Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ROVIGO, Hiskia, Giuseppe « MORELLI »

Né à Trieste le 6 août 1863 — Employé de commerce ; fabricant de timbres en caoutchouc — Trieste — Milan — Paris — Barcelone (Catalogne) - Genève (Suisse) — Alexandrie
Article mis en ligne le 19 août 2017
dernière modification le 9 septembre 2024

par Gianpiero Bottinelli, Marianne Enckell, R.D.
Giuseppe Rovigo

En 1883, Rovigo adhéra à une société secrète de Trieste et d’Istrie, le Circolo socialista rivoluzionario. Condamné à deux mois de prison pour avoir été trouvé « en possession d’imprimés de haute trahison », il quitta la ville pour se rendre en Italie, où il fit la connaissance d’Andrea Costa, alors anarchiste militant. Le 26 juillet 1884, il avait été condamné par le tribunal de Trieste (alors en Autriche) à 2 mois de prison pour "avoir été trouvé en possession d’imprimés de haute trahison."

En 1885, après avoir été expulsé d’italie, il s’établit à Paris où il gagna sa vie comme ouvrier puis représentant en timbres de caoutchouc. En 1887, il se joignit au Groupe cosmopolite animé par Charles Malato et se lia à d’autres Italiens comme Saverio Merlino et Vittorio Pini. Il participa notamment à la Fête de l’Internationale, salle Favier et aurait collaboré au premier numéro du journal Il Ciclone (septembre 1887).

En 1887, lors d’un congrès il avait frappé un commissaire de police de Bordeaux. Début 1888, lors de la campagne contre les bureaux de placements, il aurait proposé, selon la police, de piller divers monts de piété. A cette époque il aurait également participé avec notamment Vogheraà des réunions du groupe socialiste révolutionnaire indépendant du XXe arrondissement (L’Avant-garde ?). Le 21 avril 1888, à la sortie d’une réunion tenue à la salle Ripoteau, rue Beaubourg, il avait reconnu un agent en civil qui avait pris la fuite, l’avait poursuivi et l’avait violemment frappé d’un coup de crosse de révolver.

Le 3 mai 1888, lors d’une réunion du groupe Les Libertaires du XXe, il avait informé les compagnons présents que le Groupe cosmopolite en accord avec Les Égaux, L’Avant farde du XXe, La Jeunesse anarchiste du XXe et même les dissidents du groupe blanquiste du même arrondissement, préparait pour le 27 mai (anniversaire de la Commune) une grande manifestation au Père Lachaise ; il y était prévu d’y déployer des drapeaux noirs et rouges et même de les porter déployés jusqu’au Café du 20e, 11 rue des Amandiers où, à l’issue de la manifestation, devait se tenir un meeting. Il avait ajouté que serait chassé du cimetière tout blanquiste se déclarant partisan de Boulanger.

Ce même mois de mai 1888, il aurait été, selon la police, l’auteur avec Malato du manifeste “Les travailleurs italiens aux travailleurs français” signé Fédération des travailleurs d’Italie et tiré à 20.000 exemplaires (voir portfolio)

A l’été 1889 il avait été arrêté à la foire du Champ de Mars : il était recherché après avoir, l’anne précédente, lors d’un congrès socialiste à Bordeaux, avoir violemment frappé un commissaire qui voulait ôter un drapeau rouge. la police s’aperçut alors qu’un autre avait été déjà condamné pour ce même fait et, après un mois de prévention et une condamnation à 2 jours de prison, avait émit un arrêté d’expulsion de France le 3 septembre 1889 pour « port d’armes prohibées » ; toutefois, à l’expiration de sa peine, Rovigo fut envoyé au Dépôt en attente de son transfert vers la Belgique où il avait choisi d’aller. Il s’y trouvait toujours 25 jours après l’expiration de sa peine et dans une lettre sortie clandestinement et rappelant la raison et la peine à laquelle il avait été condamné, il protestait en ces termes : « …C’est une violation de la liberté individuelle digne de l’Empire ! Trente jours à Mazas, deux de condamnation et vingt cinq au Dépôt, forment cinquante-et-un jours d’incarcération pour le crime d’être socialiste. Et cela en plein 89. De pareilles infamies se commettent pendant qu’on célèbre l’anniversaire de la Grande Révolution. Ainsi alors qu’on commémore la prise de la Bastille, on jette dans ces autres bastilles qui s’appellent Mazas et le Dépôt, des citoyens coupables d’être socialistes. Au nom de l’Humanité, il est nécessaire qu’une voix s’élève pour protester contre de semblables barbaries. Finie ma condamnation, j’ai droit à ma liberté » (cf. La Révolte, 24 août 1889)
Le 26 juillet 1889 il avait été conduit à la frontière belge,. Etabli à Anvers comme fabricant de timbres en caoutchouc, il quitta la ville clandestinement le 15 janvier 1890, gagna Londres pour s’embarquer à destination de Barcelone. Le 3 mars 1890 il fut condamné par défaut à Anvers à 2 mois de prison pour "abus de condiance".
Selon Malato il serait allé « inonder l’Espagne et d’autres pays de timbres en caoutchouc » (Malato). Il serait resté à Barcelone jusqu’en août 1890.

A l’été 1890 il se trouvait semble-t-il à Milan et, par l’intermédiaire de Stéphane Mougin à Paris, il correspondait avec Malato emprisonné à Sainte-Pélagie. Son nom figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue d’une surveillance aux frontières.

Il s’installa à Genève probablement en août 1890 iù son arrivée avait été signalée en coompagnie de Gaetano Naglia. Selon un rapport de police, il y « pérore continuellement dans les assemblées ». Il était en relations avec les proncipaux militants dont Lucien Weill, Moïse Ardne, Petraroja, Gédéon Ferrière
Le 15 novembre, il entra dans un café et tira deux coups de revolver, sans blesser personne. Impliqué dans la diffusion du manifeste en trois langues Souvenons nous en mémoire des anarchistes de Chicago, collé sur les murs de Genève les 10-11 novembre 1890 (voir Petraroja), il fut expulsé de Suisse le 15 décembre ; il avait en fait déjà quitté le pays.

Il se trouvait à Milan, où il devint gérant du journal anarchiste 18 Marzo. En mars 1891 il sollicitait des articles de Mougin, Sébastien Faure et Malato pour un numéro spécial d’un journal publié à Milan à l’occasion d’un meeting international. Arrêté et perquisitionné fin mars, il fut libéré au bout de 3 jours et poursuivi en juin pour « excitation au meurtre et au pillage ». A l’automne il résidait chez Auguste Delvocchio, 6 via Francesco Cherubini à Milan.

Il collabora aussi au Proletario de Trieste, qui s’arrêta après cinq numéros.

En 1893, il fut condamné à quatre mois de prison pour une conférence donnée en décembre 1892.

Au printemps 1895 il figurait sur l’État signalétique confidentiel des anarchistes étrangers non expulsés résidant hors de France dont la résidence était alors inconnue. Selon un rapport de police française, il aurait exécuté un indicateur (en France ou en Italie ?)

On le retrouve encore en 1901 parmi les promoteurs du bimensuel L’Internazionale, qui donna un nouvel élan à la propagande anarchiste, puis en 1903 à Alexandrie d’Égypte. Il rentra ensuite en Italie.


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