Fils d’ouvriers vivant en union libre au dire de son biographe Albin (op. cit.), Henri Zisly fréquenta sans doute l’école primaire, mais, autodidacte, s’instruisit avant tout par lui-même. À l’âge de dix-sept ans, il fréquentait déjà diverses réunions anarchistes dont celles du groupe L’Harmonie, 69 rue Blanche, et il publia son premier article dans le quotidien socialiste L’Égalité de Jules Rocques (1er numéro : 8 février 1889).
En 1892 il était membre du groupe antipatriote de Saint-Ouen. Pendant quelques années il rédigea un journal manuscrit, Le Paria, 1892-1895 (à la date de décembre 1893, au moins 7 numéros et 3 suppléments littéraires), reproduit à quelques exemplaires (de 5 à 50) et organe du groupe. A cette époque il avait été suspecté d’avoir distribué à Saint-Denis, Saint-Ouen et Clichy, un tract tiré à l’autocopyste donnant la formule pour fabriquer la dynalite et les bombes dites à renversement.
Il avait été inscrit au Fichier Bertillon en janvier 1894 et était alors qualifié « d’employé de commerce ». Le 25 février 1894 il avait été arrêté pour « association de malfaiteurs » dans le cadre du procès des trente. Lors de la perquisition à son domicile, la police avait saisi un lot de journaux libertaires. La police précisait qu’il « se disait hostile à la propagande par le fait ».
Le 24 mai 1894 il avait été ajourné puis, en mai 1895, classé dans le service auxiliaire.
A l’automne 1894 il demeurait chez sa mère Stéphanie Désirée Zisly, 85 rue Ordener et était employé par la Grande Maison de Blanc (Boulevard des Capucines) pour la pose des stores de réclame et des coussins dans les trains de la ligne du Nord.
Début février 1896, il avait représenté le groupe des Naturiens lors de l’hommage organisé sur la tombe de Vaillant au cimetière d’Ivry où, selon la police, il en avait profité pour « distribuer quelques numéros restant du journal La Débacle sociale”.
Il fit ensuite paraître avec Beylie, de 1895 à 1898, La Nouvelle Humanité, autographiée, 20 numéros, avec Gravelle L’État naturel, 1894-1898.
À plusieurs reprises, il écrivit dans L’anarchie des articles sur le naturisme et le végétarisme, dès la première année de parution. et responsable du journal Le Sauvage, deux numéros fin 1898.
En 1899 il était signalé dans les réunions du groupe Les Iconoclastes de Janvion et collaborait à L’Homme libre. Il avait été maintenu sur la liste des anarchistes du département de la Seine lors de la révision de 1900-1901.
En 1902 il avait donné son adhésion à la Société communiste pour la création et le dévelopement d’un milieu libre en France, fondé par G. Butaud.
A l’automne 1903, lors de l’enquête lancée dans Le Libertaire par Jean Marestan sur “la décadence de l’anarchie”, il avait notamment répondu : « La situation actuelle de l’anarchie est celle ci : ce n’est plus l’anarchisme primitif, c’est le parti (ce mot est meut être quelque peu osé) Socialiste Libertaire. Pour moi, son œuvre serait plutôt mauvaise, puisque pour gagner des adhérents, il est obligé à des concessions, car si ce parti est assez fort numériquement, comme mentalité il est faible et en raison de cette mentalité même, je lui garantis un certain succès parce que plus les idées ont chance de gagner les masses actuelles, plus elles sont en voie de réalisation. C’est l’histoire des majorités. Pourtant, à choisir, je préfère les Social-libertaires à n’importe quel parti politique » (cf. Le Libertaire, 18 décembre 1903).
En même temps il collaborait, sous son nom ou les pseudonymes de Dennerhac, Arzelbes, aux journaux anarchistes les plus variés : L’anarchie (Paris, 1908) où il dénonçait notamment la tauromachie, L’Insurgé (Limoges, 1910), Le Réveil artésien (Arras, 1910), Le Grand Soir (Arras, 1911), La Vie anarchiste (Reims 1911-1914), Les Réfractaires (1914), Le Réveil de l’esclave (1922), Ce qu’il faut dire, Pendant la Mêlée et Par-delà la Mêlée (1915-1917), Terre libre (Marseille, 1923), Le Semeur (1927-1936), La Revue sociale (1927), L’Éveil social (1932), La Voix libertaire (1929-1939), La Raison (1932), Terre libre (organe de la Fédération anarchiste française, 1938).
En 1904 il aurait travaillé comme ouvrier tapissier et était alors domicilié 14 rue Jean Robert, avant de travailler de nouveau aux chemins de fer du Nord.
Il fut l’administrateur de La Vie naturelle (Paris, avril 1907 à décembre 1913-janvier 1914, 78 numéros) qui fut suspendu en mars 1914 et dint une seconde série devait paraître en octobre 1920 et messidor 1927 (2 numéros).
Il était, au moins depuis 1910, inscrit au Carnet B.
En 1913 il était notamment membre du groupe Les réfractaires fondé par E. Armand et Jacob et était également le secrétaire du groupe Les Naturiens égalitaires dont faisaient aussi partie E. Armand et Bonnery.
Rappelé par décret présidentiel du 1er août 1914, il avait été main tenu dans le service auxiliaire.
Le 21 février 1915 Zisly, qui demeurait alors 7 rue Jean Robert (XVIIIe arr), participa à la réunion tenue chez Bonnery à Montrouge, à l’initiative d’E. Armand à laquelle assistèrent une vingtaine de compagnons, dont Mauricius et sa compagne, Georges Gillet, Favier et Émile Renaud, pour renouer les contacts et discuter de l’attitude à adopter face à la guerre.
Le 8 mars 1915 il avait été l’objet d’une perquisition, suite à l’arrestation à Saint-Raphael de Léon Prouvost, auteur du tract contre la guerre On nous ment ! On nous trompe !, et chez qui avaient été trouvées des lettres de Zisly.
Le 19 mars 1915 il était révoqué de son poste de cheminot — manœuvre à la sellerie des wagons-lits — sur le réseau nord — où il s’était embauché le 27 août 1897) pour avoir publié l’article antipatriotique Pas d’équivoque dans La Bataille syndicaliste du 4 janvier : « Je demeure, écrivait-il, ce que j’ai toujours été depuis vingt-cinq années, c’est-à-dire un internationaliste, un antipatriote, et je le précise, afin qu’à cet égard il n’y ait aucune équivoque. ». Il fut condamné à huit jours de prison qu’il fit à la caserne de Reuilly. Il réussit ensuite à parir d’août 1925 à travailler comme lampiste à la Compagnie des chemins de fer de Ceinture mais, ayant été refusé à la visite médicale, il ne put se faire réintégrer en 1919 à la Compagnie du Nord comme il le demandait.
Lors de cette affaire il avait recçu une nouvelle affectation — le 7 avril 11915 au 76e Régiment territorial d’infanterie à Vitré —, n’avait pu s’y tendre étant alors en prison, puis avait été finalement renvoyé dans ses foyers le 17 avril 1915 après avoir été réformé pour “faiblesse” par la Commission spéciale de réforme de Vitré puis le 15 décembre 1915 il avait été affecté spécial à la 4esection des chemins de fer de campagne où il se trouvait toujours en février 1918 (?). Toutefois au printemps 1916 il était à Paris et correspondait avec Alexander Berkman qui de New York lui envoyait le journal The Blast (San Francisco) « qu’il faisait circuler parmi ses camatades ».
Les 2-4 décembre 1922 il avait participé à titre individuel au 3e congrès de l’Union anarchiste (UA) tenu à la Maison du peuple de Levallois (voir Haussard). Cette même année 1922 il avait été rayé du Carnet B du département de la Seine.
En 1927 il donna plusieurs causeries pour le Groupe anarchiste autonome du XXème arrondissement.
Dans les années 1930 il collabora notamment à La Voix libertaire (Limoges), l’organe de l’Association des Fédéralistes anarchistes (AFA) de Sébastien Faure et était le responsable de la rubrique « Parmi les peuples » de La Raison (Rouen, 1933-1936) organe de la Fédération anarchiste de Normandie.
Au début des années 1930 il était membre du Comité de défense sociale dont les responsables étaient Felix Beaulieu Beylie (secrétaire) et Gaston Rolland (trésorier) et qui se réunissait chaque semaine au restaurant coopératif La Solidarité, 15 rue de Meaux. Il vivait à cette époque avec la veuve Lucie Galopin au 6 rue de la Mare.
Il participa à la Fédération anarchiste de langue française créée les 15 et 16 août 1936 au congrès de Toulouse. La FAF était administrée par un comité de relations où se trouvaient les représentants des groupes. Zisly participait régulièrement à ses travaux. Il tenait scrupuleusement le registre des procès verbaux. En 1935 il demeurait 5 rue de la Mare (XXe) et figurait sur un état des anarchistes de Paris et région parisienne.
En janvier 1945, il souscrivait encore 40 f pour le lancement de Ce qu’il faut dire. En tout temps enfin, et dès avant la Première Guerre mondiale, Zisly collabora au Libertaire. L’idéal de vie qu’Henri Zisly défendit sa vie durant fut le « naturisme libertaire » qu’il définissait lui-même (cf. La Vie naturelle n° 3) : « La conception de cette idée qu’il faut que l’individu, pour être réellement libre et indépendant, suffise lui-même à ses besoins. Et l’expérience démontre incontestablement que l’on peut soi-même se suffire en se limitant aux seuls besoins naturels. » Il disait encore en 1901 dans Rapport sur le mouvement naturien (cf. p. 5) : « Les Naturiens veulent l’abandon de la civilisation et le retour à une vie plus naturelle. Retourner à l’état naturel n’est pas aller en arrière, au contraire, c’est aller en avant, puisque c’est la marche vers le Bonheur. »
Trente ans plus tard, il manifestait quelque scepticisme « Si nous ne sommes pas capables de réaliser un semblable idéal, écrivait-il, eh bien ! conservons donc la République bourgeoise et nos maigres libertés » (La Voix libertaire, 7 mai 1932).
Zisly soutint cette thèse sans approfondissement ni variantes sa vie durant en de multiples articles qu’il collectionnait avec soin, de même que tout ce qu’on pouvait écrire à son sujet. « Notre Naturien collectionne et conserve avec un soin jaloux tout ce qui touche à son individualité ou à son œuvre. Il fait même plus fort : il publie en fascicules les opinions des critiques à son égard — hommage et coups de trique — avec une tranquillité déconcertante » (Albin, Croquis brefs, op. cit.).
Aussi retrouve-t-on ici et là des collections reliées à lettres dorées de ses œuvres avec pochettes renfermant lettres reçues qu’accompagnent manuscrits ou textes imprimés. Il existe de ces ouvrages à l’Institut international d’Amsterdam, à l’Institut français d’Histoire sociale et au Centre d’Histoire du syndicalisme de l’Université de Paris.
Il avait épousé en août 1908 Lucie Dusolon après avoir vécu en union libre avec elle pendant dix ans. Sa compagne exerçait le métier de modiste et, de mars 1917 à octobre 1919, elle fut secrétaire d’état-major. Elle mourut à 61 ans, le 1er octobre 1926.
Œuvre (liste sans doute non exhaustive) : En Conquête de l’état naturel, Paris, 1899, 12 p. — Voyage au beau pays de Naturie, Paris, 1900, 32 p. — Rapport sur le mouvement naturien…, chez l’auteur, 1901, 8 p. — Réflexions sur le naturel et l’artificiel, chez l’auteur, 1901, 8 p. — Libres critiques sur la science et la nature, 1902, 8 p., 2e fascicule, 1910, 16 p. — Contes et croquis, Paris, 1904, 32 p. — Écrits antimortuaires, 1911, 4 p. — Le Progrès, 1912, 4 p. — La Conception du naturisme libertaire, chez l’auteur, 1920, 24 p. — Naturisme pratique dans la civilisation, Paris, 1928, 12 p. — Panoramas célestes, Paris, 1929, 12 p.
Douze volumes reliés comprenant articles et brochures publiés de 1892 à 1920, se trouvent à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam ; deux volumes de même nature se trouvent à l’Institut français d’Histoire sociale. deux autres au Centre d’Histoire du Syndicalisme de l’Université de Paris.
En collaboration avec H. Beylie, La conception libertaire naturienne, chez l’auteur, 1901, 16 p.
Zisly édita à ses frais quelques plaquettes et par exemple La Vérité sur les anarchistes d’A. Loriot, 1913, 16 p. Zisly avait collaboré également à l’Encyclopédie anarchiste de S. Faure.