Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PEILLON, Jacques

Né à Saint-Genis-Laval (Rhône) le 12 mai 1845 — Tourneur sur métaux ; mécanicien — Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 18 décembre 2008
dernière modification le 6 août 2024

par R.D.

Demeurant 34 rue Sébastien Gryphe, Jacques Peillon, qui était marié et père de famille, appartenait au début des années 1880 à la Fédération révolutionnaire de la région Est qui regroupait la plupart des anarchistes de cette région. En août 1881, à l’occasion de la campagne électorale, il fut le signataire de deux placards appelant à l’abstention affichés sur les murs de Lyon et position défendue alors par Bordat et Joseph Bernard lors des réunions publiques électorales. A cette époque il rédigea à plusieurs reprises les procès verbaux des réunions privées tenues par la fraction abstentionniste du parti ouvrier.

En mars 1882, un ouvrier, Pierre Fournier (voir ce nom) avait à Roanne tiré un coup de revolver contre un patron. Le journal Le Droit Social (Lyon) avait alors ouvert une souscription pour acheter un revolver à celui qui imiterait le geste de Fournier. Fin mai, le projet d’attentat aurait été annulé, Peillon ayant révélé le nom de celui qui avait acquis le revolver et qui lui avait été confié par Crestin, le gérant du Droit Social. Le 24 mai Crestin aurait alors proposé l’exclusion de Peillon de la Fédération révolutionnaire comme mouchard. Ces faits furent révélés lors de l’interrogatoire de Peillon (en décembre 1882) mais furet niés par Crestin (cf. AD Rhône 2U433).

Après les violentes manifestations de Montceau-les-Mines en août 1882 et la série d’attentats à Lyon en octobre, il fut arrêté avec 25 autres membres de la Fédération le 19 novembre 1882 et fut impliqué dans le procès dit des 66 qui s’ouvrit à Lyon le 8 janvier 1883 contre 66 compagnons.

L’accusation avait classé les prévenus en deux catégories. La première comptait les 28 prévenus suivants : Chavrier, Jean Antoine Coindre, Joseph Damians, François et Louis Dejoux, Desgranges, Nicoles Didelin, Dupoisat (ou Dupoizat), Fabre, Fages (ou Farges), Régis Faure, Gaudenzi, Genet, Genoud, Giraudon (ou Girodon), Gleizal (ou Garnier-Gleizal), Hugonard (ou Hugonnar), Huser, Landau (ou Landeau), César Mathon, Michaud, Jules Morel, Pautet (ou Pautel), Peillon, Péjot, Joseph et Hyacinthe Trenta Hyacinthe et Tressaud.

Cette catégorie était accusée « d’avoir, depuis moins de trois ans, à Lyon ou sur toute autre partie du territoire français, été affiliée ou fait acte d’affiliation à une association internationale ayant pour but de provoquer à la suspension du travail, à l’abolition du droit de propriété, de la famille, de la patrie, de la religion et d’avoir ainsi commis un attentat contre la paix publique ».

Les 38 prévenus de la seconde catégorie étaient : Baguet dit Bayet, Bardoux (ou Bardou, Berlioz-Arthaud), Joseph Bernard, Blonde, Félicien Bonnet, A. Bonthoux, Toussaint Bordat, Boriasse, Jean-Marie Bourdon, Bruyère, Champalle (ou Champal), Chazy, Cottaz, Courtois, Claude Crestin, Antoine Cyvoct, Dard, Ebersold, Étienne Faure Cou-Tordu, Georges Garraud dit Valadier, Émile Gautier (ou Gauthier), Joly, Kropotkine, Liégeon, Pierre Martin, Maurin, Pinoy, Renaud, Ribeyre, Jean Ricard, Sala, Sanlaville, Sourisseau (ou Sourrisseau), Thomas, Viallet, Charles Voisin, Zuida.
À la seconde catégorie était imputé « d’avoir, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, accepté des fonctions de cette association ou d’avoir sciemment concouru à son développement, soit en recevant ou en provoquant à son profit des souscriptions, soit en lui procurant des adhésions collectives ou individuelles, soit enfin en propageant ses doctrines, ses statuts ou ses circulaires » (d’après La Gazette des tribunaux, 10 janvier 1883).

Jacques Peillon, au cours des interrogatoires (en décembre 1882), avait reconnu avoir été le responsable de la souscription qui avait rapportée 31, 50f, souscription destinée à l’achat d’un revolver d’honneur pour le jeune ouvrier au chômage Pierre Fournier qui, le 22 mars 1982, avait tiré à Roanne sur Bréchard, un patron. Le journal Le Droit Social (Lyon) avait alors ouvert une souscription pour acheter un revolver à celui qui imiterait le geste de Fournier. Fin mai, le projet d’attentat aurait été annulé, Peillon ayant révélé le nom de celui qui avait acquis le revolver et qui lui avait été confié par Crestin, le gérant du Droit Social. Le 24 mai Crestin aurait alors proposé l’exclusion de Peillon de la Fédération révolutionnaire comme mouchard. Ces faits furent furet niés par Crestin qui contesta l’interprétation qu’en avait fait Peillon (cf. AD Rhône 2U433).

Prévenu de la première catégorie, J. Peillon fut condamné le 19 janvier 1883 à 15 mois de prison, 200f d’amende et 5 ans d’interdiction des droits civils. En appel à Lyon le 13 mars suivant, la peine fut réduite à un an de prison, 100f d’amende et 5 ans d’interdiction des droits.

S’agit il du Peillon qui, en 1890, avec sa cousine Marie Petelle (voir ce nom), renseignait la police sur les faits et gestes de compagnons lyonnais ?


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