Albert Degrigny était ajusteur à la fonderie de canons des Établissements militaires de Bourges. Il appartenait au syndicat des ouvriers civils des EM, au conseil d’administration de la Bourse du Travail et aux Jeunesses syndicalistes. La police commença à s’intéresser à lui pendant l’été 1910 : « Au cours de la surveillance exercée sur la correspondance de Benoist Fernand, il a été établi que ce dernier avait reçu vers la mi-juillet 1910, des brochures révolutionnaires provenant de Belgique, notamment de Bruges. Or, au cours d’un congé de quinze jours, du 5 au 20 août 1910, Degrigny s’est rendu en Belgique à Bruges et Blankenberge d’où il a envoyé des lettres à Benoist. » En septembre, un surveillant surprit Degrigny introduisant aux Établissements militaires dix-sept exemplaires de l’Insurgé, hebdomadaire libertaire du Centre publié à Limoges par Petitcoulaud (63 numéros du 20 mars 1910 au 29 mai 1911). Pendant cette même période, il présida une série de conférences de Sébastien Faure. Une perquisition au domicile de Degrigny, le 19 octobre 1910, ne permit à la police de découvrir que des exemplaires du journal d’Hervé : La Guerre sociale, et de l’Insurgé. La préfecture l’inscrivit au Carnet B le 26 février 1912, un rapport du 17 avril 1914 estimait indispensable le maintien de cette inscription.
Mobilisé sur place à la déclaration de guerre, il défendit les thèses hostiles à l’Union sacrée dans son syndicat. Il ne joua cependant qu’un rôle secondaire dans la vie des Établissements militaires durant la guerre.
Après le congrès de Tours (décembre 1920), il adhéra au Parti communiste, auquel il resta fidèle jusqu’à son décès en 1928(Voir sa notice dans le Maitron).