Fin décembre 1894, Eugène Cotin dit Cuvilier, fils de Louis et de Marguerite Coutant, avait été démasqué à Londres comme indicateur. Piégé lors d’une réunion organisée par les compagnons — dont Duprat, Lapie, Malato et Delebecque —, il reconnut les faits et raconta son histoire. Après avoir quitté sa famille — en janvier 1893 il avait été condamné à Paris à 15 jours de prison pour "abus de confiance -, il était allé d’abord à Londres où il avait notamment été hébergé par Sicard, et avait travaillé comme maître d’hôtel puis ne trouvant pas de travail, à Cardiff en mai 1894 dans l’intention de s’y embarquer. N’y étant pas parvenu il avait été rapatrié en France et était revenu à Redon quelques jours après l’assassinat du président Carnot par Caserio. Il fut alors arrêté comme anarchiste, ce qu’il n’était pas, et resta emprisonné 19 jours. A sa libération, il était parti à pieds à La Rochelle où il fut alors engagé comme indicateur par la police qui lui proposa de retourner à Londres pour y surveiller les anarchistes, moyennant 200 francs par mois, ce qu’il avait accepté. Dès le 9 août il était à Londres où il ne tarda pas à entrer en contact avec un compagnon et à s’infiltrer dans le milieu. Outre la police française qui l’appelait Cottance il était également en contact avec des agents de Scotland Yard. A la fin de cet entretien avec les compagnons qui le laissèrent partir, il avait remis une lettre de la Préfecture de police lui demandant des renseignements sur divers compagnons et compagnes.
A la suite de ces révélations publiées dans Le Père Peinard, le père de Cotin avait écrit une lettre (publiée par L’Intransigeant) où il déclarait : « Si mon fils s’est fait mouchard, je n’y suis pour rien ; et lorsque j’ai vu votre numéro du 8 [janvier], je lui ai demandé si c’était de lui qu’on parlait. Après sa réponse affirmative, je l’ai mis à la porte, ne voulant pas qu’il soit dit que j’ai un mouchard dans ma famille et surtout mon fils ». Eugène Cotin se serait ensuite engagé dans l’infanterie de marine.
Pouget édita également sur cette affaire et à un très grand nombre d’exemplaires la brochure Judas.