Lors du tirage au sort de la classe 1890 à Paris XVIII, Raoul Paris avait été réformé. C’est à cette époque, à Paris où il travaillait comme peintre en voitures, qu’il avait commencé à lire Le Père Peinard et La Révolte et était devenu anarchiste. Devenu trimardeur, il fut condamné à 5 reprises, notamment à Moulins à l’hiver 1892 époque où il était sans travail, à 8 jours de prison pour « vagabondage ». Après cette condamnation il circula de ville en ville, faisant de la propagande et contactant les compagnons locaux. Il fut l’auteur de plusieurs chansons dont l’une fut publiée dans Le Père Peinard. Il fut également condamné à Lyon pour « vagabondage » en juillet 1894.
A sa libération le 27 septembre il était parti pour la région de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) où il circulait de ferme en ferme à la recherche de travail, y chantant parfois le soir la chanson Sous l’anarchie dont il était l’auteur. Trouvé porteur de plusieurs journaux avec le portrait de Caserio, d’une lettre, en langage convenu, qui prouvait qu’il faisait de la propagande et était en relations avec plusieurs compagnons (dont le groupe Les Vengeurs de Saint-Étienne), et de la chanson Sous l’anarchie, il fut arrêté le 1er octobre dans une auberge de Monceau les Mines après s’être présenté au poste de police pour obtenir un billet de logement qui lui avait été accordé
Après avoir revendiqué sa condition d’anarchiste et avoir refusé de divulguer le nom du compagnon à qui la lettre était destinée, ni le code convenu, il fut poursuivi pour « association de malfaiteurs » et « propagande anarchiste ». Devant le juge d’instruction, il s’était défini comme un modéré opposé à la propagande par le fait : « …C’est par la douceur et des moyens raisonnables que je voudrais arriver aux réformes sollicitées. Je réprouve les crimes commis par Ravachol, Henry et Caserio » (interrogatoire du 8 octobre 1894)
Chanson Sous l’Anarchie :
“L’Anarchie c’est une bonne chose/ Pour l’ouvrier /Ça lui fait voir la vie en rose/ Sans la crever/ Le Bourgeois c’est une autre affaire/ Y pousse des cris/ Car y n’peut plus vivre à rien faire / Sous l’Anarchie
Sous l’Anarchie y a plus de danger / De crever d’faim / Car tout le monde pourra turbiner/ Manger du pain / On verra plus dans les coupés/ L’bourgeois bien mis/ Mais l’ouvrier sera mieux huppé/ Sous l’Anarchie
Sous l’Anarchie/ Plus d’député / Plus d’sénateur/ Qui sont toujours à s’disputer/ L’assiette au beurre/ On n’verra plis de malheureux/ L’hiver transis/ Car tous les peuples seront joyeux/ Et sans souci/ Car aucun régime ne vaut mieux/ Que l’Anarchie
Sous l’Anarchie plus d’vagabonds/ A trimarder/ Plus de curé, plus de patron/ Pour commander/ Chacun son maître/ Et c’est ainsi/ Que les enfants seront contents de naître/ Sous l’Anarchie
Sous l’Anarchie, quand ce grand jour/ Aura sonné/ Compagnons soyons là / Pour tous nous venger/ Et si les bourgeois viennent pleurer/ Leur triste vie/ Ne leur faite aucun quartier/ C’est des ennemis (bis).