C’est en octobre 1891, que venant de Villebourg (Lahrat) près de Cherchell où il avait été conseiller municipal, que Jean Faure était arrivé sur la commune de Mustapha.
Jean Faure qui résidait 6 rue Baudin Agha à Mustapha (Alger) était le gérant et l’imprimeur de l’organe communiste anarchiste Le Libertaire (Alger, au moins 7 numéros du 27 janvier au 10 avril 1892) polygraphié à l’autocopiste. Selon un courrier du maire de Mustapha destiné au préfet, « sur les murs de son atelier
[menuiserie] sont en plusieurs endroits écrits les mots : Anarchie — Anarchistes ».
En mars 1892 le journal avait organisé une « soirée familiale » de commémoration de la Commune et à l’automne le groupe avait rédigé un placard aux “Travailleurs”. C’est chez lui que travaillait le compagnon suisse F. Says, arrêté en février 1893 pour “infraction à arrêté d’expulsion”. Le 16 avril 1892, comme les compagnons Xixonnet, Camboulives, Reissner et Rieger, il fut l’objet d’une perquisition mais avait été laissé en liberté. Le 30 avril suivant, comme une dizaine d’autres compagnons, il fut arrêté préventivement à la manifestation du 1er mai pour “complot contre la sûreté de l’État”.
Il fut condamné par le tribunal correctionnel d’Alger à 200 francs d’amende pour infraction à la loi sur l’exposition et mise en vente de matières d’or et d’argent non poinçonnées.
Sa notice individuelle du 28 décembre 1893 le définit comme « le chef du groupe anarchiste de Mustapha » et une personne « intelligente ». Mais la police relève une baisse de son militantisme. Radié de la liste des anarchistes en juin 1903 car « son commerce ayant prospéré, il est à supposer que son état d’esprit s’est modifié », il mourut un an plus tard, le 4 juin 1904 à Alger, à l’âge de 43 ans. Selon son avis de décès parut dans la presse coloniale, il fut marié, eut un fils
et occupa le poste d’administrateur de la Banque Mutuelle d’Alger. Il fut enterré non religieusement au cimetière de Mustapha.