Dictionnaire international des militants anarchistes
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FERANDEL, Séverin
Né à Barcelonnette (Basses-Alpes) le 29 avril 1896 - mort en 1978 -Interprète - UA - UAC – UACR - CGT – CGTU - Alès (Gard) - Béziers (Hérault) – Paris 20 - Mexico
Article mis en ligne le 12 mai 2007
dernière modification le 14 septembre 2023

par R.D.
Severin Férandel

Séverin Férandel était fils d’un mécanicien cycliste né à Autrecourt (Meuse). Il avait commencé à militer très jeune dans la région d’Alès (Gard) où il participait aux tournées de conférences du mineur Émile Soustelle auprès des travailleurs espagnols des centres miniers. Au début des années 1920 il collaborait au journal Le Fouet (Montpellier, une douzaine de numéros du 17 décembre 1921 à juin 1922) fondé par Vaillant et qui aurait cessé de paraître après l’arrestation de ses principaux collaborateurs lors d’une manifestation contre la guerre à Béziers.

Le 1er mai 1922, il avait été l’orateur du groupe libertaire de Béziers où il avait fait l’historique du 1er mai et prit la défense d’Émile Cottin(voir ce nom). Il contribua sans doute à cette époque à la publication par le groupe de Béziers et le CDS de la brochure de R. Magrovejo "Les crimes d’un régime : les martyrs d’Espagne", illustrée de nombreuses photos (Archs, Vandellos, Boal, Villanueva, Gomar…), dont les tirés à part étaient vendues au profit des prisonniers politiques en Espagne. Il demeurait alors 16 rue Alexandre Cabanel et était déjà victime de "boycott patronal".
A cette même époque, et suite à une manifestation contre la guerre où avaient eu lieu des affrontements avec la police, il avait été poursuivi et condamné par défaut) 3 mois de prison. A ce même procès avaient également été condamnés : De Winter et Lazare (1 mois), Marie Jeanne Lazare (6 jours), Van Ouck, qui était belge (12 jours), Maie Ferraullat ou Farreauliat (6 jours).

Grand gaillard au langage savoureux qui sentait bon son Midi”, ainsi l’a présenté Louis Lecoin dans son livre Le Cours d’une vie. C’était un militant sérieux, un bon orateur, parlant couramment l’anglais, l’allemand et l’espagnol ; il avait été interprète dans une agence de voyages avant de venir à Paris fin 1922 pour y suivre les cours de l’École du propagandiste dirigée par A. Colomer sous le contrôle de l’Union anarchiste.

Il avait assisté au congrès de Saint-Étienne du 25 juin 1922 qui vit la naissance de la CGTU. Il collabora également à cette époque à Terre libre (Marseille, 1922, 10 numéros), l’organe de la Fédération anarchiste du sud dont l’administrateur était André Viaud. Dans le n°7 (30 septembre), il publia un appel à l’organisation d’un congrès de réorganisation de la Fédération et à la constitution d’une Fédération anarchiste du Midi, Alpes et Océan (fusion de la Fédération du sud-est et du sud-ouest). Fin septembre 1922, il devait être le conférencier d’une tournée de propagande dans les centres miniers du Gard, intitulée L’anarchie, sa philosophie, son idéal, organisée à l’initiative d’E. Soustelle et du groupe de Béziers.

Anarchiste militant, il intervint comme délégué du groupe de Béziers au IIIe congrès de l’Union anarchiste qui eut lieu à la Maison du peuple de Levallois les 2-4 décembre 1922 (voir Haussard), au IVe qui se tint à Paris les 12 et 13 août 1923 où il présenta le rapport au nom du Libertaire quotidien, et où il fut nommé avec P. Lentente, administrateur délégué du journal à la place de Soustelle. Au conseil d’administration du journal tous deux étaient assistés par Lucien Petit, Anseaume, Ebran, Joseph Roul, Haussard, Mayard, S. Faure, Lentente, Beylie, Léon Louis, Guérineau et Koebel.
Le comité de rédaction du quotidien comprenait alors A. Colomer, Jean Galy, Lucie Leauté, L. Lecoin, P. Mualdés, G. Bastien et André Letourneur.
A l’automne 1923 il avait été remplacé à l’administration du journal par Georges Vidal.

En février 1923, il avait fait avec Content une tournée de propagande dans le sud de la France (La Grand Combe, Alés, Montpellier, Béziers, Nîmes, Narbonne, Coursan… etc). Il participa en février au congrès régional de la Fédération sud tenu à Marseille ey où, avec Soustelle, il démissionna de son poste de représentant de la Fédération du sud au Comité d’initiative de l’UA.

En 1924, il habitait alors 14 rue du Repos (Paris 20) il devint le responsable des Œuvres internationales des éditions anarchistes fondées en mai par des militants de diverses nationalités dont Ugo Fedeli, V. Gozzoli A. Darcola (Italie), L. Olmedo et J. Bueno (Espagne), Y. Walecki (Pologne), Iacif (Bulgarie), Shoulim (mouvement juif), Sacha Piotr (Russie) et Sébastien Faure. Il était à la même époque le gérant de la revue trilingue (français, espagnol, italien) La Revue Internationale Anarchiste (Paris, 8 numéros du 15 novembre 1924 au 15 juin 1925). En 1925 il remplaça A. Colomer à la gérance des derniers numéros de La Revue anarchiste (Paris, 35 numéros de janvier 1922 au 10 août 1925) avec laquelle La Revue Internationale Anarchiste venait de fusionner. Il collabora également à l’hebdomadaire L’Insurgé (Paris, 1925-1926) d’André Colomer.
En 1926 il fut également l’un des responsables du Comité anarchiste de défense de Sacco et Vanzetti.

Puis il devint, avec son amie Berthe Fabert, gestionnaire de la Librairie sociale internationale, sise 72 rue des Prairies, résultant de la fusion à la fin 1926 de la Librairie sociale de la rue Louis Blanc et de celle l’œuvre internationale des Éditions anarchistes. Les 12-14 juillet 1926 il avait été le délégué des Éditions internationales au congrès de l’UA tenu à Orléans ; la Librairie a publié en 1926-1927, sous le titre Publication mensuelle de la Librairie sociale internationale au moins douze brochures signées par entre autres G. Thonar, Sébastien Faure, Kropotkine, Mauricius et Laisant. La Librairie était dirigée par un conseil d’administration de 8 membres dont 4 de l’UAC (Lecoin, Lentengre, Mueldés et Bifolchi). Il dut abandonner ses fonctions à la Librairie en 1927 pour des raisons personnelles et il fut remplacé par Nicolas Faucier, gérant de la Librairie sociale qui dépendait alors de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR).

Lors du congrès de l’Union anarchiste (UA) qui eut lieu à Orléans, 12-14 juillet 1926, il fut élu membre de la commission d’initiative de la nouvelle organisation renommée Union anarchiste communiste (UAC). Il collaborait au Libertaire, notamment à la rubrique internationale "A travers le monde".

À l’issue du congrès à Paris, 30 octobre-1er novembre 1927, qui fut un congrès de scission du fait du départ de ceux qui, avec Sébastien Faure, refusant d’appartenir à une organisation qu’ils assimilaient à un parti formèrent l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA), Férandel fut nommé responsable avec P. Odéon de la Fédération du Midi et secrétaire, ainsi que Chazoff, de l’UAC devenue UACR. Il fut, avec ce dernier et Bastien, un défenseur ardent de la nouvelle organisation, laquelle se dotera de statuts qui en feront une formation avec cartes et cotisations. Au moment de la scission, il fut avec notamment Kleber Nadaud, Lucien Desnot, Louis Louvet et Simone Willissek, l’un des animateurs du Groupe anarchiste autonome de Paris, regroupant une quinzaine d’anciens membres du groupe du XXe arrondissement et qui se réunissait au café du Faisan Doré, 28 rue de Belleville. Avec Chazoff et Mualdès il était également membre du comité de rédaction du Libertaire.

Séverin Férandel fut également le gérant de plusieurs titres de journaux édités par les compagnons italiens exilés en France dont : Bolletino del Comitato internazionale di difesa anarchica (Paris, 5 numéros de juillet à décembre 1927, et dont existaient également une édition française et une édition espagnole), La Lotta umana (Paris, d’octobre 1927 à avril 1929) bimensuel de l’Union Anarchiste Italienne (UAI) et dont le directeur était Luiggi Fabbri, Primo Maggio (Paris, numéro unique du 1er mai 1928). Il fut également, outre Le Libertaire un collaborateur de l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure ainsi que des journaux Le Semeur contre tous les tyrans (Falaise) et Terre libre (Nîmes).

Férandel fut le trésorier, Lecoin en étant le secrétaire, du Comité International de Défense Anarchiste (CIDA) constitué en 1926 en faveur des anarchistes espagnols Ascaso, Durruti et Jover emprisonnés en France pour "complot contre le roi d’Espagne" et dont l’Argentine demandait l’extradition. Près de 200 militants anarchistes espagnols réfugiés en France étaient alors l’objet de menaces d’expulsions pour les mêmes raisons. Les organisations suivantes avaient adhéré au CIDA : l’Union Anarchiste Communiste française, la Fédération Communiste Anarchiste espagnole, les sections communistes anarchistes russe, polonaise, bulgare et italienne, le Comité de secours russe et le Comité en faveur de Castagna et Bonomini. Le CIDA participa également de manière très active à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. “J’eus en lui un précieux collaborateur”, a dit Louis Lecoin, “Il ne pensait jamais à me freiner ; il m’eût, au contraire, poussé à prendre plus d’initiatives. Quand nous aurons mené jusqu’au bout notre double action, seulement alors Férandel rompra notre attelage et s’en ira au Mexique (in Le Cours d’une vie, op. cit.). En novembre 1927 le CIDA avait également publié la brochure “Comme au temps des Tsars : l’exil et la prison, parfois la mort contre les meilleurs révolutionnaires” (46p.) consacrée à la répression en URSS, donnant une liste des prisons et des camps et citant les cas particuliers de 37 militants et militantes déportés en Union soviétique.
Il avait également adhéré dès sa fondation début 1928 au groupe des Amis du Libertaire dont Faucier était le secrétaire.

Férandel, qui en février 1928 avait donné sa démission de secrétaire de l’UAC et du Comité international de défense anarchiste, partit pour le Mexique en 1929, où il adhéra au syndicat de la chaussure. Trois ans plus tard, après avoir échappé de peu à l’expulsion, il dut cesser son activité militante ; il la reprit au moment de la guerre civile espagnole et, plus tard, après l’invasion de la France par les Allemands ; il travailla pendant la guerre à la France Libre ainsi qu’à d’autres mouvements similaires, époque à laquelle il éditait le journal anti nazi Libertad (Mexico). Après guerre il continua de suivre attentivement l’évolution du mouvement libertaire et entretint une correspondance suivie avec de nombreux compagnons.

Marié le 9 mars 1918 à Cette (Hérault), il eut un enfant de cette première union, Gisèle Férandel, née à Sète en 1918 et décédée en août 2011. Il se remaria à Mexico le 4 février 1931 avec une Mexicaine dont il eut deux enfants. Séverin Férandel est décédé au Mexique en 1978.


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