
Félix Beaulieu dit Henri Beylie, qui avait été arrêté en janvier 1894 avec Henri Guérin et Henri Gauche rédacteurs de La revue libertaire (Paris, décembre 1893-février 1894), s’était ensuite réfugié avec eux en Belgique.
Avec Zisly et Gravelle, Félix Beaulieu fit paraître, de 1895 à 1898, une revue mensuelle La Nouvelle Humanité qui développait les théories selon lesquelles une nourriture saine et un air pur libéreraient les hommes des servitudes de « l’intérêt, cause des guerres et des luttes économiques » (Le Libertaire, n° 66, 23-30 mars 1901, où sont exposées les grandes lignes d’un programme « naturien »). Il était également en relations avec le journal Tribune Libre publié à Charleroi (Pennsylvanie) par les mineurs français émigrés aux USA.
En 1898 il était l’un des animateurs du groupe L’Harmonie qui se réunissait au café éponyme, 69 rue Blanche, et publiait le journal La Sentinelle Harmonie dont Gustave Mayence était le gérant. Il demeurait alors 10 Impasse Girardon et était en 1899 l’un des diffuseurs, avec notamment J. Bariol, de la brochure de H. Zisly En Conquête vers l’état naturel. Il participait également aux réunions rue Lepic du groupe Les Iconoclastes animé par Janvion et collaborait au journal L’Homme libre.
En 1901 il collaborait au Cercle d’études sociales de Paris et au Bulletin De L’harmonie. L’année suivante se constituait une société « pour la création et le développement d’un Milieu libre en France » dont le but unique, selon la feuille-programme pour le lancement de cette société, était le suivant : « Tenter une expérience de communisme libre”. C’est ainsi que naquit, au début de 1903, le Milieu libre de Vaux, situé dans le canton d’Essommes-sur-Marne (Aisne). G. Butaud en était l’animateur et Beylie le secrétaire et trésorier. Des difficultés apparurent bientôt et, dès novembre 1903, une attaque en règle était menée contre la colonie par certains milieux anarchistes. Le Libertaire publia un bilan de l’expérience (n° 5, 5-12 décembre 1903) auquel Beylie et Butaud répondirent dans le Bulletin mensuel de décembre 1903 en donnant un « rapport sur dix mois de communisme » qui mettait en valeur les résultats obtenus et s’opposait aux conclusions pessimistes du Libertaire. L’expérience fut cependant liquidée en février 1907.
Beylie fonda, en décembre 1902, avec Paraf-Javal, Libertad, Janvion, Yvetot et autres, la Ligue antimilitariste dont le but était la suppression des armées et fit partie - avec entre autres Tailhade, C. Malato, U. Gohier, Janvion, Dubois Desaulle et Yvetot (pour la France), G. Lance, E. Malatesta et Tarrida del Marmol (Angleterre), Domela Nieuvenhuis (Hollande), Gross et Otto Karmin (Suisse), Élisée Reclus, J. Moineau et G. Thonar (Belgique), Molinari (Italie) et Mella (Espagne) du Comité d’initiative d’un congrès internaional antimilitariste qui devait se tenir à Londres en mai 1903.
La Ligue prit part, en juin 1904, à l’organisation du congrès antimilitariste d’Amsterdam des travaux duquel naquit l’Association Internationale Antimilitariste (AIA).
Dans la nuit du 29 avril 1906 il fut arrêté dans les rues de Paris en train de placarder des affiches intitulées Manifeste abstentionniste et antimilitariste. Inculpé de propagande anarchiste il a été ensuite amnistié.
Il assista avec Monatte, Broutchoux, de Marmande et autres, au congrès anarchiste international d’Amsterdam du 24 au 31 août 1907 dont il avait fait partie du comité d’initiative et dont il fit un compte rendu dans Le Libertaire des 8 et 15 octobre 1907. Les travaux du congrès aboutirent à la constitution d’un bureau international dont le siège était fixé à Londres et qui cessa de fonctionner à la fin de 1911. Il a été membre ensuite de la Fédération Anarchiste de Seine et Seine-et-Oise constituée après le congrès d’Amsterdam.
En 1909 il demeurait 10 impasse Girardon à Paris et collaborait au Bulletin du comité de defense sociale (Paris, 1909-1912). Il était membre de la commission exécituve du CDS et en décembre 1910 était signalé dans un rapport de police comme recevant « souvent des militaires de passage sur le point de déserter » et ayant « hebergé récemment un jeune soldat d’infanterie d’une garnison de l’ouest. » (rapport du 22 décembre 1910).
Beylie, inscrit au carnet B en 1911, fut mobilisé au 14e régiment d’infanterie territoriale. Après la guerre, il participa au premier congrès anarchiste qui se tint à Paris les 14 et 15 novembre 1920, au 3e congrès de l’UA tenu à la Maison du peuple de Levallois les 2-4 décembre 1922 (voir Haussard). Au quatrième congrès, 12 et 13 août 1923, qui se tint à Paris également, il fut élu au conseil d’administration du quotidien Le Libertaire auquel il collaborait.
Au début des années 1920 il fut particulièrement actif lors des campagnes en faveur de E. Cottin et de Gaston Rolland.
Les 12-13 août 1923, lors du IVe congrès de l’Union anarchiste, il avait été nommé au conseil d’administration du Libertaire quotidien, dont les secrétaires étaient S. Férandel (voir ce nom) et P. Lentente.
Toujours membre du Comité de Défense sociale, il en devint le secrétaire en mars 1932 aux cotés de Gaston Rolland nomé trésorier ; ce comité s’occupait du sort des condamnés et proscrits politiques et se réunissait chaque semaine au restaurant coopératif La Solidarité, 15 rue de Meaux. Il habitait alors 12 avenue Junot (Paris 18) et figurait sur la liste de vérifications des domiciles d’anarchistes.
OEUVRE : en collaboration avec Zisly, La Conception libertaire naturienne, Paris, 1901, 16 p. — Le Militarisme. Ses causes, ses conséquences, les moyens de le combattre, brochure éditée par le groupe Germinal de Lyon, 1903, 8 p.