Antoine Bracmard, qui demeurait rue des Tables-Claudiennes à Lyon, était un ouvier guimpier qui était devenu marchand ambulant. Il vendait des jouets et des gravures sur la voie publique lorsque, vers 1890, il se mit à fréquenter les milieux libertaires. Membre de la Jeunesse libertaire, il attira alors l’attention de la police qui chercha à l’arrêter sous l’inculpation de vagabondage. À la suite de deux perquisitions, on saisit chez lui une grande quantité de journaux et de brochures anarchistes.
Le 25 octobre 1893, au cri de « À bas la Russie », il participa à une contre-manifestation lors de la réception des officiers de l’escadre russe à Lyon. De nouvelles perquisitions à son domicile permirent de saisir une correspondance grâce à laquelle on l’arrêta en juillet 1894 sous le délit d’association de malfaiteurs. En fait, il s’agissait d’une réaction suscitée par l’assassinat à Lyon du président de la République Sadi Carnot et, le 24 juillet, une ordonnance de non-lieu était signée en faveur de Bracmard. Cette chaude alerte semble avoir modifié son comportement. En février 1896, alors qu’il disposait d’une aisance relative et avait apparemment renoncé à toute activité politique, il fut rayé de la liste des anarchistes soumis à la surveillance de la police.