Fils de Nicolas Gambachidzé, conseiller à la cour de Tiflis (actuelle Tbilissi), et d’Olga Wissarion, le jeune Vassili était membre du groupe anarchiste Liberté, à Tiflis (actuelle Tbilissi). En 1905 il dut fuir l’Empire russe et s’installer en Suisse, à Genève, où il fréquenta les militants révolutionnaires en exil, dont Lénine.
En 1907 il s’installa à Paris 5e, au 11, rue Bertholet.
En novembre 1907, il s’inscrivit à la faculté de chimie de Bordeaux, où il vécut au 24, bd Antoine-Gauthier. Il aurait de nouveau rencontré Lénine à Bordeaux. Là il continua à faire de la propagande en distribuant des brochures de Kropotkine à ses condisciples et fut renvoyé au bout de trois mois pour défaut de paiement. Il aurait alors acheté une petite maison au Bouscat, où Antoine Antignac fut hébergé à l’occasion, mais il vécut la plupart du temps au 13, rue d’Arès, chez la camarade Georgette Aubry, épouse Du Bief, dont il fut l’amant.
En août 1909 éclata « l’affaire Gambachidzé ». L’Okhrana, la police secrète tsariste, n’avait pas perdu la trace du jeune révolutionnaire. Après le démantèlement du groupe Liberté, le gouvernement russe demanda l’extradition de Gambachidzé, l’accusant de « complicité morale » dans une affaire criminelle (un rapt) visiblement inventée pour motiver la demande d’extradition.
Le 26 août 1909, après la signature d’un accord de sécurité entre le président Fallières et Nicolas II, l’étudiant fut arrêté par la police et mis au cachot du Fort du Hâ à Bordeaux, en attendant son expulsion.
Défendu par Me Luzzi, de la Ligue des droits de l’homme (LDH), une campagne en faveur de la libération de Gambachidzé fut lancée par le Comité de défense sociale (CDS), et notamment par Henry Combes. En moins d’un mois, trois meetings de protestation réunirent, selon Le Libertaire, plusieurs milliers de personnes. L’affaire revêtait d’autant plus d’importance aux yeux du CDS que l’expulsion de Gambachidzé risquait de créer un précédent et de fragiliser la situation des réfugiés politiques russes en France.
La LDH s’engagea également. Le 15 septembre, elle donna à Paris une réunion publique en sa faveur sous la présidence de Francis de Pressensé. Le 18 septembre, elle donna à Bordeaux un autre meeting sous la présidence de Louis Victor-Meunier, responsable fédéral de la LDH et directeur du quotidien bordelais La France. En Gironde, la SFIO, le Parti radical-socialiste et l’Alliance républicaine démocrate se prononcèrent également en faveur de Gambachidzé.
Sous la pression de la campagne, le ministère de l’Intérieur sortit le jeune homme du cachot le 8 octobre, mais le maintint en détention. Finalement libéré le 2 novembre 1909, il quitta Bordeaux le 12 et alla habiter à Paris 18e, au 20, rue d’Orsel, à deux pas du Libertaire. Il écrivit alors régulièrement dans l’hebdomadaire sous le pseudonyme de Waso Chrochely (orthographié Croccelli dans certains rapports).
Proche de Georges Durupt et Henry Combes, il fréquentait les réunions du groupe anarchiste de Montmartre, 33bis rue Doudeauville ainsi qu’aux réunions tenues 69 rue de l’Hôtel de Ville où il prenait souvent la parole et se prononçait en faveur du communisme anarchiste et du syndicalisme révolutionnaire.
Gambachidzé milita ensuite dans la Fédération révolutionnaire communiste (FRC) dès ses premiers pas, en novembre 1910.
Militant actif, son statut d’expatrié ne lui permit jamais de prendre des responsabilités dans la FRC, mais il intervint souvent dans les réunions, dont le congrès du 4 juin 1911 où, selon la police, il avait proposé que chaque camarade « soit en possession d’un exemplaire d’un opuscule indiquant la fabrication des bombes à mèche ou à renversement »…
En octobre 1911, Gambachidzé fut un des fondateurs du Club anarchiste communiste et cosigna son manifeste (voir Albert Goldschild).
Farouche adversaire de l’hervéisme, Gambachidzé attaqua violemment, au congrès régional du 19 mai 1912, le projet d’Entente révolutionnaire proposé par Charles-Albert. Il demeurait alors 19 rue Champollion (Ve arr.) et participa également aux activités du Foyer anarchiste du XIXe (Boulevard de la Villette).
En 1913 il revint vivre à Bordeaux, où il s’installa au 24, bd Antoine-Gautier. Son fils Wakhtang naquit le 1er novembre 1914. C’est sans doute à cette époque qu’il fut initié à la franc-maçonnerie par Louis Victor-Meunier. Il entra à la Loge anglaise de Bordeaux, affiliée au Grand Orient de France.
En 1921, la police le localisait à Valence (Drôme). C’est cette année-là qu’il partit pour la Russie avec femme et enfant. Après avoir séjourné quelques mois à Constantinople en attente d’un visa, il put enfin entrer en Géorgie. Il s’installa ensuite à Petrograd puis à Moscou, où il travailla dans l’administration.
Après son retour à Tbilissi en 1923, il fut enlevé par la police politique en 1927 et déporté en Sibérie. Libéré au bout de plusieurs années, il lui fut interdit de rentrer en Géorgie et il resta travailler en Sibérie. Pendant quelques mois il adressa de l’argent à sa femme restée à Tbilissi. Il fut de nouveau arrêté vers 1937 et exécuté en secret. Sa femme n’en eut la confirmation que quarante ans plus tard, lorsqu’en 1975 un courrier de l’administration l’informa que l’innocence de son mari avait été reconnue, et qu’elle pouvait toucher quelques roubles de dédommagement.