Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site

Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CAMET, Camille

Né à Lyon (Croix-Rousse) le 22 novembre 1850 — Tisseur — AIT — Lyon (Rhône) — Suisse
Article mis en ligne le 15 août 2014
dernière modification le 1er novembre 2024

par ps

Tisseur lyonnais (Camille Camet canut, aimait à dire Bakounine) Camille Camet fut affilié à l’Internationale dès 1869. Joua-t-il cependant un rôle de premier plan, notamment celui de secrétaire du Comité central du Salut de la France en septembre 1870, comme l’indiqua le procureur de la république en avril 1874 (cf. Gazette des Tribunaux, 22 avril), on peut en douter.

Soldat, à partir du 11 avril 1871, au 62e régiment d’infanterie en garnison à Saint-Étienne, Camet ne tarda pas à déserter et passa en Suisse. Il revint toutefois à Lyon au moment de la révolution des 30 avril-1er mai. Il était porteur, ainsi que son compagnon Albert Leblanc, de placards qui avaient été imprimés à Genève. Leblanc fut arrêté à Bellegarde, et seul Camet arriva à Lyon.

Après l’échec du mouvement et se sentant surveillé, il alla en Suisse, à Zürich, vers le 20 mai. Avec Pindy, il représenta les sections françaises de l’Internationale au Congrès international « antiautoritaire » du 15 septembre 1872, à Saint-Imier. En mars 1873, il se rendit alors à Barcelone en passant par Ancône et Livourne. Avec Alerini et Brousse, il signa, le 4 avril, le programme autographié sur papier pelure lancé au nom du Comité de propagande révolutionnaire socialiste de la France méridionale. Ils déclaraient essentiellement : « Considérant que l’organisation d’un pouvoir quelconque, qu’il émane du Droit divin ou des Urnes populaires, qu’il soit destiné à être définitif ou comme certains le veulent à préparer la révolution, est un obstacle à l’émancipation libre des travailleurs, nous nous placerons sur le terrain de l’An-archie. » Tous les trois firent ensuite paraître, le 10 juin, le premier numéro de La Solidarité révolutionnaire qui devait cesser sa parution le 1er septembre, après dix numéros.

À l’occasion du 6e congrès de l’Internationale « antiautoritaire » (Genève 1er-6 septembre 1873) auquel fut délégué Alerini, Camet se rendit en Suisse, puis revint en France fin septembre et se fixa à Lyon où il déploya une intense activité et supplanta Boriasse dans la direction du mouvement. Il élabora notamment un programme révolutionnaire qu’il soumit à la discussion de ses amis lyonnais et stéphanois affiliés à l’Internationale. Son programme fut adopté et un tribunal populaire fut même désigné comprenant, avec Camet, Bruy, Chazy, Dubois et Gaillard pour le cas où la Commune viendrait à être proclamée. Le 31 octobre, il alla à Saint-Étienne en compagnie de Laurençon avec qui il habitait et y rencontra notamment Gillet, Dupin, Gaspard et Lachal. Il donna lecture de son programme et on organisa, comme on l’avait déjà fait à Lyon, des commissions dans l’éventualité d’une prise du pouvoir. Camet était à ce moment chef incontesté de l’Internationale dans les régions lyonnaise et stéphanoise.

Avec Perroncel, il entra alors en relations, à Lyon, au début de novembre, avec le Comité central républicain ou Comité de la rue Grôlée de façon à assurer à son programme une plus large audience. Mais il était surveillé par la police et fut arrêté le 16 novembre en compagnie de Lachal, Laurençon et Perroncel. Il était porteur d’un revolver à six coups et d’un couteau-poignard. Le 25 avril 1874, le tribunal correctionnel de Lyon le condamna à cinq ans de prison, 50 F. d’amende et cinq ans de privation de ses droits civiques (affaire dite du Complot de Lyon).

Mais Camet était aussi déserteur et il comparut, le 4 décembre 1874, devant un tribunal militaire siégeant à Nantes, qui le condamna à cinq ans de travaux publics avec confusion des peines.

Camet fut amnistié le 31 mai 1879 après que, le 18 juin 1878, sa peine eût été réduite de six mois. Il était alors détenu à Bougie. Il était recommandé par M. Andrieux, ancien député, préfet de police.

En 1884 il participait à diverses réunions anarchistes à Saint-Étienne.

Quelques années plus tard, il fut, ainsi que sa femme, « la Camette », guesdiste militant et, en 1892, il était à la tête du Parti ouvrier français, pour l’agglomération lyonnaise, tout en ayant conservé intacte son admiration pour Michel Bakounine et son disciple Albert Richard.
Il fut délégué aux congrès nationaux du POF à Lyon (1891) et à Marseille (1892).

Il y a sans doute identité avec Camet qui assista comme délégué au Ve congrès national des syndicats et groupes corporatifs ouvriers de France tenu à Marseille en septembre 1892. Il y représentait, avec Cochet, Cotte, Desjardin, E. Dufeu, Fort, Nachury, Vigne et Vitre, la « Fédération nationale (Lyon) ».

Des vingt-neuf inculpés dans l’affaire dite du Complot de Lyon, vingt-sept furent condamnés, (d’après Arch. Dép. Rhône et Gazette des Tribunaux, cf. ci-dessus, et J. Guillaume, L’Internationale, t. 3, p. 170) :
À cinq ans de prison : C. Camet, P. Gillet ; à trois ans : H. Boriasse, P. Dupin, L.-P. Gouttenoire ; à deux ans : J. Deville, P. Dubois, A. Laurençon, F. Perroncel ; à un an : L.-J. Audouard, B. Ayèle, J.-L. Bruy, L. Busque, Cl. Chazy, V. Damaisin, F. Gaspard, Cl. Lachal, J. Lafay ; à six mois : A. Chazot, H. Durieu, G.-J. Gaillard, H.-H. Hivert, L. Martin, P.-F. Masson, M. Roure, S.-P. Roussel, A. Serre.

Chacun des vingt-sept condamnés devait en outre acquitter 50 F. d’amende et se voyait priver, durant cinq ans, de ses droits civiques.

Deux des inculpés furent acquittés : E.-M. Polosse et J. Sibilat


Dans la même rubrique