Fils d’un employé de commerce, Fernand Fortin était en 1924 le fondateur du Groupe d’études sociales de Loches (Indre-et-Loire) où il demeurait 1 rue de la république et avait pour compagne à partir de 1925 Georgette Kokoczinski.
Le 12 octobre 1924, il avait participé à titre individuel, au congrès de la Fédération anarchiste du Centre tenu à Foëcy chez le compagnon Grandjean (voir ce nom).
A cette même époque, il collaborait à L’Insurgé (Paris, 1925-1926) d’André Colomer. Monté à Paris où il demeura 11 rue Jules Lemaitre, il fut l’un des animateurs des Jeunesses anarchistes autonomes fondée en septembre 1926 par Louis Louvet et Simone Larcher et il fut admis au syndicat des correcteurs en juin 1928.
Au printemps 1928, il fut condamné à une peine de prison et une amende pour s’être élevé contre “la contrainte par corps” dont était victime un jeune camarade de 20 ans. Il collaborait à cette époque à l’organe individualiste L’En dehors d’E. Armand. Il anima La Revue anarchiste, tribune de libre discussion, qui n’était liée à aucune organisation et à laquelle participèrent de nombreux individualistes. La revue parut de décembre 1929 à juin 1936 et compta vingt-cinq numéros et un supplément intitulé Choses d’Espagne (19 août 1936). Il eut, au titre de collaborateur ou de gérant de cette publication, à subir plusieurs condamnations : le 5 juillet 1935, six mois de prison et 200 F d’amende infligés par la 14e Chambre correctionnelle ; deux mois de prison et 200 F d’amende suivis d’une nouvelle condamnation à deux ans de prison et 1 000 F d’amende (d’après La Voix libertaire, 6 juin 1936) ; le 20 juillet 1936, pour avoir reproduit dans La Revue anarchiste des fragments du Manuel du Soldat d’Yvetot, il se vit infliger trois mois de prison et 100 F d’amende ; il s’agissait d’une opposition à un premier jugement, qui valut à Fortin une aggravation de peine (d’après Le Libertaire du 24 juillet 1936).
Dans les années 1930 il demeurait 11 rue Jules Lemaitre à paris 12e et figurait sur la liste de vérifications de domiciles d’anarchistes.
Il intervint le 10 août 1935 au cours de la Conférence nationale contre la guerre, suite à la déclaration Staline-Laval et qui se tint à Saint-Denis (voir Louzon).
Volontaire en Espagne, lors de la guerre civile, il fut membre de la section française de la CNT à Barcelone. Il collaborait alors à l’édition française du Bulletin d’information CNT-AIT-FAI (Barcelone, au moins 50 numéros d’août 1936 à janvier 1938) publié par le Comité régional catalan de la CNT. Dans le numéro 19 de ce bulletin il lança un mot d’ordre de « discipline intégrale »” qui fut fortement critiqué par certains compagnons dont Hem Day (cf. « Bulletin édité par le groupe international des jeunesses anarchistes, Barcelone, n°2, 14 avril 1937). Le 9 mars 1937, il était intervenu lors d’une réunion des miliciens et du groupe international où, au nom de la section française il leur avait demande de choisir entre « accepter la militarisation ou quitter l’Espagne ». Pendant son séjour à Barcelone, F. Fortin a également participé aux émissions réalisées par Radio CNT-FAI ECN1 qui émettait quotidiennement de 22h à 22h30 et où il avait toujours défendu les positions des structures officielles du mouvement libertaire espagnol.
La Voix libertaire, dans son numéro du 21 novembre 1936, signala la mort, survenue le 17 octobre, de Georgette Kokoczinski Mimosa, infirmière, « ancienne compagne de Fortin et vendeuse habituelle de la Revue anarchiste”. Arrivée en Espagne en septembre, elle fut infirmière dans le groupe international de la colonne Durruti et fut assassinée par les troupes franquistes à Perdiguerra, après un combat au cours duquel périrent Berthoumieu, Boudoux et quelques autres.
Fortin resta jusuq’au dernier moment à son poste de responsable à la propagande extérieure et ne passa en France qu’à « L’ultime minute en compagnie des derniers représentants de la section de défense du Comité national de la CNT-FAI » ce qui lui valut, bien que français, d’être interné au camp d’Argelès : “…On peut imaginer ce qu’est cette plage, la nuit et dans le froid. Tous confondus. Soldats, officiers, policiers espagnols, paysans, ouvriers, bourgeois, libéraux, militants, représentants officiels, anciens fonctionnaires, membres des comités régional et national de la CNT et des comités supérieurs des divers secteurs antifascistes. Sans aucun abri contre le froid… Pour ne pas crever, une unique ressource : faire du feu. Et, devisant autour, attendre le jour, le soleil. Le soleil qui permettra enfin — si gardes ou sénégalais ne s’y opposent — de reposer un peu. De la nourriture, mieux vaut de point parler. Telle était, en réalité l’hospitalité française »(cf. F. Fortin in SIA, n° 15, 23 février 1939)
De retour en France, il fut secrétaire de la Fédération de locataires.
En 1941 F. Fortin était membre du comité syndical des correcteurs. Henri Bouyé laissa entendre, que pendant la seconde guerre mondiale, Fortin aurait appuyé la collaboration, déclarant dans un témoignage “… Fortin que je connaissais bien, ne voyait dans l’antifascisme d’alors qu’un instrument du communisme international. Il a mal tourné. », cette insinuation est totalement fausse.
Fortin s’était marié le 19 juillet 1930 à Gennevilliers avec Léa Feldmann et le 27 décembre 1951 à Paris XXe arr. avec Aurore Prats.
Après guerre, le nom de F. Fortin apparaissait régulièrement dans les listes de souscripteurs au Libertaire. Son adresse, 54 boulevard de Belleville (Paris 20) figurait toujours en 1948 sur les listes de domiciles d’anarchistes à surveiller.
Ferdinand Fortin est décédé en septembre 1988 à l’hôpital de Charenton-le-Pont. Incinéré au Père Lachaise, ses cendres ont été dispersées au Jardin du Souvenir.