Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

GRAVELLE, Émile, Gabriel, Joseph

Né à Douai (Nord) le 21 novembre 1855 — Dessinateur ; publiciste — Paris 18
Article mis en ligne le 8 octobre 2007
dernière modification le 9 mai 2025

par R.D.

Émile Gravelle, qui habitait 22 rue Norvins (Paris 18) en haut de la butte Montmartre, fut l’un des animateurs dans les années 1890 du courant libertaire naturien au profit duquel il organisa plusieurs conférences. Il aurait séjourné longtemps en Amérique, notamment au Paraguay où il avait cotoyé les Guatanis et avait vu "l’homme, jeté en pleine nature, heureux comme un dieu dans la triomphante splendeur de sa force et de sa beauté" (cf. Gil Blas, 22 septembre 1895).

C’est dans sa mansarde que se réunissait le groupe des Naturiens qui fin 1894 comptait une vingtaine de membres. A cette même époque un propriétaire du Cantal avait mis à sa dispositon un terrain "de huit hectares de de châtaigniers séculaires, des cavernes spacieuses et confortables, une source abondante" où le groupe avait l’intention de fonder une colonie, appelée Naturia : formée de 5 hommes et 5 femmes : un ébéniste, un graveur, un potier d’art, un dessinateur et un mégissier, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants. Selon Le Gaulois (24 février 1895) Gravelle avait "fait confectionner par un mégissier des costumes en peau de mouton et des toques en peau de lapin, dont l’élégance et le confortable ont vaincu les résistances des femmes de la colonie auxquelles le costume des primitifs ne plaisait que médiocrement". En mai le rojet de phalanstère était abandoné.

Le 28 septembre 1895 il avait été l’orateur du banquet du groupe Les Naturiens tenu au restaurant dit A la Tartine, 11 rue Lepic et auquel vaient assité une cinquantaine de personnes. et où Paillot chanta L’État naturel, Renard La Carmagnole et Bigot La Commune.

Il fut l’éditeur avec H. Beylie et H. Zisly de L’État naturel (Paris, 4 numéros de juillet 1894 à février 1898) qui sera le germe du courant naturien, végétarien et végétalien. En 1895 il était avec Bariol et Mombray l’un des responsables du Bulletin des Harmoniens (Paris, février 1895 à janvier 1896). Il collabora également à La Sociale (Paris, 1895-1896) de Pouget, La Débacle Sociale (Ensival-Liège, 10 numéros de janvier à avril 1896) de Jean Bosson et H. Sevron, L’Idée libre d’André Lorulot, Le Naturien (Paris, 4 numéros de mars à juin 1898) édité par Honoré Bigot, La Nouvelle Humanité (Paris, 1895-1898). Il fut aussi le gérant d’un autre bulletin naturien, Le Sauvage (Paris, 2 numéros en novembre 1898 et mars 1899) qui portait en épigraphe « Pour la critique des solennelles âneries et des imposantes fariboles qui étayent la civilisation ».
En 1897 il avait également participé, aux cotés notamment de Jeahan Rictus, Paul Paillette et Spirus Gay, aux activités et fêtes familiales du groupe L’Art Libre à la Maison du peule de la rue Ramey.

L’État Naturel (ill. de Gravelle)

Au moment de l’affaire Dreyfus, Gravelle, qui avait publié quelques articles dans Le Père Peinard, donna quelques dessins à divers titres de la presse satirique mais aussi aux organes antisémites La libre parole et L’anti-juif ce qui lui valut d’être mis à l’écart du groupe des Naturiens.

Vers 1900 il se retira dans le département du Nord et ne revint à Paris qu’en 1906. Il fut alors une courte apparition aux Causeries populaires de Libertad au 22 rue du Chevalier de la Barre (18e), mais cessait rapidement tout militantisme.

En 1904 il fut le signataire avec entre autres Hotz, Zisly, E. Armand, J. Marestan, etc.n d’un Manifeste contre la guerre en Extrême Orient. Puis il collaborait au numéro unique de L’Ordre Naturel (Paris, novembre 1905) publié par Henri Zisly et sous-titré « Clameurs libertaires antiscientifiques » et à « La Vie Naturelle » (Paris, 1907-1914) toujours publié par Zisly. Certaines de ses illustrations ont été reprises dans L’Almanach des Ennemis de l’Autorité pour 1913 publié par A. Lorulot.

Pendant la première guerre mondiale, E. Gravelle a collaboré à Pendant la Mêlée (Paris, 4 numéros du 15 novembre 1915 au 15 janvier 1916) et à Par delà la Mêlée qui lui fit suite.


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