Dictionnaire international des militants anarchistes
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DEHERME, Georges, Marie, Adolphe “GEORGES”
Né à Paris le 7 avril 1867 - mort à Bruxelles le 25 janvier 1937 - Ouvrier sculpteur sur bois ; typographe - Marseille (Bouches-du-Rhône) - Paris
Article mis en ligne le 14 février 2007
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.
Georges Deherme

Né de père inconnu, Georges Deherme fréquentait assidûment, dès l’âge de seize ans, les réunions anarchistes. Il habitait alors chez sa mère, 9 rue Teissière à Marseille, et travaillait comme apprenti bijoutier chez « Mouton », fabricant, 5 marché des Capucins qui déclarait être “satisfait de son travail”. Il fréquentait alors le Cercle Esquiros où il était souvent avec Gaston Mazade et recevait à son domicile de nombreuses brochures et des exemplaires du Révolté qui était alors interdit et que lui expédiait Jean Grave.

Il vint se fixer ensuite à Paris et s’installa dans le quartier du meuble, rue du Roi doré. D’abord membre du Comité socialiste révolutionnaire du XIe arrondissement, il fut ensuite l’un des fondateurs du groupe éditant La Revue Antipatriote Révolutionnaire (Paris, 2 numéros, octobre et novembre 1884) où Deherme écrivait : “Nous ne cesserons donc de faire partout et toujours une guerre acharnée aux préjugés et à ceux qui les maintiennent. Car nous croyons que ce sont eux qui mettent le plus d’entraves au but que nous poursuivons par la Révolution sociale qui renversera cette société pourrie qui n’est basée que sur l’assassinat légal et l’exploitation, pour la remplacer par une société égalitaire basée sur la paix et le travail, où chacun produisant selon ses forces et ses capacités, pourra consommer selon ses besoins et, pour nous résumer, par la Société Communiste Anarchiste. Vive la révolution sociale ! ». Cette revue, dont le gérant était Le Bolloch - condamné en novembre 1884 à 8 jours de prison et 100 francs d’amende -, a peut être été à l’origine de la fondation en 1886 de la Ligue des Anti-patriotes par entre autres, Bidault, O. Jahn, Tennevin et Tortelier etc. En 1885 il collaborait au journal Le Droit social (Marseille, 2 numéros, 16 mai au 13 juin 1885) publiés par Alphonse Lauze, Étienne Bellot et Jean A. Joly ainsi qu’à Terre et Liberté (Paris, 18 numéros du 25 octobre 1884 au 21 février 1885) organe communiste anarchiste publié par Antoine Rieffel et à L’Action Révolutionnaire (Nîmes, 1887). Il aurait également collaboré selon E. Pouget à l’Autonomie individuelle (Paris, 9 numéros de mai 1887 à mars 1888). Deherme, qui avait été semble-t-il membre de la Chambre syndicale des hommes de peine fondé en 1887 par Leboucher et Louiche, avait adhéré au syndicat des sculpteurs sur bois et à la coopérative « La Moissonneuse ». Autodidacte, il lisait beaucoup, en particulier les œuvres de Proudhon, mais aussi celles d’autres sociologues, de moralistes et des ouvrages scientifiques.

En 1885 il avait passé plusieurs mois à Marseille où il avait fait des tournées dans les départements environnants et avait fondé un groupe Le Droit social et collaborait à son journal Le Droit Social.
En juillet il revenait à Paris et continuait de fréquenter les réunions de divers groupes dont Les libertaires du XXe, Les Egaux du XIe et le Groupe cosmopolite. Il aurait collaboré alors à La Révolution cosmopolite et à L’Insurgé, aurait fondé avec les compagnons Lucas, Roussel et Rieffel, le groupe éphémère Les Décadents et aurait participé à la fondation du journal L’Autonomie individuelle. Il était également signalé dans les réunions de la Ligue des antipatriotes.

Le 23juillet 1887 il avait été condamné par la Cour d’assises de la Seine à un an de prison par contumace suite à l’affichage le 21 avril précédent sur les murs de la caserne du Château d’eau du placard Aux conscrits édité par la Ligue des Antipatriotes, tandis que Ferdinand. Niquet et Eugène Moreau avaient été condamnés à 2 mois de prison. Le 30 décembre, en appel, sa peine avait été réduite à 1 mois de prison et 50 francs d’amende.

En 1887 il était membre, semble-t-il, du groupe Les communistes libertaires du XXe arrondissement avec entre autres Schaeffer, Boutin, Cahuzac Thomas et Bidault, puis du groupe Les Libertaires du XXe (voir Louiche).

De 1890 à 1892 il avait fait son service militaire dans le 72e Régiment de ligne basé à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Deherme fut cofondateur en 1892, avec Paul Desjardins, Buisson, Charles Gide, G. Séailles, de l’Union pour l’Action morale qui deviendra l’Union pour la Vérité. Il collaborait à l’époque à L’En dehors (1891-1893) de Zo d’Axa ainsi qu’au quotidien anarchisant La Renaissance (Paris, 24 décembre 1895 au 27 juillet 1896) fondé par Paul Martinet.

Le 10 octobre 1892, il reparut à une réunion du Cercle International, rue Aumaire.
Il fréquenta aussi les réunions des Egaux du 11e, 12e et 20e arrondissement, ainsi que l’établissement de Constant Martin 3 rue Jonquelet.
Le 4 décembre 1892, dans une réunion à la salle Mas, 166 rue de Charenton, la parole lui fut retirée parce qu’il avait déclaré que la Révolution devait être pacifique.
De concert avec Carteron et Schæffer, il fonda un groupe d’études sociologiques Le Progrès social qui se réunissait 5 rue Keller.

Le 21 février et le 6 mars 1893, il faisait deux conférences qui n’eurent pas un grand succès.
Au mois d’avril 1893, il publia comme gérant, un journal intitulé Le Réveil national puis Le Réveil du faubourg, organe socialiste républicain des intérêts généraux de la région de l’Est de Paris, qui n’avait aucun caractère anarchiste.

En octobre 1893, il fit une demande d’emploi à la préfecture de la Seine. Il disait alors ne plus s’occuper de politique.

Le 7 janvier 1894, Deherme assistait à une réunion anarchiste salle Lexellens où il engagea les anarchistes à s’affilier aux groupes socialistes, en attendant que les mesures de répression soient un peu moins dures et à une autre réunion, le 5 février, salle Léger, 108 rue du Temple.

En mars 1894, il travaillait comme employé aux écritures, chez un fabriquant de produits pharmaceutiques.

Le 9 mars 1894 il fut arrêté lors des rafles anti anarchistes. Il demeurait alors au 4 rue Chevreul. Au printemps 1893 il avait habité 34 Passage Montgallet.
Lors de la perquisition infructueuse faite à son domicile, il avait dit ne plus être anarchiste, ni avoir fréquenté de réunions depuis son retour du régiment. Poursuivi pour "association de malfaiteurs", il fut interné à Mazas. Lors de ses interrogatoires, il s’était défini comme “évolutionniste individualiste”. Remis en liberté provisoire le 6 avril, il bénéficia d’un non-lieu en juin 1895.

Mais Georges Deherme fut avant tout le fondateur et le propagandiste des Universités populaires animées, au moins au début, par des anarchistes. Afin d’encourager la culture populaire et pour servir de lien entre les universités, il fondait la revue La Coopération des idées (7 numéros publiés en 1895, puis n° en février 1896 à 1913).

Avec quelques amis de tendances diverses, et des adhérents d’un groupe de Montreuil, Deherme ouvrit en avril 1898 un local situé, 17-19, rue Paul-Bert (XIe arr.) où, après avoir créé une petite société coopérative, il installa la première Université populaire. L’objet de l’université était, en faisant appel aux travailleurs libres, non enrôlés dans un parti ou dans un groupement, de former des administrateurs de coopératives et de syndicats, une élite prolétarienne « noyau vivant de la future société ».
Transférée faubourg Saint-Antoine, cette université prit le nom du journal fondé en 1895 La Coopération des Idées, journal qui deviendra revue hebdomadaire, puis, en 1902, brochure mensuelle. Peu après la fondation de la première université, Deherme créait une Société des universités populaires, dont le catholique Mazel fut le premier secrétaire et que dirigèrent par la suite Gabriel Séailles, professeur à la Sorbonne, en tant que président, et Charles Guieysse, officier d’artillerie démissionnaire et administrateur de l’École des Hautes études sociales, en tant que secrétaire général. Plusieurs coopérateurs se formèrent ou se perfectionnèrent dans ces universités. Proudhonienne avec Deherme, la Société des UP allait devenir marxiste-syndicaliste avec Guieysse. Deherme rompit avec elle et créa en 1901, une fédération des UP qui avait pour but de réaliser l’idée reprise plus tard par Albert Thomas sous la forme de Comité national des loisirs.

À partir de 1900, Deherme mena une active propagande dans sa revue, dans « l’Almanach de la coopération », et dans d’autres publications en faveur du Palais du Peuple. Une coopérative fut constituée dont Raphaël Barré, membre de la Chambre consultative des Associations ouvrières de production et directeur de sa banque, fut le président et Deherme le directeur. Un Comité de patronage fut constitué, mais, en 1907, l’oeuvre échoua ; elle sera reprise plus tard sous une forme non coopérative.

En 1901 il collaborait à l’organe individualiste L’Homme (Paris, 7 numéros du 5 avril à août 1901) fondée par G. Renard et Raoul Alas-Luquetas et qualifiée par H. Zisly “d’individualisme bourgeois”.
Entre 1902 et 1907 il était membre avec G. Butaud, E. Zisly, E. Armand, M. Kugel, Ardouin, etc. de la société pour la création et le développement d’un milieu libre en France et aurait participé au milieu libre de Vaux.
Cependant Deherme avait ouvert sa revue aux coopérateurs. Plusieurs jeunes disciples de Gide y collaborèrent, en particulier Daudé-Bancel. En 1899, il avait été élu au Comité central de l’Union coopérative. Succédant à Soria démissionnaire, il accepta en 1902 le secrétariat général qu’il conserva jusqu’au 1er février 1903, date à laquelle il fut remplacé à ce poste par son ami Daudé-Bancel. Deherme prit énergiquement parti contre la Bourse des coopératives socialistes et défendit l’indépendance de la coopération contre les ingérences politiques.
Le rôle coopératif de Deherme s’arrêta là ; il resta quelques années encore attaché au mouvement, mais il devait consacrer le reste de sa vie à l’étude du positivisme et abandonna les idées libertaires. (Voir sa notice compléte dans le Maitron).


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