Adolf Brilitzki, qui avait résidé de 1875 à 1881 à Budapest où il avait adhéré à l’anarchisme, s’était ensuite installé à Vienne où il fut l’un des rédacteurs de l’organe du syndicat des cordonnier Schuhmacher Fechbatt. Expulsé d’Autriche en janvier 1884, il résida à Saint-Gall (Suisse) en 1884-1885. Il y travaillait comme cordonnier et, selon la police, s’occupait surtout « de passer en contrebande dans son pays des écrits anarchistes ». Selon le Commissariat spécial de Bellgarde, il avait pour pseudonyme “n° 8”.
Arrêté à Genève en 1885, il fut expulsé par décret du 3 juin 1885 avec 20 autres anarchistes : Bodenmueller, Brenner, Daschner, Dorat, Fitzek, Halbedi, Jonata, Klinger, Koubsky, Leihnard, Nikitscher, Nowack, Nowotny, Petersen, Relinger, Wakenreuter, Zarahradniczek, Heiman, Schultze et Jean Grave. Bien qu’il n’y ait eu aucune preuve que ces 21 compagnons ait pris à part à un délit réprimé par le code pénal, ils furent expulsés « attendu que ces 21 étrangers ont applaudi à ceux de leurs camarades qui avaient commis des crimes…, qu’ils ont propagé des écrits destinés à approuver ces meurtriers et à les donner en exemple, et qu’ils ont joué un rôle militant dans les réunions anarchistes ».
Brilitzki s’établissait alors en France, sans doute à Marseille, puis à Paris où il collabora probablement à La Révolte de Jean Grave. Le 7 mai 1892 il fut expulsé de France oùn après un séjour à Anvers, il serait revenu l’année suivante et aurait été de nouveau l’objet à deux reprises d’une expulsion. Il avait notamment fondé à Lillers (Pas-de-Calais) un groupe dont faisaient entre autres partie les cordonniers Gavelle et Dégrugilliers.
Au printemps 1900 il était reconduit de France en Suisse où, les autorités considérant qu’il « n’était pas en rupture de ban volontaire », il était l’objet d’une réexpuilsion et reconduit à la frontière autrichienne, tous les autres pays lui étant fermés.