François Le Levé qui était entré comme ouvrier chaudronnier à l’Arsenal de Lorient vers 1900 et avait effectué son service militaire en 1901, devint au début des années 1910 le secrétaire adjoint du syndicat CGT des travailleurs réunis du port de Lorient où il était domicilié 22 rue Le Sage.
Fin 1908, la police signalait qu’il s’était fait adresser à son nom à la Bourse, plusieurs ballots du journal La Mère Peinard qui avaient été ensuite diffusés. Le 24 décembre, lors d’une représentation du groupe de théâtre libertaire à la Bourse, il avait tenu le rôle principal de la pièce la première salve dans laquelle des soldats allemands et français fraternisaient et levaient la crosse en l’air “en chantant le couplet censuré de l’Internationale”.
Le 30 mars 1909 il avait présidé à la Bourse le meeting de soutien à la grève des postiers, puis le 29 avril suivant avait présidé la conférence tenue par le compagnon Ernest Girault. Il était alors membre de la Jeunesse syndicaliste et du Comité de défense sociale (CDS) dont le secrétaire était Jean Michel Le Moing.
Début août 1911, suite à un sabotage sur la ligne de chemin de fer entre Lorient et Quimperlé, il fut l’objet d’une perquisition, puis fut relaxé.
Membre du conseil d’administration de la Bourse du Travail, il était également l’animateur du groupe local des Temps nouveaux. Il collaborait à cette époque au journal de Jean Grave Les Temps nouveaux (Paris, 1895-1914) qui le mit en rapport avec Émile Masson et son journal en breton et français Brug (Lorient, 19 numéros de janvier 1913 à juillet 1914) auquel il collabora et dont il fut le gérant. Inscrit au Carnet B, Il fut élu en 1913 secrétaire adjoint de l’union départementale CGT.
A la mi août 1913 il avait participé au congrès anarchiste national tenu à la maison des syndicats à Paris et dont il écrivit : “Il ne s’agissait pas d’une révision de nos idées comme certains l’ont dit, mas d’une précision de celles ci. Anarchistes-communistes, nous ne devions pas laisser, plus longtemps, subsister l’équivoque qui nous faisait confondre avec ceux qui avaient érigé en principe le vol et l’estampage ». (cf. Les Temps nouveaux, 23 août 1913).
En 1914 il était le secrétaire du groupe de Lorient adhérent à la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) et était alors domicilié 20 rue Lesage.
Au moment de la première guerre mondiale, il fit partie du groupe de militants anarchistes qui se rallièrent à « l’union sacrée » et fit l’un des signataires en mars 1916 du Manifeste dit des seize (Cornelissen, H. Fuss, J. Grave, J. Guérin, P. Kropotkine, A. Laisant, C. Malato, J. Moineau, A. Orfila, M. Pierrot, P. Reclus, P. Richard, S. Ichikawa et W. Tcherkesoff), exprimant ce ralliement. Pendant la guerre il collabora à La Libre Fédération (Lausanne, 41 numéros d’octobre 1915 au 15 février 1919) publiée par le docteur Jean Wintsch ainsi qu’au quotidien syndicaliste La Bataille (Paris, 1915-1920). Il collabora sans doute également aux Lettres aux abonnés des Temps nouveaux (Paris, 3 lettres de kjanvier 1916 à février 1917) qui, comme les titres précédents, défendait le ralliement.
Après guerre, et bien qu’ayant été marginalisé par le mouvement libertaire suite à sa position de 1916, il resta très lié au militant de Brest Jules Le Gall et poursuivit sa collaboration à la nouvelle série de la revue Les Temps nouveaux (Paris, 24 numéros du 15 juillet 1919 à juin-juillet 1921) publiée par le docteur Marc Pierrot puis Jacques Reclus.
Secrétaire général du syndicat des travailleurs du port de Lorient (1918-1919, puis 1922-1935) et secrétaire de l’UD jusqu’en 1929 où il en fut nommé secrétaire général (jusqu’en 1939), il se heurta vivement à la CGTU. En 1929 il avait refusé le poste de secrétaire de la Bourse du travail, préférant garder celui de secrétaire du syndicat de l’Arsenal. Retraité en 1935 de l’Arsenal, il continua d’exercer ses responsabilités syndicales et notamment comme conseiller à la CGT réunifiée.
Pendant l’occupation allemande, François Le Levé, qui semble-t-il n’avait plus d’activités spécifiquement libertaires, fut à Vannes le représentant du mouvement syndical au Comité départemental de libération. Arrêté par les Allemands le 18 mars 1944, il fut déporté le 31 juillet au camp de concentration de Neuengamme (matricule 39879). C’est au cours de son rapatriement vers la France qu’il mourut d’épuisement le 20 juin 1945 (voir sa notice complète dans le Maitron en ligne