Dictionnaire international des militants anarchistes
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PETRAROJA, Gennaro, Francisco, Mariano “{DUTRONI" ; "JANVIER"
Né à Naples le 10 juin 1860 – mort le 31 janvier 1937 - Tailleur d’habits - UCAI - Naples – Paris – Genève – Londres
Article mis en ligne le 13 janvier 2009
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.
Gennaro Petraroja

Gennaro Petraroja (souvent orthographié Pietraroya) était arrivé à Paris en 1886 après avoir été condamné en Italie pour insoumission. Fin avril 1890, suite à la publication par Merlino et le compagnon bulgare Stoyanov d’un Manifeste à l’occasion du 1er mai, il fut arrêté avec eux à l’imprimerie de Cadot et interné à la prison de Sainte Pélagie où il avait accepté de devenir "auxiliaire" ce qui lui permettait, lorsqu’il balayait les corridors, de rencontrer d’autres compagnons emprisonnés dont Malato, Gegout ou Merlino. Puis par arrêté du 13 mai il fut expulsé de France pour "incitation à la désobéissance et au crime". Il se réfugiât alors en Suisse. Lors du procès de cette affaire en juillet 1890 à Paris, il fut condamné par contumace à 2 ans de prison tout comme Merlino et Stoyanov.

A Genève il allait fréquenter le groupe se réunissant notamment chez Perrin, rue Céard. Le 7 novembre 1890 chez Ardaine il participait à une réunion où avait été décidée la diffusion du placard Souvenons nous en mémoire des anarchistes pendus à Chicago. Il en serait l’auteur, et c’est lui qui les aurait fait imprimer en trois langues avec le concours de Marco Sullam et Luigi Galleani. Sa compagne, à la même époque, avait propose la formation d’un groupe de femmes anarchistes, disant que la femme est plus au courant de la misère que l’homme.

Souvenons nous (Genève, 1890)

Suite à l’affichage de ce placard, Petraroja fut arrêté avec une dizaine d’autres compagnons - Ardaine, Paul Bernard, Régis Catil, J. P. Fourgatia (?), Luigi Galleani, Lauze, Rovigo, F. Says, Stoyanov, Sullam et Lucien Weill - puis fut expulsé de Suisse par arrêté du 15 décembre suivant comme la plupart de ses camarades.

Revenu à Naples il y participait à un congrès de chômeurs et à l’agitation pour le 1er mai. Inculpé pour "incitation à la haine de classes", il était condamné le 22 avril 1892 à 14 mois de prison. Ayant bénéficié d’une mesure de liberté provisoire, il écrivait un manifeste en faveur de Ravachol qui lui valait d’être emprisonné pendant 6 mois.

Fin 1892 il état revenu à Paris avec sa femme, Teresina Blanco, et leur petite fille âgée d’une douzaine d’années. Puis, ne trouvant pas de travail, début 1893, il se réfugiait à Londres où il retrouvait Merlino et où il accueillait de nombreux réfugiés et collaborait au numéro unique du journal 1° Maggio (Lugano). Il fut à l’origine d’une tentative de constitution d’une fédération anarchiste des italiens en exil : au nom du groupe La Solidarieta il avait à cet effet édité en janvier 1893 la circulaire A gli anarchici italiani dell’estero qui fut reproduite dans les journaux Il Grido degli oppressi (Chicago, n°8, 14 juin 1893) et Lavoriamo (Buenos Aires, n° 6, 1er juin 1893). Dans cette circulaire il revendiquait la violence anarchiste comme une réponse naturelle à la violence de l’État. I entrait à cette époque en contact avec les compagnons italiens émigrés aux États-Unis et publiant le journal La Questione sociale à Paterson.

En 1896, il participait au Congrès international socialiste tenu à Londres du 27 juillet au 1er août, où il se prononça contre la tactique parlementaire adoptée par la majorité marxiste. C’est à la suite de ce congrès que les anarchistes et les socialistes anti-parlementaires seront définitivement exclus des congrès socialistes.

Après l’assassinat du roi Umberto 1er, il fut en août 1900, l’auteur de l’article Monarchi e popolo paru dans le numéro unique de Causa ed Effeti 1898-1900 où il invitait le peuple à détruire la tyrannie. L’année suivante, il était l’un des responsables du groupe L’Internazionale de Londres qui fut à l’origine de la publication du journal L’Internazionale (Londres, 4 numéros du 12 janvier au 5 mai 1901) dont le directeur était Silvio Coro. Il résidait alors 6 Upper Street à Londres. Il fut remplacé en mars 1901 à la gérance du journal par A. Galassini.

En 1903 il aida Malatesta dans sa lutte contre les individualistes, tenta de fonder une Chambre du Travail et fonda le cercle Il Lavora réunissant jeunes anarchistes et vieux militants internationalistes.

Rentré en Italie en 1907, il résidait à Naples où il était arrêté le 13 octobre 1909 pour complicité lors d’un attentat contre une église. Remis en liberté provisoire le 21 mars 1910, il adhérait au groupe Sorgete, mais ne tardait à être une nouvelle fois condamné le 29 octobre à 6 mois de prison pour "complicité dans un attentat" et son rôle dans l’agitation menée contre la visite du Tsar en Italie.

En 1916 il participait très activement à la campagne pour sauver de la peine de mort Carlo Tresca, un des responsables des IWW, arrêté aux États-Unis.

Gennaro Petraroja, qui considérait que la lutte de classes était un passage obligatoire vers une société anarchiste, était un partisan de la ligne "de l’unité pour la révolution". En février 1919, lors d’une réunion à la Chambre du travail de Naples, il avait fait adopter un appel à soutenir "par la propagande la lutte des travailleurs et à préparer l’insurrection contre les patrons et le gouvernement". Du 12 au 14 avril 1919, il participait à Florence au congrès constitutif de l’Union Communiste anarchiste italienne (UCAI) dont il était nommé membre du comité de coordination.

Au congrès de l’UAI, à Bologne (1-3 juillet 1920), il fut l’auteur d’une motion sur la propagnde à mener dans le sud et où il revendiquait "le Soviet comme complément du conseil d’usine". Suite à l’échec du mouvement d’occupation des usines, le mouvement libertaire napolitain se scindait en deux groupes : La Folgore animé par Giuseppe Imondi et Libero pensiero où militaient Gennaro Petraroja, Cacozza et Melchionna. Gennaro participait en novembre 1921 au congrès tenu par l’UAI à Ancône. Lors de la constitution en 1922 du groupe Prometeo qui tentait de dépasser les clivages et désaccords, Gennaro resta en dehors.

En novembre 1926 il était condamné à l’isolement par les autorités fascistes et envoyé pour 3 ans et 8 mois à Favignana avant d’être transféré à Lipari d’où, en décembre 1927, il obtenait la liberté conditionnelle. Dans le climat pesant de l’Italie fasciste, il était toujours actif, dans la mesure de ses possibilités, en 1930.

Le 6 juillet 1936, Gennaro Petratoja était interné à Naples en hôpital psychiatrique où il décédait le 1er février 1937.

Oeuvre : - Dopo vent’anni : Dall’amorfismo all’umanismo verso l’anarchismo (1909 ?).


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