciennes, pour appeler les travailleurs, par affiches, à participer à cette fumisterie. Jusqu’où les camarades de la Fédération Anarchiste vont-ils glisser ?
Il commencerait à être temps qu’ils arrêtent leur glissade vers la démocratie s’ils ne veulent pas finir d’assassiner l’idée qu’ils prétendent représenter : l’Anarchie. »
A partir de 1935 il était domicilié 9 avenue de la Porte de Clignancourt (18e). Il travaillait dans une usine métallurgique de la banlieue parisienne.
En octobre 1936 il fut désigné avec Julien Toublet comme membre titulaire de l’AIT. En 1937 il était le trésorier du Comité d’aide et de secours aux victimes de la contre-révolution espagnole, constitué pour soutenir les compagnons emprisonnés en Espagne à la suite des affrontements de mai 1937 avec les staliniens. L’année suivante il était trésorier du Comité de Solidarité Internationale (CSI), section française du Fonds International de Secours de l’AIT dont le secrétaire était J. Toublet.
Au moment de la déclaration de guerre, il était le trésorier de la CGTSR et demeurait 9 avenue de la Porte de Clignancourt.
Pendant toute la guerre et l’occupation, selon le témoignage de Paul Lapeyre, « Doussot réunit chez lui, chaque mois, la commission administrative du SUB… et du SUM (syndicat unique des métaux) et tint à jour les procès-verbaux de ces réunions, pour prouver que la CGTSR avait continué d’exister… »
Après-guerre il habitait toujours 9 avenue de la porte de Clignancourt, dans le XVIIIe et participait à la fondation de la CNTF. Nommé trésorier confédéral au congrès de constitution, il occupait toujours ce poste en 1952 et allait participer à la plupart des congrès nationaux. Il avait également collaboré à CNT-Action Directe (Paris, 8 numéros de début 1947 à avril 1948) bulletin intérieur du syndicat des métaux de la région parisienne dont les responsables étaient alors E. Rotot, Coutelle et Salembier. A l’automne 1949 il avait été renommé trésorier du bureau confédéral aux cotés de Oudin (secrétaire), Samson (secrétaire à la propagande) et Boucoiran (trésorier adjoint).
René Doussot, dont le nom figurait depuis la libération sur la liste des domiciles anarchistes à surveiller, est mort à Paris le 18 janvier 1961.