Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

TCHERNIAK, Maxim, Matveyevich [CHERNYAK]

Né à Gradno en 1883 — Ouvrier coiffeur — Makhnovtschina — Bialystock — Chicago — Ukraine — Varsovie — Paris — Buenos Aires
Article mis en ligne le 20 février 2010
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.

Né dans une famille juive pauvre de Grodno, Maxim Tcherniak (Cherniak) était au début des années 1900 membre dans les environs de Bialystock du groupe Chernoe Znamia (Drapeau noir) qui en 1904-05 irganisa de nombreux attentats contre les représentants du Tsar et contre la bourgeoisie locale. Il était particulièrement proche de l’un des responsables du groupe Vladimir Striga qui décèdera plus tard à Paris en maniant une bombe.

Groupe anarchiste juif de Bialystock (190 ?)

Après la révolution de 1905 il s’exila d’abord en France en 1907 puis émigra aux États-Unis avec sa compagne Rosa et leurs deux enfants d’abord à New York puis à Chicago. Travaillant toujours comme coiffeur, il milita à la section de langue russe des IWW et les groupes anarchistes.

Revenu en Russie avec sa famille en 1917 il joua un rôle considérable parmi les ouvriers du bassin du Donbas où il organisa un détachement de la Garde noire pour lutter contre les cosaques et les blancs. A l’automne 1918 son unité fut réorganisée au sein de l’Armée rouge qui venait de se former. Il combattit alors avec l’unité du marin anarchiste Anatoli Zheleznyakov et organisa un service de contre-espionnage. Il était alors en étroite relation avec Lev Zadov, un anarchiste du Donbas. Aux cotés de Zhelezniakov, Chaïm Ryt, G. Borzenko, Krasny et K. Mekel, il avait été à l’été 1918 l’un des 6 anarchistes (sur 9 membres) de l’État major du Don qui combattait près de Volvograd et qui sera dissous par les bolchéviques le 18 août 1918. En septembre 1918, suite à des conflits permanents avec les responsables bolchéviques, il quitta son poste pour aller organiser la résistance dans le Donbas contre les forces d’occupation allemande et les troupes de l’Hetman. En décembre ses hommes aidèrent les communistes à prendre Karkhov.

C’est à cette époque qu’il adhéra à la confédération anarchiste Nabat qui avait été fondée en novembre 1918 à Kursk et rejoignit la Makhnovtschina. En janvier 1919, avec Lev Zadov et son jeune frère Danilo, il accompagna Victor Belash à Goulaï Polié où il organosa les services de renseignement de l’armée Makhnoviste et intégra son Conseil militaire révolutionnaire.

En 1919 il participa aux combats contre les troupes de Dénikine et en février fut délégué au 2e congrès des ouvriers, paysans et combattants organisé par les Makhnovistes à Goulaï Polié. Il y dénonça en particulier les bolchéviques comme étant « une poignée de gens ayant saisi le pouvoir et oppressant tout le pays ». En mars — avril 1919 il participa à l’occupation des ports de Berdyansk et de Maripol et de la côte d’Azov. A Berdyansk il ne tarda pas à entrer en conflite avec les bolchéviques et la Tchéka dont il parvint à déjouer des complots pour assassiner Makhno et les principaux dirigeants du mouvement.

Après l’ordonnance n° 1824 prise par Trotski en juin 1919 qui mettait les Makhnovistes hors la loi, il fut obligé de se cacher. Il rejoignit alors un groupe anarchiste organisé par Marussia Nikiforova qui tentait d’effectuer des opérations pour libérer les Makhnovistes emprisonnés par les bolchéviques ou pour assassiner les généraux blancs. Tcherniak, dans un de ces groupes, serait allé en Sibérie pour tenter d’y assassiner Kolchak. Puis il regagna l’Ukraine et la zone Makhnoviste.

En 1921 il était arrêté à Petrograd et transféré à la prison Boutirki de Moscou. Après 6 mois de détention et une grève de la faim de 11 jours, il fut transféré en Ukraine à la disposition de la Tchéka. En mai 1923 il était condamné à deux ans d’exil intérieur dans la région de Narym (Tomsk). Après 28 jours de grève de la faim, il obtenait une libération provisoire, puis une autorisation de partir à l’étranger ave sa famille.

Tcherniak allait d’abord à Varsovie où en 1924 il ouvrit un petit salon de coiffure et rétablissait des contacts avec les membres du Nabat en Ukraine. Il serait allé à plusieurs reprises en Union soviétique pour y assurer des liaisons mais fut arrêté lors de l’un de ces voyages par la police polonaise.

Tcherniak émigra ensuite à Paris où il participa au groupe d’anarchistes russes publiant le journal Dielo Truda et animé notamment par Makhno et Archinov. En désaccord avec le projet de Plateforme (dite d’Archinov) il dénonça même l’un des membres du groupe comme étant un agent de la Guépéou.

Vers 1930 Tcherniak émigra avec sa famille à Buenos Aires où l’on perd sa trace.


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